Précédemment une autre conseillère municipale, Sofia Boutrih avait du elle aussi insister pour pouvoir terminer son intervention, le maire l’interrompant à plusieurs reprises.
Christophe Durieux, pourtant inscrit lors du débat sur le budget participatif n’a pu s’exprimer, le maire faisant voter la délibération immédiatement après avoir coupé le micro à Sophie Rigard.
L’opposition a demandé une suspension de séance puis a quitté le conseil municipal ne pouvant s’exprimer librement. Le Préfet sera saisi de cette affaire.
Intervention sur la démocratie
Extrait du rapport que vous présentez : “La nouvelle municipalité a souhaité en 2020 renouveler le pacte démocratique avec les habitante.e.s en mettant en place une politique de participation ambitieuse et tournée sur la capacité à agir”
Traduction : un citoyen est utile quand il agit, quand il propose des projets et quand il les met en oeuvre. Pas quand il veut pouvoir donner son avis !
C’est aussi, en substance, ce que vous disiez lors d’un débat organisé par feu le JSD dans l’entre deux tours : “je veux donner du pouvoir d’agir plutôt que du pouvoir de commenter les politiques publiques”. Intéressant, cette manière d’opposer les deux et de limiter la démocratie locale au fait de “commenter les politiques publiques”. Les habitants ne veulent pas “commenter les politiques publiques”, ils veulent pouvoir être concertés et que leurs avis soient entendus et pris en compte. Ils veulent être respectés dans leur expertise qu’ils ont de la ville. Ils sont, à juste titre, en colère quand des décisions prises n’étaient pas dans le “deal de départ”, le programme électoral.
Ainsi, la “politique de participation ambitieuse” que vous avez porté sur ce mandat, que dis-je, le “pacte démocratique renouvelé” de votre majorité avec les habitants c’est donc : le budget participatif. Un dispositif qui existe en France déjà depuis 10 ans et surtout, qui préexistait à votre élection. C’est dire l’imagination, l’audace même, de votre mandat en matière de démocratie.
Comme le chapitre “démocratie locale” de votre programme se résumait au budget participatif, il a fallu donner l’impression que vous mettiez un peu le paquet ! Alors vous avez annoncé que ce budget participatif serait multiplié par 5 par rapport à l’ancienne majorité ! Vous avez dû imaginer que les citoyens n’iraient pas regarder dans le détail (et non, pour vous les citoyens ils sont dans l’action, pas la réflexion, la réflexion c’est vous !).
Sauf que 1 million tous les 3 ans, sur 6 ans, ça fait 300 000 par an soit l’équivalent du budget participatif sous l’ancienne majorité. C’est donc un beau mensonge, un énième mensonge.
Ah non, le budget participatif n’était pas l’unique proposition de votre programme ! Vous vouliez créé un atelier citoyen, qui avait vocation à (je vous cite) “fédérer les conseils citoyens de quartier mais aussi à s’impliquer, à décider, à donner du pouvoir”. Cet atelier citoyen devait être composé de conseillers citoyens tirés au sort pour une période de 2 ans. Formidable : vous vouliez donc donner du pouvoir de décision aux citoyens !!
C’est pour cela qu’on en a jamais vu la couleur. Vous vous êtes ravisé ! RIP l’atelier citoyen, en même temps, donner du pouvoir de décision aux citoyens, c’était tellement avant-gardiste !
D’ailleurs ! La ville était censée être accompagnée par l’association Démocratie ouverte moyennant une subvention de 67 000 euros pour refondre la politique de démocratie locale. Une délibération avait été présentée en octobre 2021. Idem, on en a plus jamais entendu parlé ! est ce qu’ils sont toujours là Démocratie Ouverte ? ou est ce qu’ils ont compris la mascarade et ont fini par renoncer à être les cautions de la farce ? Les dindons étant, pour vous, les citoyens.
De toute façon vous n’aviez strictement aucune idée de à quoi pouvait bien servir cet atelier citoyen. Je vous cite encore, pendant le débat d’entre deux tours.
Le journaliste remarque que votre programme en matière de démocratie locale n’est pas très étoffé (c’est le cas de le dire) et vous demande comment vous comptez associer les habitants tout au long du mandat pour ne pas que la démocratie se résume à aller mettre un bulletin de vote dans l’urne une fois tous les 6 ans.
