Adjointe déléguée à l’Education, l’enfance et la restauration scolaire, Leyla Temel a décidé après la rencontre du vendredi 15 avec le syndicat FO de s’adresser aux parents. C’est sur son compte Facebookqu’elle le fait avec une lettre de trois pages qui reprend les mêmes arguments que ceux développés précédemment.
Au vu de la faiblesse des « arguments » et des contradictions dans son précédent courrier, elle a donc jugé utile d’en rajouter, de préciser ou de développer des points que nous allons passer en revue.
Rémunération des agents et pénibilité
Premier point, Leyla Temel fait mine de répondre à une des revendications des agents : leur rémunération.
Pour cela elle avance qu’« une enveloppe d’1,8 million d’euros a d’ores-et-déjà été actée dans le cadre de la Commune nouvelle » et que « Force ouvrière ne peut l’ignorer car cette organisation syndicale était signataire du protocole d’accord au bénéfice de tous les agents de la ville ».
Un argument qui vise à laisser penser que cette enveloppe répondrait aux revendications salariales des grévistes.
Cette enveloppe est prévue dans le cadre de la commune nouvelle, donc à partir du 1er janvier 2025 et concernera comme l’indique les documents de la ville 4126 agents (chiffres de mai 2024 indiqué dans l’étude d’impact RH sur la fusion p.14).
Cette enveloppe permet entre autres d’ « harmoniser » les rémunérations entre les deux villes. Elle prend la forme d’une prime passant de 1680 euros annuels brut à 1800 euros.
Elle concerne tous les agents fonctionnaires des catégories A, B et C et est différenciée selon les catégories avec une part fixe et variable, pour les catégories C elle est répartie à égalité entre la part fixe et la part variable. La part variable est indexée sur les absences, au delà de 30 jours d’absences dans l’année seule la part fixe est garantie.
Il ne s’agit donc pas là d’une réponse aux revendications spécifiques des grévistes actuels – qui font partie des catégories les moins rémunérés parmi les fonctionnaires et composée de très nombreux agents, contractuels, mensualisés et autres ponctuels – en terme de rémunérations et pas un mot ne concerne la demande de revalorisation spécifique au titre de la pénibilité de ces métiers.
Leyla Temel n’apporte donc rien de concret à la situation actuelle en avançant cet élément qui tout compte fait se résume à 120 euros brut annuel par agent soit 10 euros brut par mois.
Cantine gratuite, repas servis et effectifs des agents
Leyla Temel sur ce sujet ergote sur une différence de chiffres : 150 repas en légère baisse par rapport à l’année 2023-2024.
« 150 repas en moins, en légère baisse » sur 71 écoles ! Est-ce un argument sérieux pour tenter d’expliquer que la revendication d’augmentation des effectifs dans les offices – un métier difficile – ne serait pas légitime.
Comment s’appuyer sur des variations aussi faibles rapportées au nombre d’écoles quand l’élue elle-même dans un article des Echos daté de mars 2024 navigue à vue sur les prévisions : « Depuis sa mise en place, la fréquentation des cantines a grimpé en flèche : en 2023, 70 % des écoliers y prenaient leur repas, contre seulement 56 % en 2020. Ce devrait être le cas de 75 % d’entre eux cette année, indique l’élue. »
De 56% à 70% en 2023. L’effectif des agents a-t-il augmenté, en rapport avec le nombre d’enfants qui « après avoir grimpé en flèche » se serait donc "allégé" de 150 repas !
Tout cela demeure bien à la fois obscur et absolument pas convaincant, seule certitude, encore une fois, l’élue fait diversion.
Moins obscur en revanche, toujours dans Les Echos, la manière dont la cantine gratuite est financée : « La gratuité de la cantine, assure Leyla Temel, serait largement financée par d’autres mesures de rationalisation des dépenses. Les services de ménage dans les écoles, qui connaissaient un fort taux d’absentéisme, ont notamment été en grande partie externalisés, générant une économie de plus de 3 millions d’euros annuels. »
Les vacataires licenciés ainsi que ceux qui ne sont pas satisfaits de la prestation de ménage aujourd’hui effectuée par une société privée apprécieront leur contribution à cette « politique progressiste » que l’élue, toujours dans le même article, qualifie d’un « véritable droit au « bien-manger » ».
Taux d’encadrement
Les taux d’encadrement, faut-il le rappeler, ont été modifiés par la municipalité depuis 2020. Ils étaient de 1 pour 10 en âge maternel et de 1 pour 14 en âge primaire. Non seulement la municipalité actuelle les a modifiés mais ils ne sont pas respectés. Soyons clair, la municipalité accuse-t-elle les agents de mentir, le syndicat FO de mentir. Lors de l’assemblée générale du mardi 12 novembre, Djamila Bassi l’a dit « A l’avenir, nous ferons constater par huissier tous les manquements ».
Formation des agents et contractualisation
Ce point avait déjà été indiqué dans la lettre précédente de l’élue. Pas de nouveauté donc quant à ce qui constitue un pas dans une bonne direction : former et réduire la précarité dans ces métiers de l’animation, rappelons tout de même que c’est une obligation légale, que cela est soumis à des ratio précis (voir dans le portfolio) et que l’organisation d’un séminaire par l’élue ne peut faire office d’un module de formation reconnu par la réglementation.
Rappelons aussi que lors de l’assemblée générale du 12 novembre, les agents et le syndicat FO ont souligné le manque de transparence quant au droit effectif à la formation indiquant que son accès à la « tête du client » devait cesser.
Des « perturbateurs pour les familles, les enfants » et un danger pour les études des vacataires !
En guise de conclusion Leyla Temel éprouve le besoin d’affirmer que « le droit de grève est un droit fondamental » tout en dénonçant le fait que FO fasse « le choix d’une nouvelle journée de perturbation de l’organisation des familles et du bon déroulé de la journée des enfants » !
En résumé Leyla Temel nous dit que les grévistes sont des « perturbateurs », ni soucieux des familles et des enfants qui « se déclarent grévistes à la dernière minute » ?
S’ils se déclaraient à la dernière minute – ce que le droit permet – comment la ville serait en mesure de faire paraitre à l’avance sur son site la situation dans chaque école ?!
Chaque jour la situation est connue à 15h30 sur chaque école pour le lendemain et les grévistes tout à fait conscients de la difficulté que rencontrent les parents ont fait le choix d’informer en amont. En revanche la municipalité interdit aux grévistes de communiquer directement sur la situation en direction des parents.
Le mouvement dure. Seule la municipalité en est responsable.
Le meilleur pour la fin.
Ce courrier qui en définitive n’a ni queue ni tête est traversé d’une contradiction majeure : Mme Temel a eu une rencontre avec des agents syndicalistes -grévistes – qu’elle qualifie par ailleurs de « perturbateurs » – sans que cela ne débouche sur une proposition concrète de sa part tout en soulignant le caractère constructif du dialogue.
Cerise sur cette bouillie indigeste : les parents seraient « instrumentalisés » « à quelques mois des élections professionnelles – que le Maire à ce stade dit vouloir qu’elles se déroulent en juin 2025 (sic !) – et à 15 mois des élections municipales » ose écrire Leyla Temel.
Mme Temel, dans votre troisième lettre oserez- vous dire que les grévistes-perturbateurs » prennent les enfants en otage » ?
No limit ?
Rassemblement le lundi 18 novembre à 11h30 devant la mairie.
PS : Via ce lien vous pouvez contribuer à la cagnotte de soutien des grévistes.
Lire ici notre article sur l’AG du 12 novembre.
Lire ici notre article- commentaire du premier courrier de l’élue.