« Le 16 mai, les représentant-e-s du personnels seront amené-e-s à se positionner pour ou contre la fusion et les conditions de sa mise en œuvre. » (Article actualisé ce 16 mai à 13h45). Les syndicats CGT, UNSA et Sud se sont prononcés contre le projet de fusion. FO, la CFDT et le SAFPT ont voté pour. Le SNUTER-FSU n’a pas pris part au vote

, par La Rédac’

Nous avons interrogé les représentants syndicaux – réunis dans l’intersyndicale qui a organisé la journée d’information du 25 avril – sur les enjeux pour les agents et les services publics du projet de fusion/absorption de la ville de Pierrefitte par Saint-Denis. Leurs réponses, à trois voix, sont publiées ce 2 mai, alors que se tiendra ce soir à Pierrefitte, une réunion autour des deux maires dans une salle, la Maison du peuple, sur laquelle un élu Pierrefittois s’interroge et interroge la Direction Générale des Services quant à la sécurité du lieu.

Comment s’expriment aujourd’hui les inquiétudes du personnel, de vos adhérents par rapport à ce projet de fusion ? L’emploi, le service public, les rémunérations ? Autre ?
Raphaël Thomas pour la CGT – Plusieurs questions restent en suspens et les municipalités n’y répondent pas franchement… Le discours officiel est de ne pas nous inquiéter car seulement moins de 20% des personnels de Pierrefitte et de Saint-Denis seront impactés, nous dit-on, par la fusion, si fusion il y a. Les collègues veulent savoir où ils seront affecté-e-s, au 1er janvier 2025, mais également ultérieurement puisque la logique qui est maintenant développée est de « prendre le temps » dans la mise en place de la fusion.
Les doutes relatifs aux mobilités imposées, aux temps de travail, aux rémunérations, aux fins de contrats ne sont pas levés.
Cela est d’autant plus compréhensible que nous avons une certaine expérience de détricotage de notre service public de proximité par l’entremise de fermeture d’équipements municipaux ou de privatisation.
De la même façon, les conquis sociaux à la mairie de Saint-Denis sont encore remis en cause aujourd’hui ainsi dans un document présenté par les employeurs le 4 avril dernier, il est indiqué que la Nouvelle Bonification Indiciaire est mise en place à Saint-Denis selon "une interprétation relativement large du décret" et donc il conviendrait de "régulariser la Nouvelle Bonification Indiciaire de la ville de Saint-Denis ». Cela signifie que ce qui a été gagné à Saint-Denis en 2006, qui va au-delà du minimum national, ce qui n’est pas scandaleux, ne doit pas perdurer, notamment pour les futur-e-s collègues à partir du 1er janvier 2025... Un autre conquis social était la prime annuelle sans condition que Monsieur Hanotin a remis en cause dès 2020 et qui sera remis en cause pour les collègues de Pierrefitte à partir de la fusion.

Clément Dumesnil pour le SNUTER-FSU – On peut constater qu’il n’y a pas eu de véritable concertation avec le personnel des deux collectivités jusqu’à présent. En effet, la communication qui a été faite aux agents territoriaux a été de mettre en exergue tous les mérites de la fusion des deux communes. Alors que la réalité de cette fusion aura des conséquences désastreuses pour les agents et le service public.
Le manque d’information ne permet pas malheureusement aux agents de se rendre compte des différentes difficultés que va créer cette fusion notamment une coupe drastique dans le personnel à hauteur de 20%.
Un isolement de Pierrefitte qui va voir sa mairie se transformer en annexe et donc le problème pour les agents et les citoyens d’accéder à différentes prestations et services rendus à la population.
Une accélération de l’externalisation (autant dire la privatisation déguisée) de certains services déjà mis en place à Saint-Denis et qui va s’ étendre à Pierrefitte.
Enfin, il est important de souligner que cette fusion aura pour conséquence d’absorber Pierrefitte.

