Pollution au plomb au Franc Moisin. L’exigence de la transparence pour tout un quartier

, par La Rédac’

Un courrier du maire-ajoint, Laurent Monnet, a été adressé aux parents d’élèves de l’école élémentaire René Descartes. Celui-ci indique que la ville, à l’occasion du projet urbain, « avait mené des analyses des sols en profondeur » révélant des « concentrations en plomb plus élevées qu’attendu ». Révélant que l’Agence Régionale de Santé (ARS) a recommandé « de mener des analyses de terre et de poussières supplémentaires, plus en surface, pour mieux évaluer la situation », le courrier se veut rassurant au vu « des résultats des analyses de poussières » et « des seuils recommandés par le Haut Conseil de la santé publique ». L’inquiétude persiste à raison pourtant dans le quartier. Pourquoi ?

Tout d’abord, depuis combien de temps la ville de Saint-Denis sait-elle que les sols du quartier du Franc Moisin sont contaminés au plomb avec des 
« concentrations en plomb plus élevées qu’attendu » ?

Quand ces analyses ont-elles été menées ? Quelles sont les résultats ? Pourquoi n’ont-ils pas fait l’objet d’une information ?

Autant de questions légitimes que se posent les habitants et qui démontrent encore une fois que l’absence de transparence en direction des habitants ne nourrit que l’inquiétude et une question largement partagée dans le quartier : la santé des habitants a-t-elle été mise en danger ?

Le courrier du maire adjoint révèle que des analyses de terre ont été menées dans l’école élémentaire René Descartes et que les résultats ont conduit l’Agence Régionale de Santé (ARS) « a recommandé d’éviter temporairement l’accès à la terre dans l’école », des « résultats d’analyses complémentaires devraient être connus début novembre ».

Là encore deux questions. Quels sont les résultats des analyses de terre dans l’école ? Quels sont les taux relevés ?

En effet, aucun élément n’est avancé dans le courrier. Pas plus qu’une information complémentaire à ce courrier qui indique « que le résultat des analyses complémentaires de terre ne présentent pas de contamination supérieure aux seuils recommandés par le Haut Conseil de la santé publique ».

En l’absence de communication des données, toutes les interprétations de ce silence sont possibles et redoublent l’inquiétude, le soupçon, la méfiance.

D’autant que s’agissant d’une école, dans son avis relatif à la maîtrise du risque associé la présence de plomb dans l’environnement extérieur publié le 1er février 2021 le Haut Conseil de la santé publique observe que :
– dans toutes les classes d’âge, certains des effets du plomb sur la santé sont sans seuil de dose : autrement dit, ils peuvent être observés même à de faibles niveaux de plombémie.

  les enfants âgés de moins de 7 ans sont la population cible pour le dépistage des surexpositions environnementales au plomb, parce que du fait de leur comportement, ainsi que de leurs caractéristiques biométriques et physiologiques, ils sont les plus susceptibles de se contaminer. 

  la principale voie d’exposition au plomb de l’environnement général, hors alimentation, est aujourd’hui, en règle générale, l’ingestion de poussières des sols et des surfaces.

Ces éléments ne devraient-ils pas conduire à tester sinon tous les enfants du groupe scolaire du moins en premier lieu un groupe significatif d’enfants pour lever un premier doute ou poursuivre les investigations ?


Le 7 octobre, les personnels de l’Education nationale ont été mis au courant par la Ville des taux inquiétants de plomb dans la terre de l’école. Mais ni les parents d’élèves ni les personnels municipaux des accueil de loisirs.

Rien ne peut justifier cette décision arbitraire et contraire à un simple principe de précaution et de sécurité à l’endroit de toutes les personnes formant la communauté éducative.

C’est le vendredi 11 octobre, sous la pression du Collectif habitants du Franc Moisin, que la municipalité est sortie de son mutisme avec la lettre transmise aux parents d’élèves. Une lettre qui n’est d’ailleurs ni signée par la première adjointe, élue à la santé et à la rénovation urbaine, délégations pourtant au cœur du sujet (?!), ni par l’élue en charge de l’éducation alors qu’elle est destinée aux parents d’élèves…

Ne parlons pas du silence du Maire qui n’a même pas jugé utile une expression, par un communiqué sur le site de la ville, en direction des habitants du plus grand quartier de Saint-Denis !

Cette communication tardive, très incomplète et sélective nourrit d’autant plus les inquiétudes des 11000 habitants et professionnels du quartier que celui ci est particulièrement impacté depuis le printemps d’un nuage récurrent de poussières dues aux travaux de démolition du Bâtiment 4 -(barre de 291 logements jouxtant l’école Descartes).

Alors, les barrières installées dans la cour de l’école Descartes sont-elles suffisantes pour rassurer ? Non.
Et l’absence de dépistage des enfants ? Non.
L’absence d’analyse des sols dans les écoles Rodin et Renoir en proximité de l’ex-bâtiment 4 ? Non.
L’absence de prélèvements au collège Garcia-Lorca ? Non.
Le partage lors du prochain conseil d’école [de Descartes] avec les parents délégués des éléments en possession [de la municipalité] » ? Pas plus car très insuffisant.

Les premiers résultats d’analyses des sols, les recommandations de l’ARS, l’avis du Haut Conseil de la santé publique, les travaux de démolition du B4, l’inquiétude exigent une transparence totale en direction des parents, des habitants du quartier.

Un pareil cas doit conduire à une réunion publique en présence de professionnels de santé, de membres de l’Agence Régionale de Santé, réunion dans laquelle toutes les informations doivent transmises, réunion dans laquelle toutes les questions peuvent être posées, les réponses apportées et un processus transparent et continu de diffusion des informations établi.

A défaut, persistera le sentiment qu’il y a des « choses à cacher » à tout un quartier.

Article modifié le lundi 14 à 11h45 : Le courrier du maire-adjoint, initialement indiqué dans l’entête à l’intention des parents d’élèves de l’école élémentaire René Descartes, a été distribué vendredi 12 octobre dans l’après-midi à Rodin et Renoir soit l’ensemble des établissements scolaires du quartier.