Des nouvelles de l’association MaMaMa. L’avenir de l’association enfin assuré dans un nouveau local. Le Blog de Saint-Denis fait le point sur la situation.

, par Michel Ribay

Le Parisien et Actu.fr ont consacré chacun, le 31 janvier, un article à MaMaMa, tous deux annonçant le déménagement de l’association de Saint-Denis à Aubervilliers et un changement à la tête de l’association, à l’occasion écrit Le Parisien, d’« une élection surprise » qualifiée de « putsch ». Les deux médias restent néanmoins prudents quant à l’évolution de la situation, Le Parisien utilisant le conditionnel : « Outre son changement d’adresse, l’association pourrait aussi changer de gouvernance. » Actu.fr relate de son côté : « Une nomination « hors de tous les clous » et donc non effective, selon notre source bénévole, qui confirme néanmoins qu’une assemblée générale aura lieu prochainement, afin de discuter de l’avenir de l’association. »

Tout d’abord et c’est ce qu’il convient de souligner en premier lieu, l’association MaMaMa, qui n’a jamais cesser de fonctionner ces derniers mois et donc de répondre aux besoins de milliers de femmes et d’enfants en Ile de France a consacré une énergie de tous les instants pour trouver ce qui lui permet de poursuivre son activité : un local.

Contrairement à ce que demandait la Sem Plaine Commune Développement devant le tribunal, à savoir une expulsion immédiate de l’association, le tribunal avait accordé le 13 février 2022 un délai d’un an à MaMaMa. Respecter bien sûr la décision de justice était un objectif que l’équipe s’était impérativement fixé. Le délai est tenu.

Trouver un local adapté s’est avéré très compliqué. On ne détaillera pas le parcours de combattantes que cela a représenté, les obstacles qui se sont présentés ni même de l’énergie dépensée par certains, utilisant tous les procédés, du mensonge aux pressions diverses, pour faire capoter les démarches de l’association.

Retenons donc aujourd’hui l’essentiel : un local est trouvé, d’une surface bien supérieure (3900 m2) à celui qu’elle occupe encore (1200 m2) pour quelques jours rue de la Métallurgie et à un coût très inférieur à celui que le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin et la SEM réclamait à l’association.

Chacun en tirera les conclusions qui s’imposent : l’équipe de Mamama, ses administratices, ses salariés, ses bénévoles ont rempli leur mission en assurant l’avenir de l’association au bénéfice des femmes et des enfants. Tous vont bénéficier de meilleures conditions pour poursuivre.

C’est dans ce contexte qu’intervient « l’élection surprise » d’une nouvelle présidente, le « putsch » écrit Le Parisien.

« Surprise » le mot est bien choisi puisqu’à aucun moment il n’était prévu et annoncé, de procéder, comme les statuts de l’association l’exigent, à une quelconque élection. C’est au cours d’un conseil d’administration, qu’un vote non prévu à l’ordre du jour désigne une nouvelle présidente, qui jusqu’à cette réunion n’avait jamais fait part d’une telle intention, encore moins la volonté d’incarner une quelconque alternative, projet ou voie différente au sein de l’association.

« Election surprise » écrit Le Parisien. Le journaliste affine la qualification de l’événement dans le titre de l’édition papier : « Chez MaMaMa, un putsch et de nouveaux locaux ». Dans l’édition web le terme était déjà présent dans une formule qui ne manquera pas d’interroger les lecteurs : « La majorité municipale de Saint-Denis s’est, elle, très vite réjouie du putsch. » !

Alors « Election surprise » ? « Putsch » ? Laissons de côté la joie de la mairie. Nous allons y revenir dans un instant.

Face à ce changement, « Election surprise » ou « Putsch », Le Parisien indique selon une autre source que « les salariés sont choqués et très opposés à cette décision ». Nous ne pouvons infirmer ni confirmer cette information n’ayant pas eu de contact avec ceux-ci.

On relèvera en tout cas que soumis par un lien de subordination à une nouvelle présidente – « élue par surprise » lors d’« un putsch » comme l’écrit Le Parisien – l’expression publique des salariés peut s’avérer délicate.

