Une Belle Etoile va-t-elle s’éteindre et une Jolie Môme mise à la rue ?
Depuis septembre 2004, La Compagnie Jolie Môme est accueillie par la municipalité de Saint-Denis et exerce dans le théâtre qu’elle a créé et gère depuis près de 20 ans, La belle Etoile. C’est au 14, rue Saint-Just, près du métro Métro Front Populaire. Un appel à projet lancé par la municipalité pour l’exploitation du lieu menace la poursuite de l’activité de Jolie Môme. Les termes de l’appel à projet rompent avec l’esprit de la convention conclue avec l’ancienne municipalité qui prendra fin au 31 décembre 2023.
La Compagnie Jolie Môme alerte dans un communiqué sur sa situation et appelle à la soutenir :
« Notre pérennité à La Belle Étoile n’est assurée que jusqu’à fin décembre. Comme au terme de chaque convention, un appel à projets concernant la gestion et l’occupation du théâtre a été lancé par la mairie, la ville étant propriétaire des lieux.
Nous sommes très inquiets car cet appel d’offre ne nous correspond plus. Nous risquons donc de perdre notre outil de travail et de ne pas pouvoir assurer la programmation de la saison complète.
Si vous souhaitez nous soutenir, dans l’idée que nous restions 5 années de plus dans ce quartier qui nous est cher, retrouvons-nous à la Belle Étoile le vendredi 6 octobre à 18h. »
Construite à la fin du 19ème siècle, dans ce quartier industriel qu’était La Plaine Saint-Denis, à côté de la Petite Espagne, La Belle Étoile a d’abord été une salle des fêtes. Plus tard, la salle servira de gymnase à l’école Saint-Just, puis de salle de répétition pour le Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis avant d’être transformée en théâtre.
Pourquoi « La Belle Étoile » ?
En hommage à la chanson de Jacques Prévert, tout simplement ! écrivent-ils sur leur site.
Un appel au soutien
Déjà fragilisée par l’arrêt en 2022 d’une subvention accordée par le conseil régional d’Île-de- France, l’appel à projets lancé par la municipalité conduirait la compagnie Jolie Môme à devoir assumer des frais conséquents de fonctionnement que la municipalité prenait à sa charge.
Le soutien financier – assumé– à une compagnie théâtrale de la part de l’ancienne municipalité est donc révolu au profit d’un modèle économique.
Vivre à la Belle Etoile ou être mise à la rue, la compagnie Jolie môme s’inquiète donc de son sort.
Il y a de quoi, tant l’on connait le peu de respect de la part de la nouvelle municipalité pour tout ce qui, bien qu’elle s’en défende, l’a précédé. Une culture gestionnaire prend le pas sur une forme de soutien à la culture tout court.
Beaucoup de symboles qu’il lui faut sans doute aussi effacer. Ceux d’une compagnie qui affiche clairement la couleur. Rouge. Trop rouge.
A la belle étoile, une chanson de Prévert, membre du groupe Octobre, libertaire comme le fut l’anarchiste Léo Ferré, auteur de la chanson Jolie Môme.
Pour ceux qui sont aux affaires aujourd’hui, c’est sans doute trop.
Alors, Jolie Môme devra-t-elle baisser rideau ? La compagnie vous invite à déjouer ce triste scénario, ce vendredi 6 octobre à 18h, et vous annonce dès maintenant son festival Supernova qui se déroulera les 15, 16 et 17 décembre.
Puisse le soutien apporté à Jolie Môme défier les lois de l’astronomie qui définissent une supernova comme le phénomène astral d’une étoile en fin de vie !
Pour l’instant, le rendez-vous c’est vendredi 6 octobre, à 18h, courez-y !
Pour s’inscrire à la lettre d’information de la compagnie c’est ici.
A la belle étoile
Jacques Prévert
Boulevard de la Chapelle où passe le métro aérien
Il y a des filles très belles et beaucoup de vauriens
Les clochards affamés s’endorment sur les bancs
De vieilles poupées font encore le tapin à soixante-cinq ans
Boulevard Richard-Lenoir j’ai rencontré Richard Leblanc
Il était pâle comme l’ivoire et perdait tout son sang
Tire-toi d’ici tire-toi d’ici voilà ce qu’il m’a dit
Les flics viennent de passer
Histoire de s’réchauffer ils m’ont assaisonné
Boulevard des Italiens j’ai rencontré un Espagnol
Devant chez Dupont tout est bon après la fermeture
Il fouillait les ordures pour trouver un croûton
Encore un sale youpin qui vient manger notre pain
Dit un monsieur très bien
Boulevard de Vaugirard j’ai aperçu un nouveau-né
Au pied d’un réverbère dans une boîte à chaussures
Le nouveau-né dormait dormait ah ! quelle merveille
De son dernier sommeil
Un vrai petit veinard Boulevard de Vaugirard
Au jour le jour à la nuit la nuit
A la belle étoile
C’est comme ça que je vis
Où est-elle l’étoile
Moi je n’lai jamais vue
Elle doit être trop belle pour le premier venu
Au jour le jour à la nuit la nuit
A la belle étoile
C’est comme ça que je vis
C’est une drôle d’étoile c’est une triste vie
Une triste vie.