Les marchands de sommeil, ça ose tout

, par Jean-Marc Bourquin

Situé sur le boulevard Maxime Gorki, la grande avenue qui traverse la ville de Stains, un petit immeuble en brique avec un kebab en devanture. C’est là que s’est tenue la semaine dernière une manifestation de soutien à Mme G. en butte à son propriétaire qui agit comme un marchand de sommeil.

Madame G. vit là avec ses 2 enfants dans un logement de 16m² pour un loyer de 550 euros. Il y a 16 boites aux lettres, ça donne une idée du rendement de cet immeuble par ailleurs propre, bien entretenu.
Madame G. a eu un bail, classique, renouvelable par tacite reconduction.

En 2021, le propriétaire a décidé que le bail était fini et que sa locataire devait partir. Il lui a donné quelques mois pour cela. Bien sûr pas de procédure légale, pas de courrier recommandé, pas de raison valable pour mettre fin à ce bail. Rien que des mots.

C’est précisément ce que refuse madame G. qui est contrainte de verser ses loyers en liquide mais garde toutes les preuves de ses paiements. En juin 2021 elle demande des quittances pour ses démarches personnelles. Là tout bascule.

Colère du proprio qui la somme de partir et pour faire pression coupe l’électricité en juillet et l’eau au mois d’août. En septembre il change la serrure, vide l’appartement pendant les heures de travail de madame G. et repeint l’appartement. Bref sa locataire n’existe plus !

Oui mais voilà, elle refuse de partir.

Conseillée par son avocat, elle se réinstalle dans l’appartement. Elle dort à même le sol dans la pièce vide. Elle ne veut pas céder, d’autant qu’à l’humiliation se rajoute maintenant la disparition de ses papiers, de ses affaires, de son histoire.

Des associations des amies des voisines lui donne des vêtements, du mobilier de secours. La solidarité s’organise. Trop habitué à faire ce qu’il veut en toute illégalité le propriétaire ne perçoit pas les signes d’une mobilisation qui nait. Il continue son harcèlement et enlève la porte de l’appartement !

Madame G. est contrainte de rester en permanence pour monter la garde ! Une nouvelle porte est installée par les associations. Qu’à cela ne tienne, il met de la glue dans la serrure, enfermant madame G. dans l’appartement ce qui la contraint à appeler la police qui ne peut que constater sa séquestration.

Jusqu’où va-t-il aller ?

Plaintes déposées, solidarité des voisins, des parents d’élèves, mobilisation publique, soutien de la ville et procédure en référé contre lui, on pourrait croire qu’on est proche de la fin de la partie pour ces pratiques de voyou. Pourtant il a récidivé avec son tube de colle dans la nuit de samedi, bloquant une nouvelle fois la serrure. Il est plus que temps de mettre fin à cette délinquance qui sévit particulièrement dans nos villes...

Le courage et la détermination de madame G. imposent cette mobilisation.