Saint-Ouen. Karim Bouamrane en père fouettard, la gauche façon puzzle

, par François Morland

Le 16 décembre dernier, le vote sur le budget primitif était à l’ordre du jour du conseil municipal de Saint-Ouen. Plusieurs élu.es de la majorité et de l‘opposition se sont interrogés sur sa nature et en ont critiqué la méthode, l’absence de préparation collective et les choix. L’abstention d’une partie des élus.es écologistes membres de la majorité a conduit au retrait de leur délégation.

Le conseil municipal de Saint-Ouen qui se tiendra ce lundi 10 février va entériner les modifications intervenues au sein de la majorité municipale. Les élus EELV, dont la première adjointe Sabrina Decanton, le 5ème adjoint Driss Naïch et la conseillère municipale déléguée Dina Deffairi-Saissac se sont vus retirer leurs délégations suite à leur abstention lors du vote du budget primitif le 16 décembre dernier. Ils en ont été informés par un post sur Facebook le 3 février dernier.

Peu soucieux de composer avec une expression plurielle au sein de sa majorité, Karim Bouamrane, a plutôt fait preuve dans cette affaire de méthodes bien éloignées des valeurs affichées lors de la création de son microparti « La France, humaine et forte ».

L’éviction des élu.es EELV est tout aussi brutale qu’elle signe un aveu de faiblesse. Pour Karim Bouamrane, la majorité municipale ne pouvait donc s’accommoder de quelques voix discordantes au son sein ? Il est pourtant à la tête d’une majorité confortable pour faire face en 2026 à toute tentative de la droite de revenir aux affaires à Saint-Ouen.

Une majorité confortable que Karim Bouamrane savait pourtant en train de s’élargir puisque prévue depuis un moment, bien avant le débat et le vote sur le budget primitif, une partie de l’opposition, en premier lieu le PCF, avait décidé de rejoindre la majorité de Karim Bouamrane.

Tous les discours sur le sens politique du vote du budget n’y feront rien au regard des ambitions de Karim Bouamrane. Vouloir réunir les Français, capter plus de 50% des suffrages pour parvenir à la magistrature suprême et ne pas réussir, au sein de l’assemblée qu’il dirige, à fédérer son propre camp laisse songeur. Rappelons que les élus écologistes démis de leurs délégations n’ont pas voté contre, ils se sont abstenus.

Celui qui appelait hier au compromis avec le gouvernement de François Bayrou sur le budget de la France ne souffre aucune appréciation diverse, aucune interrogation ou inflexion sur son propre budget de la part de sa majorité.

Les grandes déclarations de Karim Bouamrane lors de son meeting le 3 octobre au stade Bauer au regard de ce qui se passe à Saint-Ouen lui reviennent tel un boomerang : « Etre dans le réel, c’est être capable de compromis, c’est incarner l’action concrète ».

Un stade ou trônait tout ce que le PS compte de vétérans, des revenants du banc de touche.

On connait leur bilan. Ils étaient tous là en 2012. Claude Bartolone, Jean-Christophe Cambadélis, Carole Delga, Patrick Kanner, François Hollande. Ils contrôlaient l’Assemblée nationale, le Sénat, une majorité de grandes villes, de régions et de départements, l’Elysée. De ce passé, qu’en ont-ils fait ?

Rien. Sinon la loi travail et un rejeton nommé Macron.

Quant à l’avenir du PS, l’objectif de Karim Bouamrane est clair : écarter Olivier Faure, tuer le NFP.

Ecarter encore. L’éviction des écologistes audoniens ne s’est pas arrêtée là. Comme pour Dominique Carré, élu écologiste pierrefitois qui s’était prononcé contre la fusion avec Saint-Denis, Mathieu Hanotin, à la demande Michel Fourcade, lui avait retiré sa délégation à Plaine Commune. Il en a été de même pour Dina Deffairi-Saissac, privée depuis de toute responsabilité au territoire. La brutalité, les mêmes méthodes tiennent lieu de convergence d’idées.

Les écologistes écartés, le PCF fait son entrée et LFI pense à demain. La gauche façon puzzle.