Un Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CLSPDR) à moitié déserté le 22 avril dernier. Des partenaires habituels absents… et un sous-préfet mécontent

, par Michel Ribay

Le 22 avril dernier s’est tenue la réunion du Conseil local de sécurité et prévention de la délinquance et de la radicalisation dans la salle des mariages de l’hôtel de ville. Une très faible participation inhabituelle à cette instance, alors qu’elle devait traiter à son ordre du jour des dossiers particulièrement important dont celui des violences entre jeunes, dramatiquement illustré par la mort de deux d’entre eux, Sedan et Farid, en janvier dernier. La stratégie de la municipalité en matière de sécurité et de prévention de la délinquance n’a toujours pas fait l’objet, depuis la réunion du 22 avril, de la moindre communication publique. Le document présenté au CLSPDR n’est toujours pas communiqué. C’est pourtant un sujet d’importance que la municipalité n’a cessé de mettre en avant, celui-ci mérite pourtant transparence et partage avec les Dionysien.nes.

La manie de beaucoup élus à se mettre en scène, à rendre compte de leur présence ici ou là, au moindre événement avec force photos, selfies ou story sur Facebook conduit à se demander si cela ne constitue pas pour certains l’essentiel de leur activité. Heureusement pas tous. On sait que certains travaillent et pour certains d’entre eux beaucoup. On sait aussi que ceux qui s’adonnent compulsivement à cette mise en scène, pratiquent l’autopromotion permanente, s’autocongratulent, autolikent leur propre page Facebook.

Mais cette manie autopromotionnelle a quelquefois son utilité. Celle de révéler, entre autres, outre la vacuité des légendes photos, pour tel ou tel événement, le niveau de participation du public ou la confidentialité inhabituelle d’une réunion.

C’est le cas pour la réunion du CLSPDR (Conseil local de sécurité et prévention de la délinquance et de la radicalisation) qui s’est tenue le 22 avril dans la salle des mariages. Ce sont les photos publiées sur la page Facebook d’autopromotion de Kader Chibane qui nous renseignent de la tenue d’un CLSPDR et qui dévoilent une participation très réduite que n’avait jamais connu cette instance.

Quel que soit l’angle de la prise de vue difficile de masquer la réalité du peu de présents. Cela n’a donc pas manqué de nous interroger.

C’est quoi le CLSPDR ?

Cette instance, présidée par le maire, a vocation à réunir les représentants de la collectivité, élus en charge de ces questions, ses services idoines, la préfecture, son représentant en la personne du sous-préfet, ceux du ministère de la justice, le procureur de la République du parquet de Bobigny, la police nationale avec la commissaire, et municipale, représentée par un gradé en l’absence de son directeur et de nombreux partenaires œuvrant dans le champ de la prévention. Elle rassemble en général au moins une cinquantaine de personnes.

Le peu de participation ce 22 avril est d’autant plus étonnant – et préjudiciable au bon fonctionnement de cette instance et à la réalisation de ses objectifs – que c’était le premier CLSPDR qui se réunissait après l’épisode dramatique des agressions et « rixes » commises au mois de janvier qui ont conduit à la mort de deux jeunes à Saint-Denis, Sedan, un collégien de 14 ans, le 17 janvier et Farid, un lycéen âgé de 18 ans, le 20 janvier.

Ce CLSPDR avait donc dans ce contexte une importance particulière, ce que n’avait pas manqué de relever les services qui l’avaient préparé faisant d’un « Plan de prévention des rixes » un de ses axes prioritaires.

Comment donc expliquer cette situation ?

Serait-ce un des effets collatéraux sinon directs de la situation au sein du service Prévention qui avait conduit une organisation syndicale, le SNUTER-FSU à alerter publiquement, par un communiqué, en date du 29 mars, intitulé « Maltraitance au travail à la direction de la prévention - Pressions psychologiques en guise de management » suivi d’un autre communiqué toujours sur le même sujet en date du 25 avril demandant au Maire de " faire cesser ces pratiques managériales violentes et inhumaines avant l’apparition de burn-out dans l’équipe et qu’un drame se produise " ?

Un effet collatéral ou direct d’une situation au sein du service qui a conduit à ce que l’ordre du jour de la réunion, selon les informations recueillis auprès de partenaires, n’a été transmis que le matin même et que le contenu du document, présenté en powerpoint, n’a été remis aux participants qu’en début de CLSPDR ?

Ce qui, selon les informations recueillis, a fortement interrogé le sous-préfet qui n’a pas manqué de faire part de son « agacement ». On le comprend vu l’importance du sujet.

Tout cela, on en conviendra est pour le moins étonnant, d’autant que l’équipe en place qui a vocation à préparer le CLSPDR est une équipe aguerrie, connaissant d’expérience le territoire et ses problématiques de longue date et dont le professionnalisme est reconnu et souvent souligné.

Pas d’informations ni sur ce « raté » inhabituel ni surtout sur la stratégie locale

Rien n’en est dit, bien sûr, sur le Facebook d’autopromotion de Kader Chibane, rien sur celui de l’élue à la tranquillité publique Gwenaëlle Badufle-Douchez, rien du côté non plus de l’élue à la prévention, Oriane Filhol. Ne nous renseigne pas plus l’attitude détendue qu’affichait au premier rang, tout sourire, la première adjointe, Katy Bontinck.

On en est donc réduit à tout imaginer ou à se fier à notre hypothèse de départ : seraient-ce des effets collatéraux sinon directs de la situation au sein du service qui avaient conduit une organisation syndicale, le SNUTER-FSU, à alerter ?

Une remarque, un souhait pour conclure provisoirement : les réunions du CLSPDR gagneraient à être publiques, en effet cela nous concerne tous. Quant à la stratégie locale seule une slide du powerpoint présenté ce jour là est consultable.

On en conviendra, les politiques de sécurité et de prévention méritent mieux en terme de partage avec les Dionysien.nes. N’est-ce pas une des conditions de leur efficacité ?

PS : le service de la Prévention semble affecté par des départs puisque deux annonces récentes de recrutement le concerne. Nous les publions.