De scrutins en scrutins, d’années en années le grand trauma d’avril 2002, lorsque les Français découvrent, sonnés, Jean-Marie Le Pen franchir le barrage du second tour de la présidentielle, s’est estompé. Dilué, émoussé à tel point qu’il avait disparu.
Avant même le résultat, les multiples sondages attribuant un score supérieur à 30 % au Rassemblement national ne provoquaient aucun choc dans l’opinion, habituée à une progression du vote lepéniste touchant peu à peu des secteurs de la population jusqu’ici rétifs à son discours.
Du raz de marée rejetant par millions, la jeunesse en première ligne, Le Pen en 2002, les instituts de sondage montrent qu’une large partie de la jeunesse en pince aujourd’hui pour Jordan et seules quelques centaines de personnes étaient au pied de la statue de la République, hier soir, à Paris.
Le pouvoir discrétionnaire accordé au président de la république par les institutions de la 5ème république l’a conduit à réactiver le trauma, à chaud.
Emmanuel Macron a fait le choix de la guerre de mouvement contre une guerre de positions nous menant en 2027.
Une manœuvre d’accélération du calendrier dans les pires conditions – il répond positivement à la demande du RN de dissolution, ce dernier en pleine dynamique –, la gauche et les écologistes divisés à ce scrutin et confrontés à une recomposition des rapports de forces internes qui vont peser sur le choix des investitures, le tout dans le contexte européen que l’on connaît.
Les vainqueurs de ce 9 juin ont plusieurs noms : Le Pen, Bardella, Meloni, Orban, Poutine.
Le lepénisme se combat par des actes tout comme le macronisme. Les dernières législatives l’ont montré.
Le premier acte porte un nom : l’union.
Macron, Le Pen-Bardella parient sur l’inverse. C’est la désunion de la gauche et des écologistes qui est le terreau d’un pari fou du président, du risque d’une assemblée brun horizon au soir du 7 juillet.
Une semaine avant la célébration de la fête nationale, les valeurs de la République peuvent être foulés au pied, piétinés, et durablement abimés.
L’union n’est pas une option, un scénario, elle est un impératif et peu importe son nom autour d’un programme pour une alternative politique.
La gauche et les écologistes ne sont pas au pied du mur. Nous sommes, depuis le 9 juin au soir, le dos au mur. En Europe, les Pays-Bas ont montré la seule voie possible.