Avant les 7 et 8 mars, en ce moment au cinéma L’Ecran, « La syndicaliste », rassemblement dimanche 5 mars place du 8 mai 1945 et lundi 6 mars, avec « Il nous reste la colère », toujours à L’Ecran, une semaine sous le signe des luttes à Saint-Denis.

, par Rosalie Merteuil

Au cinéma cette semaine à L’écran avec « La syndicaliste », le 5 mars place du 8 mai 1945 avec l’AG Interpro, le 6 mars toujours à L’Ecran avec « Il nous reste la colère » en présence de Philippe Poutou et le 7 et 8 mars en perspective, c’est bien une semaine sous le signe des luttes, du blocage et de la grève reconductible qui est en marche. Grève générale ? A quelques jours du triste anniversaire de sa disparition, quel meilleur hommage pouvait-on rendre à un dionysien dont la vie a été rythmée par le combat : Alain Krivine.

Cette semaine à L’Ecran. Commençons par le film La syndicaliste. Une personne résiste à une machinerie qui pourrait la broyer. Inspirée d’une histoire vraie. Une histoire inachevée car les actes criminels qu’elle a subis restent jusqu’à ce jour impunis. La protagoniste incarnée par Isabelle Huppert, toujours aussi juste, colonne vertébrale du film, côtoie le monde des puissants. Anne Lauvergeon (Areva), Arnaud Montebourg (ministre), Henri Proglio (EDF et ex-Véolia). Puissance politique ou industrielle, Areva, EDF…
A nouveau une magnifique interprétation d’Isabelle Huppert, syndicaliste lanceuse d’alerte qui fait la bise à la patronne (dialogue social ? complicité féminine ?), Anne Lauvergeon mais cloue le bec à son successeur d’un implacable « Je vous laisse la Grappa, vous me rendez le séminaire ». Un successeur incarné par le très convaincant Yvan Attal qui avait supprimé un séminaire sur l’égalité homme-femmes et tenté d’amadouer la syndicaliste d’un voyage à Rome agrémenté de Grappa. Force de résistance la syndicaliste en subira les conséquences. Séquence la plus glaçante, celle de son séjour à l’unité médico-judiciaire. La machine à broyer est en marche.
Le film, sorte de thriller politique, met en lumière le démantèlement de la filière et les acteurs de l’industrie nucléaire (de la construction des centrales au traitement des déchets). Au-delà de l’intérêt de revenir sur cette histoire et ses protagonistes, remake de David contre Goliath, ses barbouzes et ses appendices (l’institution policière et judiciaire) le film peut prendre aujourd’hui une saveur particulière.
Il sort sur les écrans au moment où le gouvernement, souhaitant prolonger la vie des centrales nucléaires, s’attaque au fondement de la sureté nucléaire avec la disparition programmée de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de sureté nucléaire) chargé de l’expertise et de la recherche, au profit de l’ASN (Autorité de Sureté Nucléaire), responsable du contrôle et des décisions qui doit faire face à une montée en charge de ses activités liées au projet de loi d’accélération du nucléaire.
Les salariés de l’IRSN, syndicalistes et lanceurs d’alertes confondus, étaient dans la rue le 28 février.
Peu susceptibles d’être accusés d’opposants systématiques et d’adversaires de la Macronie, l’ex-député LREM Cédric Villani ou l’ex-ministre Barbara Pompili dénoncent le danger pour la sureté nucléaire de la liquidation de l’IRSN, l’organisme créé au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.

Dimanche 5 mars. C’est l’AG Interprofessionnelle de Saint-Denis qui convie les Dionysien.nes à rejoindre la place du 8 mai 1945 pour une Kermesse pour nos retraites de 11h à 13h. Incontournable.

Lundi 6 mars. Toujours à L’Ecran, une histoire de lutte. Celles des ouvriers, des salariés de l’usine Ford de Blanquefort en Gironde qui se battent pour l’emploi. Le syndicaliste et ses camarades sous les feux de la rampe c’est l’ex-candidat à la présidentielle, membre du NPA, Philippe Poutou qui sera présent à l’issue du film réalisé par par Jamila Jendari et Nicolas Beirnaert, Il nous reste la colère. L’usine Ford de Blanquefort, dans laquelle a travaillé Philippe Poutou durant 21 ans, a fermé ses portes le 1er octobre 2019. 849 personnes avaient été licenciées, 250 mises en pré-retraite. 

Mardi 7 mars. La journée commence tôt, c’est dès potron-minet, à 5 h, par un piquet de grève au dépôt RATP de Pleyel. L’objectif de la journée : que plus rien ne bouge, à part la manifestation et à 18h15 c’est La Syndicaliste à L’Ecran.

Non pas un pays qui se tient sage mais un pays en lutte et à l’arrêt.

Mercredi 8 mars. On continue. Elles continuent. Grève générale.