Les observateurs attentifs de la vie politique dionysienne ne sont en rien surpris de "ces échanges ". Dans cette affaire, notons d’abord une imposture : présenter Kader Chibane et Whalid Allam comme élus d’opposition. A suivre les débats au conseil municipal on se demande en quoi leurs interventions ont quoi que ce soit à voir avec celles d’élus d’opposition. Etre élus d’opposition c’est s’opposer à une politique de la majorité. Etre élu de la majorité c’est défendre une politique, celle de la majorité. Cela demande à tout le moins dans les deux cas une colonne vertébrale politique, des convictions, une ligne de conduite.
Pour ce qui concerne Kader Chibane, on la connait. Candidat sur une liste aux élections municipales de 2008, conduite par Georges Sali, proposant, face à celle de Didier Paillard, des centaines de caméras de video-surveillance et des centaines de policiers municipaux, il rejoint en 2014 la liste conduite par Didier Paillard pour, au conseil municipal, faire entendre au nom d’EELV, une petite musique : son opposition à la video-surveillance.
Retour donc au bercail aujourd’hui, les centaines de caméras sont là, la police municipale est aujourd’hui armée. Autant de mesures défendues, réclamées avant hier, "discutées" hier, approuvées aujourd’hui. Bref, chacun sait que " Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent " selon la formule du Radical Edgar Faure.
Un parti, le Parti Radical, où l’on trouve le meilleur, Jean Moulin, Jean Zay, Pierre Mendès France jusqu’au pire, que nous ne citerons pas, en passant par Robert Fabre, signataire du programme commun au nom des Radicaux de gauche. C’est au nom de cette formation qu’un élu (dit d’opposition) Spencer Laidli, qui a brillé par son absence au conseil municipal depuis de très nombreux mois, (sans réaction connue du maire qui en vertu du règlement intérieur du conseil aurait pu prendre des mesures – les a-t-il prises ? [1] va permettre la création d’un groupe au sein de la majorité.
C’est en fait la seule surprise du jour permettant d’éviter le renfort d’un membre de "Notre Saint-Denis" pour créer ce groupe satellite au sein de la majorité municipale.
Les convictions politiques de Spencer Laidli ne semblent pas avoir résistées au fait que son nom n’avait pas été retenu sur la liste qui devait rassembler au deuxième tour en juin 2020, le PCF, LFI, EELV et… les Radicaux de gauche. On peut s’interroger sur sa représentativité, le logo des Radicaux de Gauche ne figurant d’ailleurs pas sur le tract d’annonce "d’élargissement de la majorité municipale".
Résumons : Les prétendus oppositionnels ont l’échine si souple qu’elle s’élargit et un élu d’opposition fantôme – absent sur la photo du tract (sic !)– devrait ressurgir au conseil.
Passons sur le fait que tout ça s’opère au nom de l’intelligence collective (sic !) du rassemblement de la gauche, on y évoque la dynamique de la NUPES, l’extrême droite et même la montée du complotisme !
Pour ceux qui n’auraient pas bien senti cette dynamique de rassemblement, il leur suffit de se rapporter aux nombreuses actions, prises de positions, présences sur le terrain dionysien des dépositaires de la marque EELV ces derniers mois sur tous les sujets de mobilisations !
Parions, dès à présent, que Kader Chibane et consorts vont nous jouer la petite sérénade d’une "sensibilité" propre au sein du conseil qui n’empêchera pas, comme le dit le tract, "une vision partagée ”. Autrement dit jouer du pipeau pendant que l’orchestre avance au son du tambour.
Une remarque, une citation et une question.
La remarque : aucun débat au sein du groupe local EELV n’a précédé ce ralliement et il semble bien qu’à divers niveaux d’instances internes, si ce n’est pas une surprise, beaucoup l’apprennent brutalement ce jour. On s’interroge dans ces conditions sur la présence du logo EELV sur le tract, mais bon si on s’en considère comme LE dépositaire, pourquoi se gêner ? Faire de la politique autrement, dit-on ?
La citation : "Non contents donc de n’avoir servi à rien si ce n’est à se décrédibiliser aux yeux de tous, ces militants de leurs intérêts personnels, jamais avare de cynisme et manifestement peu soucieux des enjeux qu’ils sont censés porter, ont donc décidé de repartir avec le Maire. L’absence notoire de convictions et l’incontestable non-inscription de cette décision dans la réalité tangible de notre ville désarmeront, décourageront ou feront hurler de colère les centaines de sincères sympathisants écologistes de notre ville qui attendaient autre chose de ceux qui avaient la responsabilité morale de porter ces questions essentielles dans la campagne municipale." C’est Corentin Duprey, actuel co-président du groupe « Notre Saint-Denis » s’exprimant ainsi au sujet des « leaders locaux », « dépositaires du logo EELV à Saint-Denis ».
Puisqu’on vous dit que c’est pas la girouette, c’est le vent !
La question : que pense de cet élargissement l’adjointe à la culture et au patrimoine ?
Nous en resterons là… pour aujourd’hui.