Il y a près de deux ans, en juin 2022, le tribunal administratif donnait raison au Syndicat des commerçants : les travaux de la place du 8 mai 1945 étaient suspendus.
Saisi en référé, le tribunal avait suivi leurs arguments et avait suspendu les travaux en cours place du 8 mai 1945. Ce recours était motivé par divers points.
Le syndicat contestait la décision du 8 avril 2022 autorisant l’exécution des travaux d’aménagement de la Place du 8 mai 1945, en vue du réaménagement du marché de Saint-Denis et qui portait atteinte selon le syndicat aux conditions d’exercice de la profession des commerçants.
Plusieurs points d’argumentation avaient été avancés dont au moins deux concernant directement les conditions dans lesquelles l’activité commerciale allait pouvoir s’exercer :
– l’engagement des travaux de réaménagement de cette place avant que le Syndicat n’ait émis un avis,
– la nature des travaux qui ont pour effet de réduire le nombre d’emplacements et de stands et modifient les conditions d’installation et de vente des commerçants non sédentaires,
Ces arguments allaient être suivis après la reprise des travaux, leur achèvement et le déplacement du marché de propositions des commerçants nouvellement installés place du 8 mai 1945 en direction de la municipalité pour améliorer – et en vue de limiter la casse financière subie – la situation sur ce nouvel emplacement.
Une partie des propositions faites par le syndicat des commerçants des marchés de Saint Denis afin d’améliorer le fonctionnement du marché place du 8 mai 1945 reste d’actualité :
– créer une continuité entre la Halle et la place du 8 mai 1945 en installant des commerçants rue Gabriel Péri.
– créer de nouveaux emplacements face à l’arrêt du tramway et face à l’arrêt de bus afin de donner une meilleure visibilité au marché.
– rapprocher tous les commerçants installés du côté de la Poste vers les nouveaux emplacements ainsi que sur les places vacantes.
– créer de nouvelles allées afin de permettre aux clients de mieux circuler car certains stands sont collés les uns aux autres.
– créer un espace buvette ainsi que des toilettes.
Toutes ces propositions s’étaient heurtées à un refus de la ville, Mathieu Hanotin, indiquant que tant que des recours juridiques pesaient sur la ville, il ne bougerait pas.
Chaque jour passant nous rapprochant de l’échéance des élections municipales de mars 2026, la municipalité serait-elle en train de se dire qu’il est temps de d’adoucir leur position en convoquant la réunion du 3 mai ?
Côté marché, jouer les uns contre les autres, diviser pour mieux régner ?
Nouveauté dans la convocation, outre les organisations syndicales dument répertoriées et leurs présidents élus, l’apparition d’un nouveau vocabulaire voire une nouvelle catégorie : les « organisations professionnelles intéressées »… Kesako ?
S’agit-il de personnes se revendiquant de « collectifs de commerçants » qui, selon les informations recueillies, semblent plutôt défendre des points de vues particuliers qu’être porteurs de revendications d’ensemble, partagées par l’ensemble des commerçants et portées par des représentants élus et reconnus ?
S’agit-il pour la municipalité de favoriser tout ce qui pourrait affaiblir la représentativité d’un syndicat toujours porteur d’un recours juridique ?
De contester, contourner la représentation que se sont librement donné les commerçants – les syndicats –, dont l’un, composé uniquement de commerçants exerçant sur le marché dionysien est affilié à la Fédération Nationale – pour discuter avec les uns et les autres en enjambant les structures syndicales, en multipliant ici ou là les approches des uns ou des autres ? Une stratégie de division classique déjà éprouvée.
A l’image du maire qui multiplie ces derniers temps ses apparitions dans la halle du marché, – renouer le lien avec des commerçants maltraités – on a vu le mois dernier un membre de la majorité municipale, Kader Chibane, afficher sur sa page Facebook ses échanges, en date du 12 avril, comme il l’écrit « avec le président du syndicat non sédentaires du marché de Saint-Denis » qualifiés de « constructifs » et likant son propre post agrémenté d’un commentaire d’un soutien notoire du maire.
