MaMaMa, trois ans après leur création, elles sont encore là. Et toujours indispensables.

, par Michel Ribay

3 ans après sa création l’association MaMaMa fêtait jeudi dernier, dans les locaux qu’elle occupe rue de la métallurgie, son anniversaire. Ce fut l’occasion encore une fois de mesurer l’énorme soutien apporté à l’association par des dizaines de personnes. Encore une fois, ils rencontraient toute une équipe de salariés et bénévoles, toujours animée malgré les difficultés, du même enthousiasme qu’au début de l’aventure. Récit d’une solidarité à toutes épreuves.

De l’enthousiasme, des convictions et de la ténacité pour tenir.

De l’enthousiasme pour tenir et ne pas lâcher devant l’ampleur de la tache à laquelle cette équipe a été confrontée. D’abord, bien que ce ne fut pas une complète surprise, découvrir l‘ampleur des besoins, les attentes, et répondre, aux milliers de femmes et d’enfants en situation de précarité infantile, en pleine crise sanitaire du Covid, fut un choc.

Des convictions et des caractères bien trempés il en a fallu pour toute une équipe qui a su grandir, s’adjoindre les multiples compétences indispensables (logistique, de communication, comptabilité, ingénierie de projets) pour collecter et redistribuer à plus d’une centaine de milliers bénéficiaires des produits de première nécessité pour de jeunes femmes et leurs enfants.

MaMaMa s’écrit en chiffres. En bénéficiaires, 104 000 en trois ans. En tonnage de biens collectés et redistribués, en km de livraison, en milliers de rendez-vous d’accueil de bénéficiaires soit 13 000, 173 centres de Protection Maternelle et Infantile livrés en Ile-de-France, 95 sur les 107 présents dans le 93 et 100 % de ceux implantés sur Saint-Denis, des centaines de réunions avec les soutiens qu’ils soient financiers, institutionnels, politiques, individuels, des milliers de messages de soutien sur les réseaux ou ailleurs. En éclats de rires. En pleurs aussi, de joie ou de peurs.

De la ténacité, il en aura fallu et il en faut encore pour faire face aux embûches auxquelles elles n’auraient jamais supposé devoir faire face. Les intimidations, les menaces, les violences, les promesses non tenues, toutes choses qui ont menées, outre les blessures et souffrances individuelles, à rajouter de la précarité à la précarité. A consacrer de l’énergie à se défendre.

De la précarité, de l’incertitude quant à la possibilité de maintenir l’activité en direction de femmes en précarité, ça fait beaucoup. Ca laisse des traces. Mais elles tiennent. Elles, parce que ce sont majoritairement des femmes que l’on rencontre à MaMaMa, logique.

Un engagement d’intérêt public

Elles tiennent parce qu’il a fallu tenir malgré l’incertitude du procès à Bobigny, malgré les difficultés rencontrées encore aujourd’hui. D’abord la recherche toujours en cours d’un local, condition essentielle pour le maintien de l’activité. Un nombre de m2 incompressible, l’indispensable nécessité de transport en commun à proximité, une desserte aisée pour les livraisons et le prix, une équation difficile à résoudre.

Le choc de l’inflation pèse sur les dons. Une collecte dans un magasin s’avère aujourd’hui bien plus difficile avec la perte de pouvoir d’achat. L’on donne moins tant on a soi-même de plus en plus de difficulté à boucler les fins de mois.

On récolte aujourd’hui deux fois moins de produits qu’il y a un an. L’inflation ronge les ménages… et la solidarité.

Dans ce contexte le soutien des pouvoirs publics, d’entreprises, d’associations, de fondations, indispensables depuis le début n’en est que plus nécessaire.

Ces soutiens précieux étaient là auprès de MaMaMa jeudi dernier. Certains, empêchés au dernier moment, n’ont pu honorer MaMaMa de leur présence mais l’association sait que leur soutien leur est acquis quelles que soient les difficultés temporaires rencontrées par les uns ou les autres.

L’enthousiasme, les convictions, la ténacité partagés permettront de franchir les obstacles. Souhaiter longue vie à MaMaMa serait s’accommoder avec la persistance de la précarité infantile. MaMaMa doit vivre parce qu’elle demeure aujourd’hui d’intérêt public.

Le sens des réalités, les besoin qui subsistent aujourd’hui et malheureusement demain doivent conduire à tout mettre en œuvre pour que MaMaMa puisse poursuivre.

Pour les femmes, leurs enfants. Leurs avenirs.