Crise en mairie : des manifestants exigent le limogeage de Frédéric Bonnot

, par Aziz Oguz

Ce jeudi 8 juillet, environ 150 personnes ont manifesté devant l’hôtel de ville pour demander le limogeage du directeur de cabinet du maire Mathieu Hanotin. Après le tollé provoqué par le dérapage de Frédéric Bonnot, la délibération sur le logement de fonction qui devait lui être accordé n’est plus à l’ordre du jour du conseil municipal du 12 juillet.

Les mots ne sont pas passés. « Citoyennes, pas chauves-souris », est écrit sur une grande banderole. « Bonnot dégage », peut-on lire sur une pancarte tenue par deux jeunes filles. Sur celle-ci, on voit le célèbre duo Robin et Batman. « J’ai voulu faire une bla... », tente de dire le premier, qui se prend une violente claque du second qui lui dit « NON ! ».

Après le dérapage de Frédéric Bonnot, qui a comparé une assesseure voilée à une chauve-souris, quelque 150 manifestants ont manifesté ce jeudi 8 juillet à l’appel de plusieurs organisations, associations et collectifs d’habitants pour demander le limogeage du collaborateur du maire socialiste.

Une mobilisation qui a mobilisé un large spectre politique et associatif : à côté de l’ancien maire Laurent Russier (PCF), Houari Guermat (divers droite) a également manifesté, ainsi que Silvia Capanema (LFI), Amel Dahmani, membre du collectif Les Dionysiennes, des militants du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, ou Mamoudou Diarra, militant des quartiers.

En première ligne, de nombreuses femmes voilées se sont également mobilisées, scandalisées des propos du premier collaborateur du maire, entonnant fièrement la Marseillaise, prenant de court des militants plus habitués à l’Internationale.

Face à la crise provoquée par le dérapage du directeur de cabinet, la municipalité a annoncé ce jeudi après-midi, selon l’élue d’opposition Sofia Boutrih (PCF), le retrait de la délibération sur le logement de fonction de Frédéric Bonnot prévue à l’ordre du jour du conseil municipal du lundi 12 juillet.

Le maire annonce la réintégration de trois élus, Sonia Rahbi dément

Le psychodrame continue quant à lui en mairie. Ce 8 juillet, Mathieu Hanotin a annoncé sur les réseaux sociaux la réintégration de trois des élus parmi les quatre démissionnaires.

"Les échanges politiques au sein de la majorité municipale, dont la presse a pu faire écho ces derniers jours, nous ont amenés à un dialogue constructif avec une partie des adjoints qui avaient décidé, sous l’impulsion de Monsieur Brahim Chikhi, de quitter l’exécutif", a expliqué le maire dans un communiqué.

"Hervé Borie et Bertrand Revol siégeront dans la majorité, et pour ce dernier, il gardera des fonctions d’adjoint en charge de l’ESS, du tourisme et de l’économie de la culture", continue l’élu. Mais il omet de préciser que Bertrand Revol perd sa délégation sur le commerce : les relations entre ce dernier et des commerçants de la Ville sont tendues depuis la prise de fonction de l’élu, selon plusieurs sources concordantes.

"Je maintiens également Sonia Rabhi dans ses fonctions d’adjointe en charge de la vie associative. Je n’ai aucun doute sur son engagement et ses capacités à mener à bien notre projet politique", précise-t-il. Mais alors que le communiqué est signé par Mathieu Hanotin, Hervé Borie et Bertrand Revol, le nom de Sonia Rahbi n’apparaît pas.

Cette dernière a démenti fermement auprès de France Bleu Paris sa réintégration.
"J’ai eu Mathieu Hanotin ce matin au téléphone et je lui ai bien dit qu’en l’état ce n’était pas possible, cela irait à l’encontre de mes valeurs. Je lui ai dit que je le laisserai faire lundi au conseil municipal s’il veut me retirer ma délégation", a-t-elle expliqué à la radio locale.

En revanche, la rupture est consommée avec l’ex-adjoint de la majorité municipale Brahim Chikhi, qui a rendu publique la sortie raciste du directeur de cabinet sur un groupe WhatsApp. « Les désaccords politiques profonds qui nous opposent ne nous permettent pas de continuer à travailler plus longtemps ensemble », est-il écrit dans le communiqué.

« C’est plus Saint-Denis, c’est Dallas ! », s’est moqué dans un commentaire Sébastien Camille, candidat suppléant aux dernières élections départementales sur le ticket PCF-LFI.

Mathieu Hanotin va-t-il réussir à éteindre l’incendie ? Le conseil municipal du 12 juillet s’annonce houleux. Des manifestants ont annoncé leur volonté de manifester ce vendredi 9 juillet, ainsi que lundi prochain. Les tensions, elles, se multiplient en mairie. De nombreux animateurs des antennes jeunesses se sont joints à la manifestation de ce 8 juillet : pour la première fois cet été, ils ne vont pas pouvoir organiser de voyages avec des jeunes de leurs quartiers, après une décision de la municipalité.