Salons de coiffure : « Pas le dimanche » ! Et en semaine, on fait quoi ?

, par Rosalie Merteuil

Depuis le dimanche 25 juillet et en vertu d’un arrêté préfectoral datant du 1er avril (sic !) 1936 rappelés par un courrier du Maire en date du 22 juin les salons de coiffure dionysiens doivent fermer le dimanche.

Pour ceux qui s’interrogent sur cette décision faute d’une explication ou d’un communiqué de la mairie sur son site (là encore la liquidation du JSD montre à quel point son existence était utile) c’est sur Facebook, pour ceux qui n’ont pas connaissance du courrier, qu’on y trouve quelque explication.

Ainsi sur le compte Facebook de Rabia Berraï, nouvel élu au commerce, on peut lire le post suivant :

“En vertu d’un arrêté préfectoral, la Ville de Saint-Denis rappelle l’obligation aux salons de coiffure du territoire d’être fermés au public tous les dimanches.
Cet arrêté a vocation à faire respecter l’obligation légale de repos prévue par l’article L. 221-5 du Code du Travail et reprise par la Convention collective nationale de la coiffure et des professions connexes du 10 juillet 2006.
Je remercie les coiffeurs de la ville pour leur travail au quotidien et me tiens avec ma collègue Nathalie Voralek Saint Denis à leur disposition pour échanger sur l’activité de leur commerce à Saint-Denis.“

Chacun conviendra que c’est un peut court.

Faute d’en savoir plus à ce stade sur ce qui le 22 juin 2021 a motivé l’exhumation d’un arrêté préfectoral du 1er avril (sic !) 1936 on s’attardera, et c’est le plus important, sur le motif invoqué :

“Cet arrêté a vocation à faire respecter l’obligation légale de repos prévue par l’article L. 221-5 du Code du Travail et reprise par la Convention collective nationale de la coiffure et des professions connexes du 10 juillet 2006. “

Le motif est tout à fait louable. Faire respecter le code du travail ne se discute pas.

On s’interroge quand même si ce motif n’aurait pas vocation à s’étendre à d’autres activités.

En effet, est-on bien sûr que dans la restauration l’obligation légale de repos est respectée ? Est-on bien sûr que cela est aussi le cas dans quelques taxiphones ou épiceries multi-services ?

Certes il faut bien commencer par quelque chose mais on se demande si la reprise de cet arrêté n’est pas là en fait pour limiter les diverses nuisances générées par un certain nombre (un nombre certain) de salons de coiffure ?

Car pour ce qui concerne le respect du repos hebdomadaire un corps professionnel et des procédures existent : l’inspection du travail.

D’où l’interrogation.

Interrogation redoublée puisqu’on ne voit pas en quoi la fermeture du dimanche pourrait mettre fin à des faits aujourd’hui bien réels se déroulant au vu et su de tous du lundi au samedi… et le dimanche avant ce fameux 25 juillet.

Racolage agressif rue Gabriel Péri vers certains salons, consommation de produits alcoolisés ou autres indoor et outdoor, concurrence commerciale exacerbée conduisant à des rixes sur la voie publique et alors que le variant Delta se diffuse à grande vitesse le port du masque est très optionel dans des locaux bondés, exigus ou configurés d’une telle façon que toute aération y est impraticable !

D’où à nouveau l’interrogation ?

Pour le repos hebdomadaire qui pourra affirmer que les employés des salons dionysiens n’iront pas exercer ailleurs pour compenser l’éventuelle perte pécunière de cette fermeture ? Quel contrat de travail pour les rabatteurs ? Payés au client ?

Il s’agira donc pour le moins (et ce n’est pas inutile) d’un apaisement en vue du repos dominical pour les riverains, passants et promeneurs du dimanche.

Tout cela est bien compliqué, certains sujets restent en souffrance, poursuivons donc l’interrogation :

“Je remercie les coiffeurs de la ville pour leur travail au quotidien et me tiens avec ma collègue Nathalie Voralek Saint Denis à leur disposition pour échanger sur l’activité de leur commerce à Saint-Denis.“ nous dit Rabia Berraï le nouvel adjoint délégué au commerce dont la nomination n’a surpris personne, nombre de dionysiens sachant que depuis le début de la mandature c’était son souhait le plus cher, il était d’ailleurs l’intervenant récurrent de l’opposition sur ce dossier dans l’ancienne mandature.

Donc Rabia Berraï, après avoir été délesté de l’Economie sociale et solidaire initialement confiée à Shems El Khalfaoui, aujourd’hui transmise à Bertrand Revol ancien adjoint au commerce mais visant la culture, (pauvre EES ballotée en si peu de temps !) va s’entretenir… avec les coiffeurs de la ville.

Pour dire quoi ?

“Qu’il est désolé. Que oui il comprend bien, pour votre salon on sait que cela n’a pas de sens mais on peut pas faire autrement, vous comprenez… Péri…Je comprends bien, oui vos clients… Mais…Péri et puis vous savez…oui 1936… oui… mais c’est un arrêté PRÉFECTORAL”

Et Nathalie Voralek, l’adjointe à la tranquillité publique.

Pour dire quoi ?

“Que c’est comme ça. Que c’est un arrêté et qu’elle est là pour le faire respecter. Et que le repos hebdomadaire c’est important et que oui elle qui se couche à pas d’heure en tournant avec les équipes de la PM trèèèèès tard, le repos vous comprenez on en a tous besoin. Bref, que c’est comme ça et pas autrement, et que même Rintintin à la brigade canine a droit au repos, alors avec mon collègue Unité, tac-à-tac-à-tac ! Efficacité, tchac-tchac-tchac ! “

Bref. Tout ça est bien compliqué.

Mais tout cela serait plus clair, explicite et lisible si étaient activées avant tout des procédures multiples relevant du droit, code du travail et de la santé publique : contrôle de l’inspection du travail, des CODAF (comités opérationnels départementaux anti-fraude), des habilitations professionnelles (diplômes), du respect des procédures d’hygiène dans l’exercice du métier et Covid oblige contrôle du port du masque…

Pour conclure, sévir pour le respect du droit du travail, du repos hebdomadaire c’est bien (quoiqu’on puisse s’interroger sur l’efficience de la mesure quant au motif), s’atteler à faire aussi cesser les infractions qui relèvent de la santé publique et sur lesquelles la municipalité a les moyens d’agir c’est indispensable.

N’est ce pas ce que les Dionysiens sont en droit d’attendre de la première-adjointe de Mathieu Hanotin, vice-présidente de Plaine-Commune, conseillère métropolitaine, co-présidente du groupe Notre Saint-Denis et en charge du logement, de l’habitat indigne, de l’hébergement d’urgence, de la rénovation urbaine et de …la santé.

Allo, Madame Bontinck ?

Concernant le travail du dimanche, parions dès à présent que le Maire ne s’appuiera pas sur cet arrêté pour renoncer à son projet d’ouverture des médiathèques… le dimanche !

Ah, que tout ça est compliqué !