Le Front populaire à hue et à dia

, par Michel Ribay

Chaque jour qui se lève amène son lot de surprises avec les investitures pour la campagne législative. Le bilan des catastrophiques années Hollande n’étant pas encore définitivement tiré, c’est le retour de l’ancien président de la République, investi ce samedi 15 juin, par la fédération socialiste de la Corrèze. Sa politique a pourtant largement nourri le Rassemblement national.

Aurélien Rousseau, ancien ministre de la santé, auréolé à juste titre de sa décision de quitter le gouvernement au moment de la loi asile immigration est lui aussi investi. Il fut le directeur de cabinet d’Elisabeth Borne qui a orchestré la réforme des retraites.

Le Front populaire a pour vocation de faire front, de s’opposer au risque de l’accession à Matignon du Rassemblement national, d’une coalition rassemblant Jordan Bardella, Eric Ciotti, Marion Maréchal, première étape d’une conquête de la présidence de la République.

Pour gagner, face à l’extrême droite, au danger imminent, le Front populaire a pour vocation de s’élargir. En ce sens il vaut mieux avoir dans son camp l’ancien président de la République, l’ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne plutôt qu’ils s’épanchent, comme beaucoup d’autres, contre la dynamique unitaire construite en quatre jours.

Si pour certains ces couleuvres successives sont dures à avaler – on le comprendra – leurs présences ne devraient pas entrainer une hémorragie de voix à gauche le 30 juin et possiblement constituer un encouragement, une motivation à rejeter les candidats du Rassemblement national le 7 juillet. Il y a bien deux tours pour battre le Rassemblement national.

Dans le même temps, alors que l’accord conclu entre les organisations politiques traduisait un rééquilibrage en leurs seins validé, accepté par tous, l’appareil de la France Insoumise se saisit de la situation pour un règlement de comptes internes.

La mise à l’écart, vendredi 14 juin, des député.es LFI « frondeurs » sortants, coupables de lèse-Mélenchon – est une faute. Grave en toutes circonstances. Lourde dans le contexte actuel d’autant que chacun d’entre-eux étaient depuis longtemps partisans d’une démarche unitaire.

Dans le même temps, c’est Adrien Quatennens investi malgré sa condamnation pour violences conjugales.

Dans le département cela a des conséquences. Deux d’entre eux sont des députés sortants, Raquel Garrido et Alexis Corbière. A ce stade ils annoncent chacun leurs candidatures.

Sur la circonscription de Raquel Garrido, le président de la Seine-Saint-Denis au cœur, Aly Diouara, est investi par LFI. Sur celle d’Alexis Corbière, c’est Sabrina Ali Benali, médecin urgentiste, porte-parole du combat des soignants.

Ils ont tous, les sortants, les investis, une légitimité, par leur parcours, leurs combats, à porter les couleurs du Front populaire.

Un combat électoral fratricide aura-t-il lieu ? L’appareil de La France Insoumise porte seul la responsabilité de cette situation qui produit ses premiers effets délétères de division au sein du Front Populaire et réveillent vieilles rancœurs et animosités diverses. Les réseaux sociaux en témoignent déjà.

Prendre le parti des candidats investis valide le règlement de compte interne, prendre le parti des sortants récuse les investitures retenues.

Si l’on sait aujourd’hui qui s’en délecte, on ignore encore qui tranchera ce dilemme.

Pour la suite des événements peut-on s’en tenir à la ligne défendue par François Ruffin : « Soyons unis, arrêtons nos conneries ! » ?

C’est aussi un des messages délivrés dans toutes les manifestations ce samedi 15 juin.

Le programme du Nouveau Front Populaire est accessible à l’adresse ci-dessous :
https://timothee.goguely.com/nouveau-front-populaire/programme-front-populaire.html