– Actuellement co-présidente de l’Association de l’Ecran, au-delà de votre passion pour le 7ème art qu’est ce qui vous a motivé pour l’être et quelle est le rôle de l’Association ? Comment fonctionne t-elle avec l’équipe de l’Ecran ?
Chantal Chatelain : Spectatrice assidue - et heureuse de pouvoir l’être -de l’Écran, j’étais au bureau de l’association Cinéma l’ECRAN, élue représentante des spectatrices/teurs. Quand Claudie Gillot-Dumoutier a quitté ses fonctions de présidente, mon nom a été proposé pour lui succéder.
J’ai accepté, sachant très bien que je serais une présidente de transition puisque l’avenir du cinéma était en point d’interrogation. Le trésorier, Christian Blanchet, est toujours associé aux réunions et prises de décision avec la direction de l’Écran, même si on ne peut parler officiellement d’une « co-présidence. Le cinéma l’Écran a un statut associatif. Nous avons donc régulièrement des réunions, formelles comme informelles avec le directeur Laurent Callonec. Aucune décision n’est prise sans concertation.
– Les cinémas classés Art et Essai remplissent une mission d’intérêt général, culturelle, en assurant la diffusion d’une pluralité de créations d’œuvres de fiction ou de documentaires, à ce titre ils participent de ce que l’on a appelé « l’exception culturelle », la volonté d’affirmer que si le cinéma est une industrie il est avant tout un acte de création, un propos sur le monde, l’expression de sensibilités singulières qu’il est indispensable de préserver. Comment l’Ecran joue-t-il ce rôle ?
Cinéma « Art et Essai » : oui, il n’est que de regarder attentivement la programmation exigeante et pointue ainsi que toutes les offres de rencontre avec des réalisateurs, actrices et acteurs pour prendre conscience que cette mention est totalement justifiée et remplit complètement son rôle ici à Saint Denis. Le festival « Les Journées cinématographiques » ex « Est-ce-ainsi » en est l’acmé si je puis prendre cette comparaison. La programmation en direction de l’enfance et de la jeunesse, scolaire ou non, est importante et appréciée. Il n’est que de voir les ciné-goûter du dimanche ! Ainsi que les dispositifs en direction des écoles, collèges et lycées.
Sans oublier de mentionner l’exigence (ou même la difficulté) que peut représenter pour certaines spectatrices, spectateurs la diffusion en VO !
– Le secteur de la culture, les cinémas ont beaucoup souffert de la crise sanitaire pendant près de 170 jours entre fermeture, jauges et couvre-feu. On assiste à cette occasion à un double phénomène : la consolidation d’un public, entre autres amateur de séries, et de films diffusées sur des plateformes mais aussi à la sortie de la dernière phase de « confinement », à un fort besoin de retour dans les salles. Comment ce retour dans les salles s’est passé à L’Ecran ?
La fréquentation des salles de cinéma, de théâtre ou tout autre lieu de « culture » est en baisse au niveau national. Effet pandémie, changement d’habitudes, nouvelles propositions, offres tout cela joue aussi à l’Écran, mais globalement « on » ne s’en sort pas si mal, sans doute le bénéfice, le produit de la qualité.
– Beaucoup de questions se posent pour l’avenir de l’Ecran, son développement, les moyens alloués, – les subventions ont été réduites dernièrement – son statut aussi puisqu’un rapport est présenté ce jeudi 6 octobre au conseil municipal pour la création d’un « service public municipal de cinéma ». Le rapport souligne qu’en « comparant les statistiques communiquées par le CNC en 2019, pour des cinémas dotés de 2 salles, l’Ecran est le plus fréquenté de la Seine Saint Denis (sur 5 établissements), le 9eme d’Ile de France – Paris inclus (sur 47 établissements) et le 22ème de France (sur 272 établissements) ». Cela témoigne du formidable travail mené depuis des années comme cinéma classé Art et Essai. Les missions envisagées pour un « cinéma municipal » sont l’ADN même de l’Ecran, on se demande d’où vient cette idée de souhaiter ce qui existe déjà et dont les résultats illustrent le bien fondé ? Si c’est pour donner plus de moyens, banco pourriez-vous dire ? Qu’en pensez-vous ?
Sur le plan local, ici, à Saint Denis, se pose la lourde question du changement de statut de l’Écran. La loi Sueur [qui réglemente l’attribution des subventions aux salles de cinéma Art et Essai. NDLR] est invoquée pour justifier, expliquer un changement de gouvernance par la municipalité. Création d’un service public, municipalisation…Une DSP été évoquée (délégation de service public) ….
La difficulté pour moi, pour nous, a été l’impression - euphémisme - que nous n’étions pas suffisamment associés aux questionnements, aux interrogations, à l’évaluation des différents choix et possibilités existantes.
Il y a, en tous cas il semble y avoir, une reconnaissance du travail, de la place de l’Écran, de son rôle significatif dans la ville (et au-delà) et une volonté de sa pérennité dans les déclarations, les échanges avec l’élue à la culture Nadège Grobois et le directeur général.
Mais j’avoue être un peu « tombée de ma chaise » en lisant le bulletin municipal de rentrée « Spécial culture » : rien, absolument rien sur l’Écran !
Beaucoup de dionysiennes, dionysiens m’ont interpellée à ce sujet !
Et pas seulement les habitués, mais les citoyens « ordinaires », qui tiennent à leur cinéma.
Oui, j’insiste « leur » cinéma. Les gens s’inquiètent, c’est vrai.
Il y avait eu l’espoir d’un agrandissement de l’Écran avec la création d’une ou deux salles supplémentaires, avec un lieu de vie, des horaires élargis. Tout cela est en stand-by.
Je veux pouvoir croire que nous continuerons à avoir un cinéma de qualité, avec une équipe de qualité, ce qui est le cas actuellement, que ce soit à la direction, ou à l’accueil où chacune, chacun est conscient que ce lieu est plus qu’un simple lieu de diffusion d’images animées.
Pour poursuivre :
https://etatsgenerauxcinema.wordpress.com/29-2/
Pour nourrir le débat sur le statut des salles de cinéma un entretien avec Stéphane Goudet, directeur artistique du cinéma "Le Mélies" de Montreuil paru en 2015 et ici interrogé en mai 2021 par Pierre Jacquemain du mensuel Regards au moment de la réouverture des salles de cinéma après le confinement.