Suites de l’incendie à Pablo Neruda. Compte-rendu du DAL de la réunion du 22 août, entre les locataires et Plaine Commune Habitat.

, par La Rédac’

Le Blog de Saint-Denis a rendu-compte de la mobilisation des habitants suite à l’incendie au 11 allée de L’isle-Adam, cité Pablo Neruda. Nous publions le compte-rendu rédigé par le DAL de la réunion qui s’est tenue le 22 août au siège de Plaine Commune Habitat.

Le jeudi 22, à l’appel des habitants sinistrés par l’incendie dans la cité Pablo Neruda, un rassemblement était appelé devant le siège du bailleur Plaine Commune Habitat. Ce rassemblement modeste mais significatif, surtout au cœur du mois d’août, en soutien aux habitants qui étaient reçus par le bailleur pour faire le point sur leur situation. La délégation a été massive, au moins 30 locataires présents à 10H30 dans les locaux de PCH pour un bâtiment de 40 logements, beaucoup arborant le badge du DAL « Locataires en colère » sur la poitrine, et des représentantEs des associations DAL (Droit au Logement), CNL (Confédération Nationale des Locataires) et VMPCH (Vivre mieux à Plaine Commune Habitat).

La réunion a été intense. Beaucoup de questions, souvent techniques, qui ont exprimé l’inquiétude des habitants s’agissant du bâtiment, la défiance même vis à vis de l’empressement du bailleur à les faire réintégrer leurs logements au plus vite.

Depuis le début les locataires demandent à avoir accès aux rapports d’expertise des pompiers, au rapport sur le diagnostic amiante. Le bailleur a finalement accepté qu’il soit consulté au cours de la réunion, comme le 21 lors de la venue spontanée de locatires au siège, mais refuse de le diffuser. Comment l’étudier dans ces conditions ? Le rapport parle « d’échantillons » prélevés : Cela comprend-il les poussières, particules fines, qui ont pu se dégager pendant l’incendie ? Et quand est-il du revêtement de la façade qui a pris feu pendant l’incendie parce que contenant du polystyrène ? Et des fissures qui s’apprêtent à être rebouchées ? Etc...Autant de questions qui n’ont pu avoir de réelles réponses.

Ce qui n’a pas empêché le bailleur, droit dans ses bottes, de décider que l’immeuble est immédiatement ré-habitable.

PCH constate que 8 logements étant trop dégradés pour que les locataires y retournent, des relogements seront donc proposés. PCH admet par ailleurs le besoin d’étudier la situation des personnes âgées qui sont dans des logements en hauteur difficilement accessibles, l’ascenseur étant condamné pour au moins un mois et accepte d’étudier au cas par cas les situations particulières.

Mais pour tous les autres habitants les logements sont « vivables » et les locataires doivent les réoccuper.

La perception des habitants est toute différente : quand ils ont pu pénétrer la veille dans l’immeuble, déclaré habitable par le bailleur, les locataires y ont trouvé les murs noircis et calcinés, une odeur irritante dans les couloirs, des étais pour tenir la dalle des plafonds, des peintres qui recouvraient d’une couche de blanc les surfaces brûlées.
Plusieurs personnes après cette visite ont préféré payer de leur poche un hébergement à l’hôtel considérant leur logement inhabitable.

La discussion s’est poursuivie sur les expertises des assurances qui ont annoncé aux locataires qu’il y avait des décontaminations à faire avant de rentrer dans le logement alors que dans le même temps le bailleur a déclaré le bâtiment habitable !

Comment s’y retrouver dans ces conditions ? Qui croire ? PCH a demandé que les rapports en question lui soient communiqués mais face aux demandes de relogement dans des logements décents faites par nombre de locataires il a déclaré qu’il était prêt à produire un communiqué officiel certifiant « l’immeuble habitable ».

Enfin la question des loyers a été posée. Le bailleur a parlé du gel des loyers pour la période d’inoccupation des logements. La demande a été faite du gel des loyers pour tout le mois d’août compte tenu des dépenses supplémentaires et du préjudice subi par les locataires. Le bailleur a enregistré la demande mais s’est bien gardé de donner sa réponse immédiatement.

Plaine Commune Habitat et la municipalité ne sortent pas grandis de cette crise. Plaine Commune Habitat a failli à ses missions d’information transparentes de ses locataires. La ville n’a même pas daigné mobiliser un seul élu pour recevoir une délégation (*). Les locataires ont été maltraités. Leur traumatisme n’a pas été sérieusement pris en compte. Ils n’ont pas été dignement accompagnés et soutenus, et contraints, avec brutalité, de retourner dans l’immeuble.

Un exemple flagrant : le vent a soufflé fort le samedi 24, secouant les tôles de la façade incendiée. Des morceaux de celle-ci se sont détachés. Les habitants ont du appeler le bailleur ; les pompiers qui sont intervenus une nouvelle fois pour sécuriser les lieux et mettre en place des barrières au pied de l’immeuble.

Face à ce déni de justice, ce manque de respect et de considération, les locataires n’ont d’autres choix que de s’organiser et maintenir leur vigilance collective pour faire respecter leurs droits.

(*) La première adjointe de Mathieu Hanotin, Katy Bontinck, communique abondamment sur son Facebook sur la présence de la municipalité auprès de PCH pour accompagner les locataires de Romain Rolland suite à l’incendie qu’ils ont subi le 17 août. Rien ne peut justifier un tel écart de traitement face à de telles situations où doit primer l’intérêt et l’accompagnement de tous les locataires. Les locataires ne se laisseront pas diviser par cette manière de faire de la municipalité qui alterne mépris pour les uns et communication à son avantage.

Compte rendu fait le 25 août 2024
DAL (Droit Au Logement)