En revanche, selon de multiples sources, les bénévoles de l’association sont vent debout face à une méthode, une manière d’agir qu’ils jugent inacceptable.

La colère, la détermination des bénévoles est en effet tout autre. Et pour qui connait MaMaMa, les bénévoles sont le cœur de l’association, son souffle, sa vitalité, son lien vivant avec les bénéficiaires. Le cœur battant au rythme des salariés et des administratrices qu’elles côtoient, qu’elles épaulent. On dira elles parce qu’il y a beaucoup de femmes à MaMaMa, de femmes bénévoles. « MaMaMa, notre deuxième famille » comme nous l’écrivions lors d’un reportage en décembre 2022.

Et en famille, il y a des choses qui ne se font pas.

Du côté de la mairie de Saint-Denis donc, « on se réjouit très vite du putsch ».

La municipalité aurait pu se réjouir du fait que MaMaMa a trouvé un local, qu’elle allait donc recouvrer les locaux pour lesquels elle avait souhaité l’expulsion de MaMaMa, se réjouir, être soulagée de constater que, l’avenir de MaMaMa enfin assuré, les livraisons – que l’association n’a jamais interrompues – allaient se poursuivre auprès des PMI de la ville de Saint-Denis ?

Et bien non. A l’occasion de cette « élection surprise » - « putsch » elle s’exprime par la voix de la première adjointe : « Nous avons pris l’initiative de renouer le contact avec MaMaMa car il y a eu ce changement de présidente » indique Katy Bontinck, première adjointe. Sa déclaration laissant croire que tout lien entre MaMaMa et la ville avait été rompu : « Nous sommes très heureux de pouvoir reprendre des relations et sur la base d’un projet solide ». Les PMI, les équipes municipales et départementales qui n’ont jamais rompu leur lien avec MaMaMa apprécieront le propos de l’édile à sa juste mesure.

Contactée par le Blog de Saint-Denis, la co-fondatrice de l’association évincée de la présidence, Magali Bragard, entend rester sereine face aux derniers événements. Elle est d’abord soulagée « qu’enfin, après des mois de recherches et de travail acharné avec l’accompagnement précieux et sans relâche d’un professionnel attaché à l’association, un local adapté soit trouvé ».

Pour Magali Bragard, en première ligne ces derniers mois pour la recherche de locaux, le cap a été tenu. Et si la fatigue pèse elle reste très motivée pour poursuivre le combat menée pour les femmes et les enfants.
Comme une autre administratrice, elle reste néanmoins choquée tant de la méthode employée que du moment choisi, crucial, en pleine finalisation de prise de bail et du déménagement qui reste à effectuer, pour procéder à « une élection surprise »… On sent poindre au fil de son expression le même sentiment que celui ressenti et exprimé entre autres par les bénévoles.

Pour Magali Bragard, l’essentiel, – MaMaMa –, est sauf et puis le chaleureux accueil de la mairie d’Aubervilliers fait chaud au cœur.

Réussir pleinement le déménagement est sa priorité. Puis viendra, dit-elle « le temps du débat, d’une assemblée générale, qui conformément aux statuts de l’association, fera un choix ». « Moi, mon souhait ajoute-t-elle, c’est de travailler avec tout le monde, comme MaMaMa l’a toujours fait ».

Je n’ai pu poser une autre question, Magali Bragard est passée sur un double appel, un problème de logistique, qui dit-elle, ne peut attendre.

« Vous allez vous accorder quand même, toutes ensemble, un moment festif pour l’inauguration de ce nouveau local ? » …

Cette question, je la lui reposerai plus tard, Magali Bragard a déjà raccroché, quelques minutes plus tard un sms s’affiche sur mon portable : « Désolé, j’ai du partir. Passez nous voir. ».

L’association lance un appel à l’aide aux préparatifs du déménagement sur les 3 premières semaines de février du lundi au vendredi de 10 h30 à 18 h.
Contact : benevole@ asso-mamama.fr