C’est l’histoire d’une sculpture. De son déplacement prévu. Mais aussi de sa disparition soudaine. Sans prévenance pour ceux qui en sont et en restent les dépositaires, créatif, associatifs, gardiens de la mémoire, acteurs d’un combat politique. L’effacement brutal d’une œuvre-témoin dans l’espace public. Sans un mot.
C’est l’histoire d’une sculpture dont le déplacement prévu, acté dans son principe – quoi qu’on en pense – commandait a minima que son créateur soit prévenu pour être présent le jour dit.
Il n’en a rien été.
C’est l’histoire d’une sculpture qui a été déposée sans qu’une ligne d’information ne paraisse dans le magazine municipal, le site de la ville, le Facebook de la ville, sans un communiqué.
C’est l’histoire d’une sculpture déplacée en catimini. Sans aucune explication pour celles et ceux qui cherchent en vain sur le lieu même de sa disparition, quelques lignes, un mot rassurant.
Rien. Une béance. Comme si rien n’avait été là dans ce lieu. Investi. Célébré. Commémoré.
C’est l’histoire d’une sculpture qui n’est pas qu’une sculpture. Qui en soi demande déjà le respect. Pour ce qu’elle est. Pour celui qui lui a donné vie comme œuvre de l’esprit.
Plus qu’une sculpture et c’est en cela que sa disparition, dans les circonstances énoncées, est une violence redoublée.
Une décision hâtive. Un empressement à faire. Une ligne de moins sur la to-do list de la journée au cabinet du maire ? Sans aucun doute. On peut même craindre que les élus en charge des délégations afférentes – culture, mémoire – n’ont été informés.
Reste la stupéfaction des Dionysiens. Le choc pour beaucoup. L’incompréhension de tous. Et la grande tristesse d’un artiste. Celle de Nicolas Cesbron.
Le 23 mai, autour de la sculpture, réinstallée selon nos informations place Robert de Cotte, la cérémonie en hommage aux victimes de l’esclavage aura un goût étrange.
Un goût amer, conséquence d’un comportement cavalier – un de plus – maladresse, avanie, outrage, dont tous les Dionysiens auraient du être préservés.