Le collectif des habitants du Franc Moisin a appelé avec le DAL et la CNL au rassemblement qui s’est tenu devant le siège de PCH pour protester contre les augmentations de charges. Comment avez-vous pris connaissance de ces augmentations ?
Nous avons été alertés par les locataires qui règlent leur loyer par prélèvement automatique. Ceux ci se sont aperçus par leur compte bancaire qu’un prélèvement allait se présenter mais le montant annoncé ne correspondait pas au montant habituel. Aussitôt l’information a circulé sur nos réseaux…
Mais vous n’aviez pas eu d’information préalable de la part du bailleur ?
Non nous n’avons eu aucune information du bailleur par courrier ou autre moyen nous prévenant d’une augmentation des charges à Plaine Commune Habitat qui pour certains vont jusqu’à 250 euros, je crois même qu’un locataire a une augmentation de 280 euros. Cela conduit à des coûts mensuels pour les plus grands appartements familiaux de plus de 1000 euros, jusqu’à 1100, 1200 euros. Il semble que c’est au Franc Moisin qu’il y a les plus fortes augmentations. Les prélèvements ont été effectués et ce n’est que le 8 février que nous avons eu un courrier signé du président de Plaine Commune Habitat. Entretemps, l’agence de Plaine Commune Habitat, interrogée par des locataires, a simplement indiqué que ces augmentations étaient dues à l’eau et l’énergie. L’absence d’information n’a pas permis à ce que des locataires puissent anticiper, prendre leur disposition face à des montant de prélèvement sortant de l’ordinaire. Certaines associations de locataires ont semble-t-il été prévenu mais pas nous en tant que locataires habitants de Franc Moisin. Aucun courrier dans les boites aux lettres qui aurait pu être mis tout simplement par le gardien. Ceux qui ne sont pas en prélèvement automatique ont eu la mauvaise surprise à la réception de leur quittance.
Pour Logirep nous n’avons à ce stade par d’alerte particulière.
Hormis cette augmentation des charges et des loyers, quelle est la situation à Franc Moisin ? L’ambiance ? Y a-t-il des problèmes particuliers sur le quartier ? Dans les logements ?
L’ambiance… Déjà il y a, depuis 2015, la question de la rénovation urbaine de l’ANRU mais aussi le cadre de vie pesant : nous avons un quartier envahi de rats, les logements avec des punaises de lit, – et c’est un sujet un peu tabou les punaises de lit – des cafards, sur l’ensemble du quartier. Quand on voit le montant des charges, leur augmentation comparée au cadre de vie dégradé, qui lui ne s’améliore pas, même si les augmentations concernent le chauffage et l’eau, ça pose de vraies questions. On est face à une véritable invasion de rats et même si PCH a missioné une personne dotée d’un furet ça ne peut suffire.
On ne comprend pas. Les campagnes de dératisations – PCH en fait deux par an– ne sont pas organisées, coordonnées entre Logirep et PCH et du coup ça ne sert à rien : le rat ne connait pas de frontières.
Des augmentations, jusqu’à 250 euros, qui précarisent les personnes et un cadre de vie dégradé ce n’est pas possible.
Il y a déjà près de 10 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en France, il ne faut pas en rajouter. Un bailleur social doit accompagner ses locataires et pas précariser ceux qui sont déjà les plus précaires. Les bailleurs sociaux doivent se tourner vers le gouvernement, frapper à la porte de l’Etat. On sait que dans ces quartiers, qui sont des quartiers qui relèvent de la politique de la vile (QPV) le revenu médian est moins de 1000 euros. Comment faire ? Les salaires, les retraites et minima sociaux n’augmentent pas. Les augmentations de l’énergie ne doivent pas être répercutés sur les locataires. C’est ma conviction et notre position collective.
Pour faire face, certains ont du prendre dans leurs économies destinées à des projets…
Quand ils en ont …
Oui. C’est un coup de massue ces augmentations. Les gens sont très remontés dans le quartier. Nous aujourd’hui ce qu’on demande est très clair : le blocage des charges. Nous acceptons l’augmentation des loyers de 1,5% mais c’est à contre cœur car cela a quand même une répercussion sur le pouvoir d’achat, mais pour les charges non. Aujourd’hui la bataille c’est les charges.
Concernant le cadre de vie, il y a aussi l’entretien, celui des parties communes ?
Pour mon hall, celui que je connais le mieux, ça va. Mais par exemple, il y a la question des ascenseurs en panne, ainsi dans mon escalier, l’ascenseur a été défectueux pendant 6 mois. Alors il y a eu un service de porteur mais avec bien entendu des contraintes d’horaires. Et avec un coût et tout ça pour attendre une pièce défectueuse commandée… alors que certaines d’entre elles – les plus régulièrement défectueuses– pourraient être stockées en prévision des pannes. Les pannes d’ascenseur sont fréquentes. Les ascensoristes versent des pénalités au bailleur et le bailleur doit nous en reverser une partie en dédommagement.Des pénalités sont versées au bailleur et le bailleur doit nous reverser une partie en dédommagement.
Dans les parkings souterrains que ce soit ceux de Logirep ou de PCH, dans les box c’est catastrophique. Il y a des inondations avec des niveaux qui peuvent arriver jusqu’aux genoux.
Et pour ce qui concerne l’ANRU ?
C’est très compliqué car avec le COVID les réunions se sont fait en visioconférence, la dernière vraie réunion publique (en présentiel) portait sur l’avenir du bâtiment B9. Et là on va arriver sur des gros travaux, dans les phases de destructions, les gravats, la poussière, nos inquiétudes portant sur cette phase de travaux qui va durer des années et sur l’avenir du quartier. Normalement un projet Anru c’est une co-construction entre les habitants, le conseil citoyen et les institutions. On part d’une feuille blanche. Mais ce n’est pas comme cela que cela s’est passé. Le conseil citoyen a du batailler sans cesse pour remonter des informations, alerter sur différents points, manifester des désaccords et au final, on peut dire que le projet ils l’ont conçu seuls.
Et concernant les relogements ?
Les gens vont partir sur des relogements avec trois propositions par foyer. Un refus d’une troisième proposition signifie la perte du relogement. Certains veulent rester sur Saint-Denis, d’autres partir et d’autres rester sur le Franc Moisin. Ce qui avait été conclu avec la précédente municipalité c’est que ceux qui veulent rester sur le site pourront rester et cela est toujours d’actualité avec la nouvelle municipalité.