Violences policières à la gare ? Pas vu, pas pris ? Par chance une vidéo établit les faits. Les supporters de foot égaux, mais pas trop ? Le maire et son adjointe vont-ils enfin s’expliquer au conseil municipal ?

, par La Rédac’

Si l’on devait résumer à travers trois questions la suite attendue des événements qui se sont déroulés à la gare le 6 février dernier vers 23 heures, elles s’énonceraient ainsi : la police municipale et nationale vont-elles tenter de justifier l’injustifiable ? Que va faire l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) ? Que vont dire ce soir au conseil municipal le maire Mathieu Hanotin et son adjointe Nathalie Voralek ? Quelles décisions vont-ils prendre près d’une semaine après l’article du Monde ? Pour l’instant leur communiqué du 15 mai qui mobilise stratégie du déni, stratégie de diversion et attaque contre une élue d’opposition, témoin directe des événements, ne peut faire illusion.

L’intervention de la police municipale prolongée par celle de la police nationale le 6 février dernier sur le quartier de la gare soulève de multiples questions.

Qu’il s’agisse de la charge effectuée sans procéder aux sommations d’usages, du jet de la grenade sortie de la poche d’un des policiers en civil assorti du sonore « Messieurs, cadeau » il y a ici au regard du droit, et notamment du code pénal, des actes illégaux.

L’emploi illégitime de la force, qu’ établit la vidéo révélée par le journal Le Monde, a conduit au dépôt le 13 mai d’une plainte contre X pour violences volontaires aggravées par quatre circonstances, puisque commises sur mineur de moins de 15 ans, par une personne dépositaire de l’autorité publique, en réunion, avec l’usage ou la menace d’une arme, délit prévu et réprimé par les articles 222-11 et 222-12 du Code pénal et pour mise en danger délibéré de la vie d’autrui.

Concernant cette deuxième qualification pénale, on peut effectivement s’interroger sur la mission de secours et d’assistance de la police municipale. Face à une enfant de 8 ans blessée dont la mère demande légitimement de bien vouloir prévenir les secours, la police municipale aurait opposé un méprisant « Ce n’est pas notre travail, rentrez chez vous ».

Un rapport problématique à la population…

Ces comportements policiers révélés plus haut témoignent d’un rapport problématique à la population fondé sur le mépris, un usage inconsidéré de la force, des réflexes dont la nature pose question en général d’une part et au regard de la population visée d’autre part ce soir là.

La police nationale n’est pas en reste, ce dont témoigne le méprisant, l’insultant « Messieurs, cadeau » avant le jet d’une grenade au milieu d’un groupe de personnes ne présentant aucun danger pour les forces de police municipale et nationale.

… et une politique du 2 poids, deux mesures

Y aurait-il deux catégories de supporters ?

Ceux qui ont l’autorisation de se rendre sur les Champs Elysées et ceux qui, à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations, se heurtent à une interdiction de la part de la préfecture de police ? L’arrêté de la ville de Saint-Denis visant le secteur de la gare est lui pris le 4 février pour la journée du 6 février. La ville est donc aussi rapide que le préfet de Paris, M.r Lallement, fortement critiqué pour sa prise d’arrêté d’interdiction de vente d’alcool dans le périmètre du stade de France… dans un très court délai !

Ceux, venus de Nantes par milliers,que le maire salue avec ferveur le samedi 7 mai, - dans un tweet depuis retiré en raison des débordements et désordres qu’ils ont causé (en toute impunité) en centre-ville et ceux, Sénégalais ou d’origine sénégalaise, réunis à une trentaine, dont la joie toute pacifique a été réprimée violemment par la police municipale et nationale de la manière dont Le Monde le révèle ?

Samedi dernier le déferlement de milliers de supporters Nantais dans le centre-ville n’était pas un rassemblement, c’était une fête. En revanche, le 6 février, la petite trentaine de supporters du Sénégal n’étaient que « des supporters hostiles » d’après la préfecture de police, interrogée par Le Monde. La police nationale ne serait alors intervenue que pour venir au secours d’« agents de la police municipale pris à partie ».

Outre le fait que les traces laissées par ces deux événements dans l’espace public parlent d’elles-mêmes, ces propos, au regard des éléments vidéo, sont mensongers. On ne décèle ni hostilité de la part des supporters, ni agents de la police municipale pris à partie. A contrario, des experts en matière d’opérations de police jugent que c’est par ce type d’interventions non- professionnelles que les agents peuvent se mettre en danger.

La municipalité n’est pas au courant…

Dans l’article du Monde, la municipalité se déclare : « Tenue non informée des faits filmés ». Elle précise via le cabinet du Maire que ces faits « ne sont actuellement pas corroborés par les informations dont [ils] dispos[ent] ».

On ne peut alors que s’interroger. Toute intervention même minime fait l’objet d’un procès-verbal, relatant la nature de l’intervention, les moyens déployés, les équipes engagées sur le terrain. Tout cela est censé être visé, tamponné, soumis à des règles bien précises avant, d’être lu par l’adjointe au maire, relu peut-être par le cabinet du maire, voire par le maire lui-même.

Et maintenant ?

L’IGPN, au vu des éléments qu’établit la vidéo, aura sans doute à cœur d’interroger leurs collègues.

Quant au cabinet du Maire, celui-ci évoque « en cas de preuves tangibles », « un dispositif d’enquête interne prévu afin de comprendre exactement quel a été l’enchaînement des faits ce soir-là ». Bref, on tergiverse.

L’adjointe à la sécurité, Nathalie Voralek, écrivait sur Facebook en réponse à l’interpellation d’une habitante choquée par une intervention de la police municipale : « Et oui je soutiens les agents car je sais leur travail et les difficultés rencontrées au quotidien. Mais le soutien et la confiance n’empêche[nt] pas le contrôle. Et justement pour que ça fonctionne, il faut être exemplaire. Après, beaucoup mélange[nt] usage de la force légitime et violences. Mais si un fait de violence avéré était constaté, personne ne le soutiendrai[t], moi la première, car il jetterait le discrédit sur tout le service ».

C’était le 25 janvier, moins de 15 jours plus tard les événements relatés par Le Monde se déroulaient dans le quartier de la gare.

Une vidéo circulait (encore une) ces derniers jours où l’on voit un policier municipal de la brigade générale à vélo, portant son casque, asséner deux coups de tête à un individu interpellé et précédemment giflé par un garde de l’espace public. Sur les réseaux sociaux Nathalie Voralek indique qu’une procédure disciplinaire a été engagée à l’encontre de cet agent. Dont acte. Là encore heureusement qu’il y a une vidéo !

Qu’en est-il, qu’en sera-t-il de la décision du maire, de son adjointe à l’égard des agents qui sont intervenus le 6 février à la gare ?

Les Dionysien.nes auront-ils une réponse ce soir lors du conseil municipal ?