Votre réponse est magistrale : vous commencez par “c’est une très bonne question” (ce qui, généralement, quand on commence comme ça, n’augure rien de bon) et effectivement, on est pas déçus du voyage puisque vous dites : “ il faut se demander qu’est-ce qu’on demande aux citoyens dans cet entre-deux électoral qui dure 6 ans”.
La colle. qu’est-ce qu’on peut bien demander aux citoyens…
Les habitants, largement en colère, ont une petite idée sur la question a priori.
Au pif : sur des projets qui n’étaient pas dans le programme électoral ? La suppression des bus en centre-ville, la fusion avec Pierrefitte, le déplacement du marché, la suppression des ludothèques, de l’antenne jeunesse du centre-ville, de la maison des parents… etc.
De quoi contraster, dans ce débat, avec ce que portait notre liste : le référendum d’initiative populaire ! Des assemblées citoyennes de consensus et notamment une convention citoyenne sur le climat, des réunions mensuelles dans les quartiers et plus de moyens pour la vie des quartiers !
Ce qui est notable c’est que vous étiez bien plus démocrate lorsque vous étiez en campagne électorale ! Démocrate en campagne, et après ? après ? rien. Moi je. moi je sais. moi je vais vous expliquer. parce que si vous êtes contre mon projet c’est parce que vous n’avez pas bien compris à quel point il est génial. moi élu, moi je décide.
Dans ce fameux débat de l’entre deux tour, vous disiez ne pas exclure d’utiliser le référendum d’initiative locale et vous considériez que monsieur Fourcade avait eu tout-à-fait raison d’organiser un référendum sur l’armement de la police municipale car ça n’était pas dans son programme et qu’il n’y avait donc pas eu de jugement des électeurs dessus. “dans ce cas de figure, je peux être favorable à un référendum” disiez-vous.
Vous étiez plus de gauche aussi, pendant la campagne électorale.. vous disiez que vous ne vouliez pas privatiser les crèches, que vous ne vouliez pas augmenter les loyers à PCH…enfin c’est un autre sujet, quoique.
Voilà les mensonges, les retournements de veste, les promesses non tenues, les décisions unilatérales.
Le bilan démocratique de de votre mandat porte un nom, celui de la régression. Et c’est sans précédent.
plusieurs pétitions rassemblant 5000 signatures contre la suppression des arrêts de bus : ignorées avec mépris
vous avez même menti aux habitants en disant aux habitants que ça ne serait que le temps des travaux pour leur annoncer le caractère définitif 3 semaines avant la suppression
anru basilique : aucune concertation, avis des habitants balayés, privatisation de la dalle contre l’avis des locataires, un recours au tribunal a été déposé. vous n’avez même pas respecté les règles du NPNRU en matière de concertation et de moyens dédiés, pas de maison des projets.
Vous avez fait crever les conseils citoyens à force de les ignorer
La vie des quartiers est réduite à de la gestion des nuisances urbaines
voilà votre bilan, voilà à quoi ressemble le “renouveau du pacte démocratique avec les habitants”.
sous le précédent mandat, en plus des 200 000 annuels sur de l’investissement, le budget participatif comprenait une enveloppe de 100 000 euros pour financer des projets de lien social : les gens proposaient par exemple un repas ou une fête de quartier, quelque chose de modeste mais qui faisait vivre le lien social dans les quartiers. ça n’existe plus ! et c’est pourtant ce qui contribue à faire cette ville !
Votre budget participatif est verrouillé, techno, 2 dispositifs sur 6 ans, que des gros projets, que de l’investissement. Aucune souplesse pour soutenir des projets plus modestes et des projets sur de l’immatériel comme le lien social. A un moment où nous en avons particulièrement besoin.
La question de la jeunesse et de son avenir devrait être au cœur de ce budget participatif ! pour que des jeunes puissent monter des projets ensemble en interquartier, partir en vacances, se créer des souvenirs. Mais non, vous choisissez d’orienter ce BP sur la commune nouvelle.. quel décalage.. quelle déconnexion..
