Notre lieu d’habitation est actuellement occupé, entre autre, par des personnes vulnérables, des familles avec des enfants scolarisés dans la même commune et à Saint-Denis. Les lots voisins sont également occupés par une soixantaine d’autres personnes très précaires y compris une dizaine de familles avec des enfants, également scolarisés sur l’île-saint-Denis.
Le Malvassé, en plus d’être un lieu d’habitation, est aussi un lieu d’organisation, de solidarité et de rencontre. Depuis que nous occupons le bâtiment, nous avons notamment mis en place dans le quartier des distributions régulières et gratuites de denrées alimentaires et des permanences juridiques et administratives. Nous avons également accueilli temporairement, palliant à la saturation des dispositifs institutionnels d’hébergement d’urgence, des personnes fuyant la guerre, des personnes LGBTQ+ en parcours migratoire et des familles avec des enfants. Ce lieu d’habitation, d’entraide et de solidarité, est un espace qui permet à de nombreuses personnes subissant de plein fouet la crise économique, sociale et politique, de ne pas céder au désespoir face aux déboires administratifs, à la pénurie de logement, de travail.
Après plusieurs tentatives d’expulsions illégales et un arrêté de péril pris par la mairie début novembre, le tribunal confirme aujourd’hui cet acharnement politique par une décision d’expulsion qui était par ailleurs annoncée depuis plus d’une semaine dans le journal municipal. Cette expulsion sans délai et sans trêve hivernale en plein mois de décembre est un exemple parmi tant d’autres des conséquences du "nettoyage" des "quartiers" du Village Olympique qui sévit en Ile-de-France. Elle s’inscrit également dans la continuité des politiques de gentrification que subissent les habitant-es des quartiers populaires depuis de nombreuses années. La ville de l’Ile-Saint-Denis n’échappe pas à cette règle.
En lieu et place d’un bâtiment occupé par des personnes précaires et vulnérables, exclues des structures d’hébergement et du système de droit commun, le propriétaire souhaite « la création de locaux d’activités à destination d’artistes, de professions libérales, d’artisans ou de petites entreprises ». Similairement, pour des raisons sécuritaires et dans l’idée d’étendre un « écoquartier » voué à devenir vitrine du tourisme mondial pendant les J.O, les tours du quartier "Marcel Paul" vont être vidées de leurs habitant.e.s, sans garantie de relogement sociaux adaptées à leurs besoins.
Ces processus de ségrégation urbaine et l’arsenal juridique répressif outillé par la loi Kasbarian, accélère l’exclusion et la criminalisation des mal logé.es, locataires précaires ou squatteur.euses.
Nous alertons les autorités concernées sur l’irresponsabilité d’une expulsion en plein hiver. Cette mise à la rue brutale constituerait un péril imminent pour la sécurité, la santé et l’intégrité des personnes habitantes.
Nous exigeons de la part de la Commune de l’île Saint-Denis, la Préfecture de Seine-Saint-Denis, et du propriétaire des bâtiments :
– Le maintien des habitant·es du Malvassé et des familles voisines dans leurs lieux
d’habitation pendant la durée de la trêve hivernale
– Des solutions de relogement adaptées pour tous·tes les habitant·es, et notamment celles et ceux qui sont en situation d’extrême vulnérabilité et de précarité
Les habitant-es du Malvassé