Alors que les agents travaillent habituellement en journée continue, la nouvelle organisation prévoit qu’en semaine, les CMS devront fermer au public 1h en continu entre 12h et 14h, avec un minimum de taches effectuées sur ce temps. Cela signifie que des taches qui étaient effectuées entre 12h et 14h devront l’être à un autre moment, ce qui intensifiera le travail par ailleurs. D’autre part la présence des agents en journée continue permet des échanges sur le temps de midi ou le flux de patient est plus faible, pendant la pause repas notamment, avec des retours sur des patients, des situations, des partages d’expérience bénéfiques pour les agents et praticiens.
Il est par ailleurs difficile de fermer le centre à une heure précise, étant donné qu’un patient peut arriver au dernier moment, nécessiter une prise en charge rapide, une orientation ou une information, ce qui retarde d’autant la fermeture et donc la pause des agents.
Les arguments invoqués sont ceux d’une meilleure adéquation de la charge de travail et d’un meilleur service aux habitants, alors même que les agents expliquent à la direction cette nouvelle organisation va justement dégrader ces deux aspects.
En réalité, une logique d’économie semble à l’œuvre derrière, cette organisation permettant « d’optimiser » la répartition du personnel et donc de diminuer le nombre d’agents pour une journée donnée.
De manière générale, les agents regrettent des décisions prises sans prise en compte de la réalité du travail, avec des réunions avec la direction ne retenant aucune de leurs remarques.
Cette réforme intervient dans le contexte déjà conflictuel de la réforme du temps de travail qui avait déclenché il y a quelques mois un mouvement de grève d’ampleur dans les services de la ville.
Devant le mécontentement des agents, la direction de la santé a convoqué plusieurs réunions avec les agents. On déplorera d’abord l’organisation de réunions séparées pour chaque catégorie (agents d’accueil, infirmières, assistants dentaires...), qui casse la logique de travail d’équipe et vise en réalité à diviser pour mieux régner.
Les agents des CMS se sentent méprisés par la direction de la santé de la Ville
Enfin, concernant les nouveaux contrats des praticiens, le flou est total, la direction n’a pas été capable de fournir un contrat type, le salaire horaire correspondant...
Au final, on se demande à quoi joue la ville. Dans un contexte de crise du covid pendant laquelle les agents et praticiens des CMS ont été pleinement engagés et continuent à l’être, quel signal envoie la municipalité concernant sa politique de santé ? La dégradation des conditions de travail et le mépris envers ses agents risquent bien d’avoir pour conséquence une fuite du personnel, avec pour conséquence une dégradation de la santé publique sur la ville, soit l’objectif contraire affiché par la mairie. Dans les prochaines semaines, des agents des CMS pensent à organiser des actions pour contester ce projet.
Mathieu Bavoux (pseudonyme)
Agent dans un CMS