C’était il y a sept ans. Les 7, 8 et 9 janvier 2015. 17 personnes tombaient sous les balles du terrorisme islamiste. Nommer et ne pas oublier.

, par Michel Ribay

L’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo le mercredi 7 janvier 2015 à Paris, jour de sortie de l’hebdomadaire, frappait de stupeur l’ensemble du pays. C’était le premier d’une longue série d’attentats qui allait toucher la France cette année là jusqu’à ceux du 13 novembre au Stade de France à Saint-Denis et dans différents quartiers de la capitale.

Le 7 janvier, entre 11h28 et 11H30, les cinq dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l’économiste Bernard Maris, le correcteur Mustapha Ourrad (tous membres du journal), le policier Franck Brinsolaro qui assurait la protection de Charb et Michel Renaud, cofondateur du festival Rendez-vous du carnet de voyage, invité à assister à la conférence de rédaction, sont assassinés.

Frédéric Boisseau, chargée de la maintenance du bâtiment qui abrite la rédaction de Charlie est abattu en premier.

Un gardien de la paix, Ahmed Merabet, est tué sur le boulevard Richard-Lenoir par l’un des deux frères Kouachi, au cours de leur fuite.

Ce 7 janvier 2015, douze personnes sont assassinées. L’attentat fait onze blessées, dont quatre grièvement.

Parmi les blessés, deux membres de la rédaction qui, de cette horreur, tireront deux livres.

Celui de Riss, intitulé Une minute quarante-neuf secondes, dédié aux innocents, vivants, morts ou fous un récit qui tout en affirmant que « se croire capable de partager cette expérience avec les autres est une entreprise perdue d’avance. » réussi à démentir jusqu’aux premiers mots du livre "Il est impossible d’écrire quoi que ce soit ".

Celui de Philippe Lançon, un chef-d’œuvre, qui nous fait éprouver dans notre chair la lancinante douleur de la reconstruction avec le Lambeau. On n’a non pas du mal à le lire, on a mal tout court tant son parcours de rescapé entre blocs opératoires, chambres d’hôpitaux et séances de rééducation épuise et taraude notre propre corps.

Le 8 janvier, un complice des frères Kouachi, Amedy Coulibaly, abat une policière municipale à Montrouge, Clarissa Jean-Philippe.

Le 9 janvier, il tue quatre personnes au cours d’une prise d’otages dans une supérette casher porte de Vincennes.

Le dimanche 11 janvier 2015, une manifestation rassemble plus d’un million et demi de personnes, tandis que sur deux journées, plus de quatre millions de Français défilent sur tout le territoire.

7 ans après. Des hommages sans prise de parole.

Des hommages ont été ou seront rendus sur les différents lieux, rue Nicolas Appert, à l’ancien siège de Charlie, boulevard Richard Lenoir où fut abattu le policier Ahmed Merabet, à Montrouge pour Clarissa Jean-Philippe, et pour Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab, Porte de Vincennes devant l’Hyper Cacher.

En 2017, pour rendre hommage à l’économiste Bernard Maris, dit Oncle Bernard, qui outre ses chroniques dans Charlie Hebdo, enseignait à l’Université Paris 8, un square était inauguré à son nom, à Saint-Denis.

On apprend ce jour sur le compte Facebook du député Stéphane Peu que celui-ci avait signalé, en novembre dernier, au Maire et Président de Plaine Commune, Mathieu Hanotin, la disparition de la plaque d’hommage à Bernard Maris.

Celui-ci s’étonne de n’avoir reçu aucune réponse à son courrier et surtout que rien n’ait été entrepris depuis ce signalement.

A cette occasion une utile précision pourrait aussi être apportée. Les attentats du 7, 8 et 9 janvier 2015 ont été revendiqués par Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) dont se réclamait leurs auteurs, ceux du 13 novembre de la même année par l’Etat islamique (Daesh). Il s’agit donc bien d’attentats terroristes islamistes. Ce dernier qualificatif ne figure ni à Saint-Denis, ni sur les plaques rendant hommage aux victimes du 13 novembre à Paris.

Réparer les vivants. Honorer les morts. Nommer et ne pas oublier.

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