Amel Dahmani pour SUD-Territoriaux – Les collègues précaires craignent de perdre leur boulot, les cadres déjà sous pression ont peur soit d’être virés car les élus les considèrent comme des "doublons", soit d’être achevés d’épuisement sous la tonne de travail avec la fusion. Les collègues ont peur d’être envoyés à l’autre bout de Pierrefitte, on peut harceler des gens juste en les bougeant de poste sans cesse, c’est déjà le cas depuis l’arrivée du maire, Mathieu Hanotin. Grosso modo, il n’y a aucune raison que la violence managériale et le mépris de classe ne s’arrêtent, bien au contraire, on abime nos collègues et nos publics, la mairie de Saint-Denis veut juste étendre cela à Pierrefitte. Aujourd’hui cette souffrance au travail se traduit par une explosion de départs, d’accidents du travail, d’arrêts maladie et de collègues qui vont mal au quotidien, l’instance F3SCT (auparavant dénommé Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail– CHSCT) qui se charge de s’assurer de la santé au travail des collègues est saturée de travail et n’est pas à la hauteur des enjeux. Nous avons peur pour les collègues de Saint-Denis aujourd’hui et de Pierrefitte demain si la fusion se fait. La souffrance au travail des collègues est sans précédent.

Quelles sont les perspectives de l’intersyndicale après cette journée d’information ? Un nouveau temps d’action ?
Raphaël Thomas pour la CGT – Pour les collègues, les démarches unitaires restent essentielles. La CGT en est également convaincue. Nous devons élargir cette unité, dans la clarté, sur des bases communes qui garantissent un service public de qualité dans l’intérêt des usager-e-s et qui respectent les personnels municipaux dans leurs droits mais aussi dans leurs aspirations.
Un des problèmes majeurs dans la démarche engagée par les maires de Pierrefitte et Saint-Denis réside dans le rythme effréné qui est imposé. Cette façon d’agir ne favorise pas l’implication des collègues, la réflexion partagée, l’exercice d’un véritable dialogue social qui n’existe malheureusement plus malgré l’affichage.
La vitrine ne suffit pas pour que la démocratie sociale soit vivante.
C’est l’ensemble de ces considérations qui doit nous conduire à peser davantage dans le débat malgré les délais restreints. Le 16 mai, les Comités Sociaux Territoriaux (CST) sont convoqués dans les deux villes pour « finaliser » l’impact RH. Les représentant-e-s du personnels seront donc amené-e-s à se positionner pour ou contre la fusion et les conditions de sa mise en œuvre. La CGT a déjà clairement exprimé son opposition. Des initiatives intersyndicales sont en cours de préparation autour de la tenue de ces Comités Sociaux Territoriaux, mais également lors d’évènements à venir d’ici au 30 mai, jours des conseils municipaux consacrés à la fusion.

Clément Dumesnil pour le SNUTER-FSU – Le SNUTER-FSU est dans l’action depuis plusieurs mois et continuera d’être aux côtés des agents territoriaux des deux collectivités pour décider ensemble des modalités d’action.

Amel Dahmani pour SUD-Territoriaux – Nous continuerons d’informer les collègues, ensuite nous sommes des travailleuses et des travailleurs, il y a une arme qui s’appelle la grève, contre la pénibilite au travail qui casse les corps et tue les collègues, je rappelle que nous avons deux collègues décédé.e.s au travail ces deux dernières années à la mairie de Saint Denis. Si les collègues comprennent leur force collective (et c’est notre travail de syndicaliste de transmettre cette combativité) les JO sont un moment où on peut rappeler aux maires que c’est nous qui faisons tourner la boutique et qui pouvons la fermer si on est mal payé et pas respecté au travail. Sans nous, le maire ne peut rien en fait. C’est en cours de discussion, mais les grèves de l’aérien et de la SNCF sont clairement des exemples de réussite pour nous. 

C’est dans cet équipement, La Maison du Peuple, que doit se tenir le 2 mai, la réunion publique appelée par les deux maires sur le projet de "fusion" des deux communes.