L’objectif de la collectivité était comme l’indique le document « d’identifier de nouvelles actions possibles pour réduire la consommation d’énergie sur le territoire, d’inventer une sobriété collective désirable, et enfin de questionner la répartition des efforts de chacun entre la puissance publique, les individus et les entreprises, dans l’optique d’une transition juste. ».
Les participants de l’Assemblée « ont soumis aux élus de Plaine Commune 40 propositions d’action. »
Celles-ci, analysées par les services, ont « ensuite été transmises aux élus pour éclairer la décision finale à prendre sur chacune d’entre elles. » « Les propositions retenues ont pour ambition d’intégrer les projets, les plans ou les politiques publiques de Plaine Commune. »
Le document que nous publions fait état des réponses officielles de Plaine Commune. Cela a été présenté au dernier conseil territorial du 28 mai comme cela avait été annoncé préalablement aux 78 participants.
Nous publions aussi le document initial des propositions.
Cette assemblée a été lancée à l’image de la « Convention citoyenne sur le climat » initiée au plan national à l’automne 2019 dont on sait ce qu’il en est advenue : un enterrement de première classe de la majeure partie des propositions par le président de la République.
Plaine Commune a-t-elle voulu innover en modifiant l’appellation pour retenir « Assemblée citoyenne pour l’énergie » ? Assemblée ou convention importe peu mais le prisme Energie est plus restrictif que l’entrée plus généraliste Climat. Ce « choix » n’est pas explicitement revendiqué.
Nous ne vous rendrons pas compte de l’ensemble du document. Certaines propositions mais surtout les réponses de l’instance politique sont quelquefois surprenantes, certaines esquivent la problématique évoquée ou se contentent de faire appel à la législation existante sans ouvrir de perspectives.
Nous avons en revanche voulu nous arrêter sur un champ livré à la réflexion parmi les 18 identifiés : Les transports en commun, tant celui-ci a un rapport avec l’actualité dionysienne.
La partie sur les Transports est tout à fait illustrative d’un double discours que distille le Président de Plaine Commune et … le maire de Saint-Denis.
D’abord, Plaine Commune a toute compétence pour se déclarer Autorité Organisatrice des Transports sur son territoire, des villes, des communautés urbaines, des communautés d’agglomérations le font ce qui ne dispensent pas les Régions d’assumer leurs compétences en la matière. Ainsi une ville peut par exemple mettre en place un service de transport gratuit en bus coexistant avec des TER payants organisées par la Région.
Les deux réponses 22-69 et 22-70 apportées en page 37 sont donc une manière d’esquiver la question puisqu’il s’agit d’une volonté politique à mettre ou non en œuvre.
Les réponses apportées en page 39 sont tout aussi stupéfiantes. Le maire de Saint-Denis promet des navettes municipales pour remplacer des transports en commun organisés par la Région qu’il supprime tout en produisant des documents qui, dans les réponses aux demandes 22-68 et 22-69 concernant une maillage plus fin et complémentaire du territoire via des navettes électriques, disent l’inverse : « Les études réalisées à ce sujet au sein de Plaine Commune ne montrent pas un besoin évident sur le territoire. De plus, le report modal (de la voiture à la navette électrique par exemple) n’est pas certain. ». Le Collectif pour le maintien des bus en centre-ville appréciera et particulièrement l’accent mis sur "l’accompagnement à la multimodalité".
On retiendra aussi des réponses sur certains sujets qui laissent pantois comme celle qui consiste à répondre à côté de la proposition : « Organiser un forum de l’énergie où tous les acteurs viendraient avec des engagements » : « La mise en place d’une plateforme dédiée à la mise en commun d’idée et événements entre acteurs de l’énergie ne permettrait probablement pas d’avoir d’impact suffisamment fort au regard des ressources nécessaires à sa mise en place et son animation. »
La proposition initiale parle de « Forum d’engagements multi-acteurs », la réponse dilatoire consiste à évoquer « une plate forme d’idées et d’événements » !
On notera parmi les préoccupations dans la thématique « Economie de marché » la proposition suivante : « Réduire le prix des loyers dans le marché immobilier pour faciliter la proximité du logement au travail » à laquelle la collectivité se limite à répondre : « Plaine Commune n’est pas compétente pour interférer dans le principe de libre échange : autrement dit, les entreprises ou autres structures commerciales sont par exemple libres de fixer leurs prix ».
On connaissait pourtant le mécanisme d’encadrement des loyers mais Plaine Commune et ses élu.es semblent ignorer les politiques publiques qu’ils mettent en œuvre !
La réponse est tout aussi cocasse quand on sait que sur le quartier Pleyel, c’est le maire-président, Mathieu Hanotin qui souhaitait… l’augmentation des prix ce qui n’a pu que ravir les opérateurs immobiliers attachés à la libre détermination des prix !
Dans le même esprit, tout aussi savoureux, on vous laisse découvrir en page 23 toujours dans la thématique « Economie de marché » la réponse 33-106 donnée à une proposition de contrôle des malfaçons des constructeurs et à un éventuel mécanisme punitif. L’ode à l’esprit marchand est éloquent.
L’ensemble du document est on le voit à examiner à la loupe.
Pour finir, on reste « sur le cul » face à la proposition 21-65 en page 54 proposant d’immatriculer les vélos comme aux Pays-Bas ! Si les vélos peuvent être marqués pour lutter contre le vol et obligatoirement pour les vélos neufs depuis 2021 dans ce pays, ils ne sont pas immatriculés. La réponse de Plaine Commune est tout aussi stupéfiante : « La collectivité note l’intérêt des citoyens pour l’immatriculation des vélos sur le territoire. Cette mesure ne pourrait être mise en place qu’au niveau national. C’est pourquoi Plaine Commune souhaite organiser une consultation plus large des acteurs du vélos sur ce sujet, et en fonction portera, ou non, le sujet auprès des autorités nationales. »
Celui qui voit un quelconque rapport entre cette inepte réponse à la confusion entre marquage et immatriculation de vélo et les économies d’énergie gagne un voyage en navette électrique direction la lune !
Ne rigolons pas trop, there is no Planet B.