Côté du marché, rien de nouveau donc si ce n’est que des commerçants ont été sanctionnés et certains très lourdement – leurs étals restent depuis déserts – suite aux opérations CODAF [1] menées sur le marché de Saint-Denis.
On s’étonne par ailleurs de l’absence de toute communication de la part de la municipalité sur les sanctions à l’égard de plusieurs commerçants du marché. On connait de la municipalité sa capacité à en faire beaucoup en matière de communication, là c’est silence radio. Cela préfigure-t-il un retour des sanctionnés sans tambour ni trompette devant leurs étals aujourd’hui désertés en application des sanctions ?
Supprimer les structures intermédiaires ou tenter de les contourner, les ignorer, jeter même le discrédit sur leur représentativité, susciter ou privilégier d’autres interlocuteurs ne manquent pas d’évoquer une manière de faire pratiquée en haut lieu et sa déclinaison locale : le macronisme municipal.
Rappelons que la Commission Paritaire du Marché, structure de dialogue – réunissant les commerçants et la municipalité – qui gardait le dernier mot sur tout sujet – a été supprimée depuis l’arrivée de Mathieu Hanotin aux responsabilités. Elle constituait un lieu d’échanges rassemblant toutes les parties avec un ordre du jour connu.
Après 18 mois d’attente une réunion pour… un résultat très très maigre
Parmi les nombreuses propositions faites à la municipalité, une seule proposition devrait, à ce stade, se concrétiser : la création d’allées supplémentaires permettant d’accroître la visibilité de certains stands place du 8 mai 1945 sur la partie en couleur rouge. Concernant la possibilité de stands supplémentaires parallèlement à l’axe du tramway T1, cela est soumis à l’examen de la RATP. On le voit quasi des clopinettes, du moins vraiment pas grand chose au regard des propositions déjà anciennes faites par les commerçants.
Coté place Jean-Jaurès, sur son pourtour et en proximité, les commerçants vont-ils sortir du marasme ?
Marasme ? Comment qualifier autrement la séquence qui en quatre ans depuis mars 2020 a vu se succéder : la crise sanitaire du Covid, entre confinement, déconfinement et baisse du pouvoir d’achat, le déplacement du marché, l’inflation, l’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières et donc une nouvelle baisse du pouvoir d’achat, la suppression des arrêts de bus dans l’hypercentre-ville, les travaux, les palissades et les cheminements chaotiques autour de la place Jean Jaurès…
L’accélération que semble avoir pris les travaux ces derniers temps ne manifeste aucune intention de faire revenir les bus dans l’hyper-centre. Les commerçants savent ce qui leur en coûte.
La livraison de la place Jean-Jaurès, une certaine visibilité retrouvée pour les commerces va-t-elle au moins permettre de faire un peu revenir la clientèle qui avait déserté les lieux ? Les commerçants l’espèrent.
Tout cela est fragile, d’autres habitudes ont été prises, d’autres choix contraints effectués.
Ce ne sont pas l’ouverture de quelques commerces et l’arrivée de nouvelles enseignes qui compenseront – en tout cas pas à ce stade – l’impact de la séquence subie.
On se réjouira, et surtout tout le quartier attenant, de l’ouverture de la Boucherie Alicia déjà présente dans la halle du marché. Cela a mis beaucoup de temps. Entre autres, les négociations sur le tarif de location du local ont pris un certain temps avant qu’elles soient considérées comme acceptables par le repreneur. On leur souhaite pleine réussite.
La crise sanitaire, la guerre en Ukraine, l’inflation a eu un impact inévitable sur le commerce hexagonal et les échanges économiques. La municipalité y a rajouté le déplacement du marché en sortie de Covid, la suppression des arrêts de bus et les travaux place Jean-Jaurès.
L’art de la politique à contretemps ? Le dictionnaire propose pour ce terme quelques synonymes : accident · adversité · complication · contrariété · difficulté · embarras · empêtrement · imprévu ...
Reste pour chaque commerçant dionysien, qui en souffre encore, à choisir le plus approprié et collectivement surtout à se faire entendre.