L’affiche ci-dessus a été placardée en début de semaine. Elle a été suivi de plusieurs autres qui ont tapissé sa devanture mais cette fois -ci à l’intérieur de son commerce, la première ayant été arrachée, selon plusieurs témoins qui l’ont rapporté au propriétaire, lors de passage de la police municipale rue de la Charonnerie.
Nous avons eu un échange téléphonique puis rencontré, l’exploitant de ce commerce, Driss Khellafi qui nous a raconté ce qui l’a conduit à fermer son commerce et à porter ces accusations.
Tout commence, samedi 25 mai, aux alentours de 23h quand, allant s’attabler avec deux amis, devant son commerce, après une longue journée dédiée à son activité commerciale, une voiture de la police municipale emprunte la rue de la Charonnerie en direction du théâtre Gérard Philippe, puis se gare, plus loin. Du véhicule sortent plusieurs policiers municipaux, dont une policière municipale qui, on le verra plus tard, semble diriger l’équipage, et une personne vêtue de noir munie d’une caméra. Il filme.
Arrêtons nous un instant pour préciser que ce même samedi 25, dans l’après-midi, plusieurs policiers municipaux, précédés du directeur de la police municipale, ont arpenté, en centre-ville, les abords des terrasses des cafés, entre "Le Soleil d’or" et "Les Arts", avec une personne munie d’une caméra semblant filmer leur déambulation.
Pourquoi ce dispositif ? L’explication est fournie directement par le directeur de la police municipale ci-dessous (capture d’écran récente) qu’on peut trouver aisément sur internet. Il s’agit de communiquer sur les interventions de la police municipale, « découvrir leur quotidien », « à travers une véritable immersion avec les équipes ».
Ce soir là, Monsieur Driss Khellafi de l’Atelier du Saumon et ses clients en a fait l’amère expérience et sa « découverte du quotidien » de la police municipale l’a conduit, indigné et révolté de ce qu’il a subi, à déposer plainte mercredi 29 mai.
Que s’est-il donc passé le 25 mai à 23 h, rue de la Charonnerie ?
On retiendra déjà le témoignage adressé au Blog de Saint-Denis d’un client témoin, que nous appellerons Jean-Jacques (le prénom a été modifié), qui ce soir là dinait à l’Atelier du Saumon.
Nous le publions intégralement.
« Samedi 25 mai, 23h je suis attablé avec un ami à l’atelier du saumon quand une voiture de la police municipale remonte la rue de la Charonnerie en direction du théâtre Gérard Philipe. À côté de nous, le gérant, Driss Khellafi, assis à une table, allait commencer à dîner. Un peu plus loin, 4 personnes attablées terminent leur café silencieusement. L’ambiance dans la rue piétonne est calme à ce moment là.
La voiture de police s’arrête à hauteur du café du théâtre. Des policiers en descendent et interviennent pour faire rentrer une table en terrasse car le propriétaire ne semble pas avoir d’autorisation.
Puis, un policier s’approche de nous et nous nous saluons, avant qu’il ne nous demande si l’autre table est à nous. Le gérant répond oui, avant de se lever et de dire : « Ne nous filmez pas s’il vous plaît ! » En effet dos à moi, une personne vêtue de noir est sortie de la voiture avec une énorme caméra et est en train de filmer en plan large dans notre direction. Nous prenons peur mais nous ne disons rien. En revanche les trois autres policiers s’énervent avec le gérant, Mr Kellafi, et le ton monte très, très vite : « On filme si on veut ! », « Montrez votre k bis ! Votre pièce d’identité ! », « On va vous fermer votre établissement ! »
A ce moment là, c’est une jeune femme policière qui s’emporte devant ses collègues masculins (j’apprends plus tard qu’il s’agissait de la responsable). Tandis que les invectives et les menaces de la part des policiers continuent, j’essaie d’en savoir un peu plus. Au policier près de moi qui nous ordonne de « terminer et de rentrer », je lui demande calmement « Qui est cette personne qui filme ? ». Il me répond que c’est un journaliste. Je le remercie et je m’approche du " journaliste " et je lui demande à quelle rédaction il appartient ? Il me répond : W9. Je le remercie avant de comprendre qu’il s’agit peut-être d’un policier en civil.
Quand je reviens près de ma table le gérant est en train d’être palpé à l’intérieur du restaurant par un policier en présence de la policière qui continue de crier.
A l’entrée, un autre policier barre le passage et refuse l’accès à mon ami qui voulait juste récupérer ses affaires personnelles restées à l’intérieur, régler et s’en aller dépité.
A ce moment là, la policière ressort en ayant arraché l’autorisation de terrasse qui était dûment affichée et lisible côté rue. Elle tient cette autorisation en main, la froisse, tout en criant et en menaçant le gérant qu’il aura deux contraventions : une pour terrasse illégale, et une autre pour tapage nocturne.
Avant que la brigade de nuit ne reparte, je continue à échanger avec les policiers un par un : « Finalement, si j’ai bien compris, vous veniez pour contrôler les terrasses ? » Oui. « Donc, en 5 minutes, ici à l’Atelier du saumon, étant donné que le gérant a une autorisation, ça pouvait être réglé ? » Oui. « Merci ».