Je dois le dire, j’ai été frappée par la tonalité de votre discours ce soir suite aux évènements qui ont bouleversé la ville. Je vous avais manifestement surestimé. Je pensais honnêtement que vous présenteriez un plan complet, des actions, quelque chose. Rien. Aucune analyse, un CLSPDR au printemps et des paroles, toujours des paroles : vous aurez de l’ambition pour la jeunesse. Les actes ? il faudra repasser plus tard. Et sur la tonalité : de l’autosatisfaction. Vous avez parlé de « réaction exemplaire », tout ce qui faut faire, vous le faites déjà, rien à redire. 2 jeunes sont morts et vous ne jugez pas nécessaire d’interroger un minimum vos politiques ? Franchement, ça n’est pas très sérieux.
La commune, c’est le terreau de la démocratie,…
C’est à ce moment que la parole a été coupée à la conseillère municipale. Le Maire faisant voter la délibération. Christophe Durieux, conseiller municipal s’était inscrit précédemment, il ne pourra s’exprimer.
c’est à cette échelle que le maire et les élus peuvent jouir d’un lien privilégié avec les habitants. Nous avons toutes les raisons de chérir cette proximité. Les élus c’est vous, c’est moi, c’est des gens qui, normalement, habitent la ville, fréquentent les mêmes commerces.
Ce que vous faites avec la fusion est en fait révélateur de votre rapport à la population depuis 4 ans : inexistant. Vous n’écoutez pas, vous managez, vous surplombez. plus de réunion dans les quartiers, plus aucun lieu où les habitants peuvent exprimer leur avis et être entendus.
2 exemples récents sont emblématiques :
La matinée “prévention et écoute” (organisée donc suite aux évènements) à la Plaine samedi 27 janvier : l’élu de quartier est resté 30 min ! aucun élu pour répondre aux habitants mais surtout pour écouter ce qu’ils ont à dire ! des parents se sont exprimés, des jeunes se sont exprimés, ce qu’ils avaient à dire était d’une incroyable richesse (sur l’école, la jeunesse, la vie associative..) ! vous avez laissé l’administration gérer seule cette réunion. Les habitants sont repartis avec un sentiment amère : on nous propose des réunions pour échanger et après ? est ce que notre parole est prise en compte ? est ce qu’il y aura des suites ? est ce que la mairie peut nous aider à monter des projets ?
Si vous étiez venus écoutés les gens, vous auriez compris le besoin d’adapter le budget participatif !
la “réunion” samedi après-midi dernier à l’hôtel de ville sur la fusion avec Pierrefitte : discours des deux maires, aucune possibilité laissée aux habitants d’exprimer leur avis sur la fusion. Aucune. Les habitants étaient invités à “poser leurs questions” à des ambassadeurs du projet…
vous n’avez pas seulement contribué à ce qu’il n’y ait plus aucun processus démocratique sur la ville vous avez tout fait pour verrouiller, dès que vous le pouviez, l’expression des habitants.
Selon une enquête Opinion Way de septembre 2023 : 82% des enquêtés estiment que les responsables politiques ne se préoccupent pas ou peu de ce que pensent les gens comme eux. 64% considèrent qu’en France la démocratie ne fonctionne pas bien. 68% des enquêtés sont d’accord avec l’idée que la démocratie fonctionnerait mieux en France si les citoyens étaient associés de manière directe à toute les grandes décisions politiques.
Vous dites : “oui mais il y a la démocratie représentative ! j’ai été élu !”, comme si cette démocratie participative n’était pas malade, à bout de souffle. Comme si vous n’aviez pas été élu avec 30% du corps électoral, comme si les gilets jaunes n’étaient pas passé par là, comme si nous n’avions pas déjà Macron et les 49.3. Vos méthodes étouffent le peu de crédibilité qu’il reste à la démocratie représentative. Vous êtes copieusement hués lors de vos discours en public. Voilà la réalité de l’exercice de votre pouvoir. Dans quelle bulle vivez-vous ? Dans quelle fiction ça se termine bien quand on méprise à ce point les habitants ?
L’exaspération des habitants est grande. Ils se sentent réduits à l’état de consommateurs, ils se sentent dépossédés des affaires de leur ville, du destin de leur ville. Leur soif d’être maître de leur destin est immense. Et ça n’est pas le budget participatif qui rassasiera cette soif, c’est une nouvelle équipe en 2026. Il est plus que temps.