Rénovation du centre-ville : apaisement ou éteignoir ?

, par Christian Davide

Le maire a présenté le 10 décembre ses grandes orientations concernant les espaces publics du centre-ville. Depuis, force est de constater que la résidentialisation de l’îlot 8 continue d’être contestée par les locataires. On lira les communiqués du DAL et l’article de Jean-Marc Bourquin à ce propos sur ce blog. Par ailleurs, de multiples questions dont certaines déjà soulevées sur ce blog restent entières. Voyons en quelques unes.

La réfection de la place Jean-Jaurès est-elle si prioritaire, alors que la place de la Résistance mériterait d’être végétalisée, que l’abandon du conservatoire laisse ‘étale’ cette périphérie de la place du 8 mai-1945, sans parler du cimetière ou des « dents creuses » (rue Fontaine, jardin Haguette, rue Renan,…) du centre-ville ?
Qui peut croire que d’ici les JOP la place Jean-Jaurès sera fouillée, refaite et livrée ?
Comment sera géré un tel espace ?

Le déplacement du marché suscite d’autres interrogations.

Transformer la halle du marché en halle gastronomique (avec restaurant à l’instar de certains marchés de Nantes, Toulouse, Saint-Etienne, Montpellier, etc.) est très à la mode mais très contradictoire avec le vrai et grand marché populaire qu’est le marché - du monde - de Saint-Denis.
Voudrait-on n’en faire qu’ « un marché de quartier » (expression utilisée par le maire le 10 décembre en mairie) ?

Déplacer les commerçants installés aujourd’hui place Jean-Jaurès ? Bien peu de commerçants sont prêts à partir place du 8-Mai-1945. Dissocier les espaces contigus du marché actuel c’est déstabiliser l’ensemble, fragiliser son équilibre, le mettre en danger. Ils le savent. Qui plus est la dalle de la place du 8 mai 1945 sur le parking Vinci n’est pas prévue pour un tel usage. Quant à la sécurité (préoccupation chère à la municipalité), un marché entre deux tramways interroge énormément. On peut craindre une suspension… voire une fermeture définitive au premier accident grave.

Désenclaver le centre ville ou rendre son accès plus difficile ?

La suppression des bus en centre-ville permettrait-elle un meilleur vivre ensemble dans la ville ? De meilleurs liens avec les quartiers (ceux du nord et de la Plaine, notamment) ? Des navettes électriques auraient-elles un intérêt : combien en faudrait-il pour répondre aux besoins des usagers à l’arrêt Basilique ? Quelles conséquences aurait cette rupture de continuité ? Quant à déplacer un arrêt du tramway pour l’éloigner du centre commercial, on se demande comment cela améliorerait l’attractivité de celui-ci, pourtant revendiquée haut et fort.
La rénovation annoncée du centre-ville prend-elle en compte l’évolution du commerce ? Moins de sédentaires, plus de e-commerce ? Le besoin de bureaux et locaux d’activité en hyper-centre ?
Dans ce catalogue de décisions annoncées, quels nouveaux espaces pour les jeunes ? Les enfants ? Pour se poser ? Le besoin de toilettes publiques ?

Quelle ville demain ?

Plus de 426 millions d’euros sont mobilisés au total pour la rénovation urbaine du centre ville, du Franc Moisin, de Floréal Saussaie Courtille, c’est un financement colossal. Mais n‘est-ce pas un autre Saint-Denis qui se dessine ? Un centre-ville (comme la place Sainte-Marthe à Paris, dit le Maire) débarrassé d’une partie de ses habitant.e.s, un quartier Pleyel à dimension européenne et attractivité d’affaires, quant au reste… quel projet urbain ? S’agit-il d’épouser la montée des prix qui accompagne l’arrivée de jeunes couples, dont des parisiens, repoussés en proche banlieue….

On voit là l’urgence de marketer un centre-ville pour les JOP, alors même que peu à peu mais inexorablement les sites envisagés sur le département se vident des épreuves des Jeux olympiques, au profit de Paris et du Sud francilien !

En définitive ce centre-ville dit apaisé semble prendre le chemin d’un morne éteignoir.