Tout ça pour ça ! »
Ce témoignage vient renforcer celui de Monsieur Driss Khellafi auprès de la police nationale. Jean-Jacques n’était pas le seul témoin puisque Monsieur Driss Khellafi en a mentionné un autre, nous précise-t-il, dans sa déposition.
Monsieur Driss Khellafi reste particulièrement choqué de ce qui s’est passé. L’ensemble des autorisations dont il dispose concernant le droit de terrasse sont à jour et conformes, et il tente avec succès de faire vivre et perdurer son commerce, depuis 2017, et cela dans une rue difficile.
Déjà, il fait remarquer qu’en mars 2024, et à plusieurs reprises des policiers municipaux l’ont menacé de "fermer son établissement" ou de lui envoyer "les services de l’hygiène".
Les jours suivants l’intervention policière violente du 25 mai, ponctuée de menaces de fermeture de son commerce, bousculé par un policier, ses autorisations de voirie arrachées et froissées par la policière, il en a subi le contre-coup qui se manifeste par des troubles du sommeil importants, situation qu’atteste un certificat médical.
Monsieur Driss Khellafi souligne que ce genre de comportements inacceptables est source de grands dangers. Si lui, du fait de son passé de sportif de très haut niveau dans la boxe, sait se maitriser dans ce type de situation, il s’inquiète des réactions possibles d’autres commerçants, déjà confrontés à de nombreuses difficultés.
Il reste aussi très choqué de l’utilisation de la force à son endroit, de l’intrusion en force à l’intérieur de son commerce des policiers municipaux.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que les méthodes, le comportement de la police municipale sont mis en cause. Encore une fois, nous ne pouvons que souligner la nécessité pour les citoyens de pouvoir identifier – par un numéro d’identification à l’image du RIO – les fonctionnaires qui interviennent. Le maire a exprimé son refus. L’utilisation de camera-piéton annoncée n’est pas une garantie suffisante de transparence lors des interventions, le policier restant maitre de déclencher la captation, de la faire cesser ou de prétexter, si besoin est, de l’extrême urgence ou d’un problème technique.
L’Atelier du Saumon
Dans un article récent du Parisien, le 11 mai, Driss Khellafi, ancien boxeur, propriétaire de la boutique, témoignait de sa toute récente consécration au plus haut niveau, de la reconnaissance de son savoir-faire. « Cette année, j’ai été présélectionné pour les prix Épicure, puis pour la finale. Début avril, au pavillon Gabriel (Paris VIIIe), mon saumon d’Écosse Label rouge aux graines de sésame caramélisé a obtenu la médaille de bronze : pour moi, c’est un sixième titre de champion du monde », confiait-il, au journal quotidien tout en faisant part de sa satisfaction pour la suite : « Cela va déboucher sur de très gros contrats ».
Celui qui aujourd’hui travaille avec des hôtels renommés ainsi que des restaurants expliquait dans le même article qu’il envisageait de s’agrandir, d’exercer dans un laboratoire plus grand et de procéder à des embauches.
Driss Khellafi découvre Saint-Denis en 1970. Dans le même article il fait part de son attachement à poursuivre ici dans ces termes : « J’aurais pu ouvrir une boutique à Paris ou dans un endroit plus glamour mais je reste ici, martèle le champion. Cette boutique a une histoire, j’y suis totalement attaché. »
Et maintenant ?
Il faut souhaiter que ce qui vient de se passer ne le conduira pas à quitter la ville. En tout cas Monsieur Driss Khellafi n’entend pas céder aux menaces et renoncer à ses droits.
Monsieur Driss Khellafi a eu un échange avec le maire qui a été « à l’écoute » suite à l’intervention policière. C’est en effet le minimum pour celui qui en définitive est le premier magistrat et "le chef de la police municipale". Quelles mesures, quelles sanctions internes seront prises ? Quelle sera la suite de la plainte ?
Aucun autre élu, pas même celui au commerce n’est passé le voir depuis l’article du Parisien ni depuis le 25 mai.
En revanche, le local commercial appartenant à la Foncière Saint-Denis Commerce, son directeur Frédéric Bonnot, a contacté Monsieur Khellafi, non pas pour s’enquérir de ce qui s’était passé, mais pour « convenir du moment où la remise des clés du local serait possible, celui-ci ayant 3 potentiels exploitants intéressés par sa reprise » !!!
Un rendez-vous est programmé le 7 juin prochain avec le cabinet du Maire.
D’ici là, rendez-vous à L’Atelier du Saumon pour y déguster les excellents produits qu’il propose et lui témoigner de votre soutien. Il le mérite et en a besoin pour faire face à l’inadmissible attitude de cette équipage de la police municipale à laquelle les Dionysien.nes n’entendent pas s’habituer.
Est-ce cela qui est promis au premier janvier 2025 à ceux que nous persistons par respect à nommer les Pierrefittois ?