Le collectif « Stop au massacre de la voie royale » alerte sur les travaux engagés sur la couverture de l’autoroute A1. Qu’en disent les élus, à l’urbanisme, Adrien Delacroix et au patrimoine, Yannick Caillet ?

, par Michel Ribay

La couverture de l’autoroute A1, fruit d’un accord entre l’Etat et la ville de Saint-Denis après des années de mobilisation des citoyens et des élus a été inaugurée en mai 1998, avant le début du Mondial de football. Elle réparait les dommages infligés à la Plaine par la construction de l’autoroute dans les années 60. Afin de redonner une qualité urbaine et environnementale à ce qui fut la Voie Royale entre la capitale et le cœur de Saint-Denis, deux équipes de paysagistes et d’architectes, celles de Michel Corajoud et Yves Lion, ont assuré la conception de ce grand mail végétalisé. Leur travail, unanimement salué à l’époque, est aujourd’hui en danger. Revue de détail.

Des travaux ont été entrepris sur la couverture de l’autoroute A1 dans le prolongement de ceux qui sont intervenus dans le tunnel du Landy. L’infrastructure qui n’a pas fait l’objet d’intervention lourdes de maintenance ou de reprise en avait bien besoin. Un quart de siècle, c’est pour ce types d’ouvrages le moment de revoir de fond en comble l’ensemble.

On consolide si besoin, on intervient afin d’assurer la pérennité des ouvrages et de retrouver le lustre perdu au fil du temps, on restaure des détails, le mobilier mais on ne détruit pas les éléments qui constituent son identité.

C’est pourtant ce qui est en train de se dérouler avec les travaux entrepris sur la couverture.
Pour en juger il suffit de se reporter à la documentation constituée par le collectif « Stop au massacre de la Voie Royale » qui alerte par courrier l’ensemble des services de l’Etat, le président de Plaine Commune et maire de Saint-Denis.

Le collectif demande « l’interruption immédiate de ce saccage et exige la reprise des études et la réalisation de transformations respectant la qualité initiale du projet d’origine ainsi que les règles d’urbanisme en vigueur ».

En effet, le courrier s’interroge sur le bon respect des procédures (consultation des Architectes des Bâtiments de France), sur l’absence d’affichage des travaux, leur nature et l’absence d’information des habitants.

Aujourd’hui des bâtiments techniques qui avaient fait l’objet d’un dessin et d’une réalisation de qualité sont tronquées des couvertures en cuivre en surplomb qui les recouvraient et remplacées par une simple gouttière.

La stupeur des habitants est grande dans le quartier et les professionnels, urbanistes, architectes, paysagistes ne peuvent qu’être blessés et révoltés de ce qui constituent un mépris de leur travail et une atteinte au droit moral des concepteurs Michel Corajoud et Yves Lion.

A ce stade, a minima, une question simple se pose  :
– les bâtiments techniques et issues de secours vont-ils retrouver – et quand – leur état initial et faire l’objet d’un nettoyage des tags présents sur certains ?

A défaut, on ne manquera pas de s’interroger sur ce qui motive cette manière de faire et les intentions des donneurs d’ordre.

Le collectif s’est rapproché ce mercredi 29 novembre des services de l’urbanisme de la ville de Saint-Denis afin de consulter les documents préalables à toute intervention (autorisations, descriptif de la nature des travaux, avis des services de l’Etat et tout document s’y rapportant) et reste en attente d’un retour de ces mêmes services.

On attend donc aussi des explications de l’élu à l’urbanisme Adrien Delacroix et de l’élu au patrimoine Yannick Caillet au moment même où se tiennent… les « Entretiens du patrimoine » les 28, 29 et 30 novembre.

A suivre donc de très près.