Après la mobilisation du 26 avril les commerçants exigent un débat public sur l’avenir du marché. Ce jeudi 19 mai, jour de conseil municipal, ils appellent à un rassemblement à partir de 17 h devant la mairie.

, par La Rédac’

La colère gronde tant le sentiment d’être méprisé est grand parmi les commerçants. Mené au pas de charge sans aucune concertation, annoncé comme si cela allait de soi, le nouveau règlement du marché ne passe pas. Ce nouveau règlement a été conçu si vite et au mépris de tout dialogue que, lors d’une réunion récente, le 11 avril, avec les représentants du syndicat du marché, l’adjoint au maire en charge du commerce, Rabia Berrai indiquait : « Je ne suis pas au courant ». Inquiet de la mobilisation, le maire organisait en urgence le lundi 25 une réunion à la Bourse du travail. Malgré les menaces de celui-ci, le mouvement de protestation est largement suivi.

5h40, ce mardi 26 avril. Il fait encore nuit.

La place Jean Jaurès ne présente pas son visage habituel. On n’y trouve ni l’agitation liée au déballage des produits, ni Barnum, ni ballet de véhicules entrant ou s’extirpant de la place.

Les véhicules sont tous à l’arrêt, moteurs coupés, épousant quasiment tout le périmètre de la place, la circulation sur les voies attenante est parfaitement fluide.

Le silence domine. Par petits groupes les commerçants échangent leur premières impressions.

Du côté de la halle et des rues adjacentes, rues Auguste Blanqui, Jules Joffrin, Pierre Dupont ou Gabriel Péri, c’est le même spectacle. Camions rangés le long de la halle. Celle-ci est déserte. Pas un seul étal en cours d’installation.

Là aussi de petits groupes discutent de la situation. Les propos sont amers et sans appel.

« Le maire nous a baladés », « Il est d’une arrogance folle », « Il faut voir sur quel ton il nous parle », « C’est macronien »

Dans chaque groupe, même si les mots diffèrent c’est le même sentiment, celui d’avoir été grugé, endormi puis avec une grande brutalité « mis au pied du mur ».

« Aujourd’hui nous protestons de manière pacifique, organisée. » Le maire se fout de nous. Son état d’esprit c’est : " Je fais ce que je veux" ».

« C’est incroyable, plus de commission paritaire, plus de rôle pour le syndicat » s’exclame un autre commerçant en évoquant le fond de l’affaire dont a rendu compte ici dans un article précédent.

La police municipale patrouille.

Son intervention se résume ce matin à s’assurer de la libre circulation et accès à la place Jean Jaurès pour les commerçants qui souhaiteraient déballer. Après les menaces du maire, les consignes ou en tout cas l’attitude de la police municipale, dont les plus hauts responsables sont présents ce matin, visait l’apaisement tant le mouvement de protestation est massif et parfaitement tenu.

La police municipale fait d’ailleurs le constat, video à l’appui, qu’aucune entrave à la libre circulation n’est en cours.

Certains commerçants s’étonnent eux du nombre de policiers mobilisés et souhaitent en voir autant pour lutter contre les sauvettes.

Telle était la situation ce matin avant que le jour se lève et jusqu’à 7 heures.

Beaucoup de Dionysiens et de clients habitués à faire leur marché le mardi vont découvrir dans les heures qui viennent cette situation inédite à Saint-Denis.

L’épreuve de force semble inévitable et devrait se poursuivre si la municipalité n’infléchit pas sa position.

C’est là encore le résultat des manières de faire du maire et de la municipalité sur de nombreuses questions : le passage en force.

Nous reviendrons sur le sujet du marché dans nos prochains articles, celui-ci fait état de la situation à 7 heures ce mardi 26 avril.

A 8 heures le maire était sur place et proposait au commerçants de « lui faire des propositions par écrit ». Les commerçants entendent eux mener la négociation de visu.

A 9 heures, une marche en direction de la mairie démarrait.

A cette même heure, les discussions se poursuivent parmi les commerçants quant à la suite du mouvement.

A 10 heures, alors que d’habitude le marché bat son plein, moins d’une dizaine d’étals étaient ouverts dans la halle. Sur la place Jean Jaurès moins de cinq stands étaient présents.

Du côté de la place du 8 mai 1945, sur laquelle la municipalité veut déplacer les commerçants aujourd’hui présents place Jean Jaurès, les travaux sont en cours.

L’opposition au déplacement du marché semble prendre de l’ampleur parmi les commerçants concernés.

A 13 heures 30. De fausses informations ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux prétendant que la grève avait cessé et que suite à un échange avec le maire, les commerçants suspendaient leur mouvement et déballaient.

Si le maire a bien eu un échange avec les commerçants le démenti qu’ils apportent est formel : la mobilisation est toujours en cours et le mouvement de protestation se poursuit sans aucune entrave à qui voudrait exercer son commerce. Les commerçants mobilisés revendiquent haut et fort le caractère de leur mouvement : pacifique, déterminé, organisé.

Selon l’attitude de la municipalité dans les jours qui viennent, ils décideront de la forme que prendra leur mobilisation vendredi, jour habituel de marché .

Jeudi 28 avril. 19H. Le marché sera ouvert comme à l’accoutumée vendredi 29 avril et dimanche 1 mai. D’ici la semaine prochaine les commerçants discutent des formes que pourra prendre leur mobilisation à partir du mardi 3 mai.

A l’heure où nous écrivons aucune date n’a été fixée pour une rencontre entre la municipalité et les commerçants.

Dimanche 8 mai. La mobilisation des commerçants se poursuit avec le lancement d’une pétition dans laquelle ils appellent à un large débat public sur l’avenir du marché. Le marché de Saint-Denis appartient à tous, à ses commerçants, aux Dionysien.nes, à l’ensemble de ses usagers.
C’est fort de cette réalité que les commerçants entendent faire valoir la nécessité que les décisions pour l’avenir du marché soient celles du plus grand nombre et ne se résume pas à la volonté d’un seul : le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin qui entend aussi s’arroger tous les pouvoirs dans le projet de nouveau règlement du marché.