– Qu’est ce qui justifie votre mouvement de grève lancée en moins de 48 h ?
Notre mouvement de grève est une réponse urgente à une situation inacceptable pour les agents territoriaux. Nous avons été alertés par nos adhérents sur des dysfonctionnements graves affectant leurs conditions de travail et leur rémunération. Face à l’absence de dialogue social sincère et aux engagements non tenus par l’administration, nous avons pris nos responsabilités en lançant cette mobilisation. Il s’agit d’une réaction légitime face à des décisions prises sans concertation et qui impactent directement les agents.
On souhaite attirer l’attention sur des pratiques de management préoccupantes au sein de nos services, qui affectent directement la motivation et la performance de certains agents. Ces situations engendrent un climat délétère, nuisant à la cohésion des équipes et au bien-être au travail.
Plusieurs agents ont signalé des comportements de management qui peuvent s’apparenter à du harcèlement moral, ou du moins à une gestion autoritaire et peu respectueuse des principes de dialogue social.
Parmi les situations rapportées, on relève notamment :
– une absence de communication claire et transparente concernant les objectifs attendus.
– des changements de tâches sans concertation préalable ni formation adaptée.
– il a été convenu que les agents ne viennent pas de manière brutale sur les bureaux à Saint-Denis ou du moins sur une fréquence de 2 jours mais là des responsables leur demandent de venir tous les jours
– une pression excessive sur les délais, sans tenir compte des ressources et contraintes réelles des agents.
Par ailleurs, un cas concret nous a été remonté concernant le non-versement de l’IFSE (Indemnité de Fonctions, de Sujétions et d’Expertise) à un agent remplissant pourtant toutes les conditions d’éligibilité. Cet agent, dont les fonctions ont évolué au fil du temps, se voit refuser depuis plusieurs mois le versement de cette indemnité sans justification formelle. Malgré des démarches répétées auprès des services compétents, la situation demeure bloquée, générant ainsi une grande frustration et un sentiment d’injustice.
Le SAFPT a donc demandé que des mesures soient rapidement prises pour :
– réexaminer les pratiques managériales, afin de garantir un environnement de travail sain et respectueux pour l’ensemble des agents.
– procéder à une vérification des situations relatives à l’IFSE, pour s’assurer que chaque agent perçoit ce à quoi il a droit.
– Vous vous êtes prononcés pour la fusion des deux communes en Comité Social Territorial sur la base d’éléments qui constituaient pour vous des avancées pour le personnel, aujourd’hui concrètement cela se traduit de quelle manière ?
Nous avions soutenu cette fusion à condition que des avancées concrètes soient apportées aux agents, notamment en matière de rémunération, de déroulement de carrière et d’amélioration des conditions de travail. Or, nous constatons aujourd’hui que les engagements pris n’ont pas été respectés ou ne se traduisent pas par des mesures visibles et effectives. Nous sommes confrontés à des inégalités de traitement entre agents des deux anciennes communes, à des retards dans l’application de certains dispositifs et à une absence de garanties sur la pérennité des acquis sociaux.
– Quelles sont vos revendications sur les questions de la pénibilité, de la prévoyance, de la mutuelle, la maladie et la prime ?
Pénibilité : nous demandons une véritable prise en compte des métiers les plus exposés, avec des compensations adaptées (aménagement des fins de carrière, bonifications, réduction du temps de travail).
Prévoyance et mutuelle : nous exigeons une participation employeur plus significative pour garantir une meilleure couverture aux agents, notamment en cas d’arrêt maladie longue durée.
Maladie : nous dénonçons les pressions exercées sur les agents en arrêt maladie et exigeons une meilleure protection contre les abus liés au contrôle médical.
Prime : nous réclamons une harmonisation vers le haut des primes et indemnités pour mettre fin aux inégalités entre les agents issus des deux anciennes communes.
– Un de vos adhérents, lors du rassemblement devant la mairie de Saint-Denis ce matin, expliquait que les agents de Pierrefitte ont été trompés, que les promesses d’augmentation ne sont pas tenues. Qu’en est-il ? Que s’est-il passé ?
Effectivement, lors des discussions précédant la fusion, il avait été promis aux agents de Pierrefitte des revalorisations salariales et des harmonisations favorables. Aujourd’hui, nous constatons que ces engagements n’ont pas été respectés. Pire, certains agents subissent une dégradation de leur situation avec des conditions de travail plus difficiles et des pertes d’avantages. Cette situation est inacceptable et nous exigeons des réponses claires et immédiates de la part de la collectivité.
– Vous êtes la seule organisation syndicale à ne pas être signataire du communiqué du 3 février adressé au Maire et qui dénonce « les tentatives d’intimidation » et les attaques contre des syndicalistes prenant la forme de « procédures disciplinaires ». Pourquoi votre signature n’y figure pas ?
Cette question ne concerne pas le mouvement d’aujourd’hui mais nous avons toujours défendu la liberté d’expression syndicale et nous condamnons fermement toute forme d’intimidation ou de répression à l’encontre des représentants du personnel. Cependant, nous avons fait le choix de ne pas signer ce communiqué et car nous estimons que la lutte pour les droits des agents doit rester notre priorité absolue. Nous refusons toute instrumentalisation politique et nous voulons rester concentrés sur les revendications concrètes des agents, sans nous inscrire dans des logiques partisanes. Cela ne signifie en aucun cas que nous cautionnons les dérives dénoncées, mais nous privilégions d’autres formes d’action pour défendre les collègues concernés.
Nous tenons à rajouter que lors du rassemblement de ce matin devant la mairie de Saint-Denis - Pierrefitte-sur-Seine, commune nouvelle, plusieurs élus étaient présents, notamment Bakary Soukouna, Farid Aïd et Pascal Kouppé. Nous avons également constaté la présence de représentants des organisations syndicales FSU-Snuter et CGT, témoignant d’une préoccupation partagée quant aux conditions de travail des agents et aux engagements non tenus par la collectivité.
À noter que les élus présents n’ont pas pris la parole lors de ce rassemblement. Le SAFPT, en tant qu’organisation apolitique, reste vigilant à ce que les revendications des agents ne soient pas instrumentalisées par des considérations politiques. Notre priorité demeure la défense des droits et des intérêts des agents territoriaux, dans un cadre strictement syndical.
Nous appelons donc à la poursuite de la mobilisation et restons pleinement engagés pour obtenir des avancées concrètes.
PS : parmi les motifs de la mobilisation du 6 février, un sujet est particulièrement mis en avant par le SAFPT : la remise en cause de l’harmonisation par le haut du régime indemnitaire, de la hausse de l’Indemnité de fonctions, de sujétions et d’expertise (IFSE) en fonction de la classification et du grade l’agent ; ainsi à titre d’exemple pour un agent de catégorie C cette revalorisation de l’Indemnité de fonctions, permettait aux agents pierrefittois de passer de 133 euros à 262 euros sans compter dans ce montant la prime du 13ème mois versée mensuellement qui est de 73 euros qui devait se rajouter au 262 euros." L’augmentation" intègre une prime déjà existante. La centaine d’euros attendue se résume à 60 euros. Le compte n’y est donc pas pour le SAFPT.
Par ailleurs, concernant l’IFSE de contrainte (travail de nuit, week-end ou horaires décalés), les montants comme les critères d’attribution restent à ce jour inconnus.