Acte I : Le 13 janvier les avocats de la SEM Plaine Commune Développement plaident : MaMaMa est sans droit ni titre dans un local de la SEM. Il y a un danger imminent qui justifie l’expulsion de cet occupant, et à défaut d’un départ immédiat, ils demandent le paiement par MaMaMa d’une astreinte journalière et des frais de justice. Et cela est tellement urgent que la justice est saisie en référé.
Acte II : Le 13 février, le tribunal reconnait que doit s’exercer le droit de propriété, droit inaliénable inscrit dans notre Constitution. Ce n’est pas une surprise, – l’association MaMaMa n’ayant par ailleurs jamais contesté le droit de propriété et en la matière celui de la SEM sur ses locaux – le tribunal, en cohérence avec ce droit inaliénable fait droit à la demande de la SEM d’une expulsion mais accorde un délai d’un an, sans contrepartie ni paiement des droits de justice.
Chaque être doué de raison et accessoirement d’un zeste d’honnêteté intellectuelle en tirera la conclusion que toutes les demandes de la SEM ont été rejetées sauf celle qui concerne le droit de propriété.
Pour le reste et pour les trois attributs du droit de propriété définis par le Code civil : l’usus (le droit d’user de la chose), le fructus (le droit de percevoir les produits de la chose) et l’abusus (le droit de disposer de la chose) la SEM devra patienter, le tribunal ayant jugé que l’utilité publique prévalait sur l’impatience de la SEM de recouvrer immédiatement son droit absolu.
Point d’urgence donc, l’homme, – la femme – de loi déclarera la SEM déboutée, le citoyen lambda concluera cette séquence d’un lapidaire : la SEM a perdu.
Acte III : Tout cela serait trop simple si entre l’homme – ou la femme – de loi et le citoyen lambda ne tentait de se glisser un troisième acteur, l’homme – ou la femme – politique qui bien que doué.e de raison va employer celle-ci (très maladroitement) à faire croire que le tribunal a fait droit aux demandes de la SEM afin que le citoyen lambda soit convaincu que la SEM a gagné et que par conséquent l’association MaMaMa a perdu.
Nous sommes là chez Orwell, dans 1984, autrement dit « La guerre, c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force ».
Mais tromper le citoyen lambda, déjouer sa raison peut s’avérer difficile, alors l’homme ou la femme politique ment et parie sur le fait que plus c’est gros, plus ça passe, on n’est pas dans le mentir vrai mais dans le mentir gros. Très gros et sur Facebook, le 15 février.
L’édile prétend ainsi que l’association MaMaMa ne serait pas assurée. C’est faux. L’association a un contrat chez un assureur mutualiste bien connu et ce depuis la première minute de prise des locaux.
L’édile prétend encore qu’il s’agit maintenant pour MaMaMa d’accepter « les nouveaux locaux trouvés depuis des mois ». C’est faux. Aucun des locaux identifiés ne s’est avéré répondre aux besoins permettant la poursuite des activités de MaMaMa.
L’édile prétend enfin, que « MaMaMa ne livre évidemment aucun équipement municipal ». C’est faux. MaMaMa livre des produits de première nécessité. Dans des structures qui ont pignon sur rue à La Plaine, rue Emile Connoy, aux Moulins Gémeaux, à Pierre Sémard, à Henri Barbusse, à Franc Moisin, ou à la Maison des Femmes et à l’Hôpital Delafontaine. Dans des centres de PMI (Protection Maternelle et Infantile), qui, sur Saint-Denis ou d’autres villes, comme l’indique le site du département sont bien des structures municipales (https://seinesaintdenis.fr/-PMI-).
Trois assertions mensongères sur Facebook. Mensongères et malveillantes.
Et maintenant ?
Le citoyen lambda doué de raison se demandera en dernier lieu quand l’homme et la femme politique vont revenir à la raison, c’est à dire mettre un terme à la spirale de dénégations qui les conduit aujourd’hui jusqu’à mentir ?
Conviés, dans un communiqué de MaMaMa à revenir, sous l’égide du préfet, à la table des négociations, que vont-ils faire afin de permettre à l’association de poursuivre, à l’avenir comme aujourd’hui, son activité en direction des femmes et des enfants du territoire, la Seine-Saint-Denis, département le plus affecté par la précarité et la mortalité infantile ?
En définitive, vont-ils choisir la main tendue ou s’enfoncer dans le déni, le mensonge et un isolement toujours plus grand ?