Saisi d’un recours gracieux depuis 2 mois, Mathieu Hanotin est appelé à renoncer à son projet de suppression de six arrêts de bus en centre-ville. Sa première adjointe, Katy Bontinck, tente de son côté de faire diversion dans Le Parisien. Les collectifs organisent « La chaîne humaine pour les bus » samedi 17 juin à 15H, rdv à la fontaine, rue Jean Jaurès

, par Michel Ribay

Depuis l’annonce faite en mairie, le 11 février dernier, de la suppression de six arrêts des bus 153, 253 et 239 en cœur de ville à partir du 1er juillet 2023, le maire, Mathieu Hanotin reste inflexible. Inflexible devant les nombreuses protestations, inflexible face aux plus de 5000 signataires d’une pétition, inflexible encore lors d’une réunion publique du quartier La Saussaie, Floréal, Courtille au cours de laquelle s’est exprimé le refus de cette décision, et sans réaction, à ce jour, face au recours gracieux déposé le 12 avril contre le permis d’aménagement qui va conduire à la disparition d’un service public de transport urbain en cœur de ville.

Cette situation est au premier abord très classique.

Un maire, une autorité reste inflexible devant l’opposition de nombreux habitants – il s’agit ici de milliers d’administrés –, et l’on parle d’une décision qui affecterait des dizaines de milliers de personnes, cela donne quelquefois lieu à un clivage au sein des habitants, c’est quelquefois un sujet qui fait basculer une élection.

Mais nous avons affaire à tout autre chose ici.

Il s’agit surtout du fait du prince qui s’arroge le droit de décider seul, entouré d’une cour dont la première adjointe ose avancer qu’il n’y aurait aucune solution proposée par les habitants permettant à la fois de végétaliser et de maintenir un transport en commun en cœur de ville.

C’est mentir effrontément Mme Bontinck, comme vos propos rapportés en attestent dans l’édition du Parisien en date du 11 juin consacrée au sujet qui nous occupe. « Quand on demande comment pensez-vous végétaliser massivement et recoller les espaces publics, tout en maintenant les bus, nous n’avons aucune proposition », dites-vous.

Les dés sont pipés car c’est seule la volonté du prince de créer une continuité entre la place Victor Hugo et la place Jean Jaurès qui est un obstacle à la circulation de transports en commun. Ce n’est que votre choix, votre bon vouloir et ce sans aucune consultation de la population et sans mandat accordé lors des élections de mars et juin 2020.

Les habitants pourtant vous le disent, le clament : des arbres ET des bus. Faites-le car cela est possible.

De plus, intention reprise par Le Parisien, vous n’envisagez de ne substituer à la disparition du passage des bus – que vous programmez – qu’un service… les jours de marché…

Les quatre autres jours de la semaine sont-ils des jours d’assignation à résidence ?

Recoller les espaces publics. La continuité place du Caquet, place Victor Hugo existe déjà et se prolonge jusqu’à la place Robert de Cotte.

Aucun projet de végétalisation n’est prévu sur la place Victor Hugo, ce que démontre d’ailleurs l’utilisation récurrente qui en est faite par la municipalité sans souci par ailleurs des nuisances sonores pour les tous proches riverains.

Combien d’animations s‘y déroulent alors qu’elles pourraient se déployer, comme cela auraient pu être le cas de toutes les dernières animations sportives, au Parc de la Légion d’honneur, pour le plus grand bénéfice de ceux qui y participent et de ceux qui seraient préservés de l’animation « musicale », et des annonces tonitruantes au micro… ?
Une place Victor Hugo… apaisée en quelque sorte.

Mais non il faut que cela se voit, il faut que chacun, chacune voit, constate, enregistre, imprime bien tout ce que la municipalité fait. Des animations. Fort bien, ne pourraient-elles se déployer ailleurs, pourquoi pas place du 8 mai 1945 d’ailleurs, vous qui êtes légitimement si attachés à créer d’autres centralités, oui mais n’est-ce pas trop loin de la mairie ?

Un triptyque écologique : végétaliser, stopper le trafic de transit, assurer des transports en commun de qualité

Végétaliser la place Jean Jaurès, fort bien, faite-le bien, massivement.

Végétaliser la Place du Caquet, fort bien, faite-le, faite-le bien…

Economiser les ressources, oui aussi. Renoncez à paver tous ces espaces, maintenez un revêtement neutre à l’image de celui qui existe, économie des ressources matérielles et financières oblige.
Trop de voitures en cœur de ville, trop de transit, fort bien, prenez le problème à la racine au lieu de pénaliser des milliers de personnes en supprimant un service de transport en commun.

La vidéoverbalisation est utilisée par de très nombreuses villes en Europe pour contenir, restreindre la circulation de transit. Au vu des dépenses d’argent public que vous avez engagées pour le déploiement de caméras servez vous en pour réguler le trafic.

Pénaliser ceux qui utilisent les transports en commun pour éviter la circulation de transit de véhicules, c’est le monde à l’envers.

C’est une insulte à toute démarche écologique d’ampleur, partagée par le plus grand nombre et en cela vertueuse.

Vous avez choisi le renoncement, renoncement exprimé par le maire dans la salle des mariages lors de la réunion publique du 11 février : « Pour supprimer la circulation de transit des voitures, il faut supprimer les bus ».

Quel renoncement, quelle facilité, quelle ineptie !

A quelques jours du mi-mandat, le maire de Saint-Denis va-t-il réaliser une seconde et impensable prouesse ?

Va-t-il, après avoir été le seul maire à revêtir, par pur calcul de communication, un gilet pare-balles dans un quartier du centre ville, être le seul maire à supprimer la desserte en transport en commun au cœur d’une ville populaire, la troisième d’Ile de France ?
Au même moment nombreux sont les élu.es qui se battent pour en disposer, les améliorer ou s’opposer à la disparition de ce genre de service !

Irresponsabilité et excès de pouvoir n’auraient-ils aucune limite ?