On apprend par un « communiqué du Maire » sans titre explicite publié ce jour sur le site de la ville que « Trois adjoint.e.s au maire (Sonia Rabhi, Brahim Chikhi, Bertrand Revol) et un conseiller municipal (Hervé Borie), parmi les 44 membres élu.e.s de la majorité, ont décidé de ne pas donner suite à cette démarche constructive en annonçant qu’ils quittaient le groupe majoritaire Notre Saint-Denis. »
Soulignons en premier lieu qu’Hervé Borie, membre du Parti Socialiste, était jusqu’à ce jour président du groupe “Notre Saint-Denis”. C’est assez inhabituel que ce soit un président de groupe majoritaire qui fasse sécession dans une majorité municipale.
Il occupe par ailleurs (jusqu’à quand ?) un poste de vice-président à Plaine Commune où en charge de “la modernisation du service public ” il est l’un des interlocuteurs des syndicats qui s’opposent actuellement à toute la politique de restructuration des services et au travail du dimanche.
Soulignons en second lieu l’importance des délégations qui étaient confiées aux trois adjoints aujourd’hui simples conseillers municipaux :
– Finances, commande publique, bâtiments, état civil, ressources humaines et dialogue social, modernisation de l’administration, centres de vacances pour Brahim Chikhi
– Vie associative et événementiel, politique de la ville, Élue de proximité secteur Landy – Saulnier pour Sonia Rabhi
– Commerces, artisanat, économie et métiers de l’art pour Bertrand Revol.
La redistribution de ces délégations s’annoncent ardue tant un nombre restreint de membres de la majorité cumule déjà des délégations qui demandent un travail et un suivi conséquent.
On objectera au vu de l’imposant cumul de mandats qui est la marque de fabrique de cette majorité façonnée par le Maire qu’un peu plus, ou un peu moins ne changera pas grand chose… Admettons tout de même que cela commence à faire vraiment désordre.
Un désordre si grand qu’il est très probable que la tendance à vouloir concentrer les pouvoirs, les postes, les mandats sur quelques uns commence à faire grincer.
Dans cette affaire qui va se terminer par un jeu de chaises musicales, où est l’intérêt des dionysiens ? L’intérêt de la démocratie dans une période de forte inquiétude sanitaire, de crise et de précarité économique pour la population ?
Cette crise au sein de la majorité municipale est à n’en pas douter le symptôme d’une méthode qui peut se résumer en quelques traits : cumul des pouvoirs et des mandats, précipitation dans la mise en œuvre de politiques publiques sans concertation, autoritarisme, arrogance et mépris des avis divergents.
Cette méthode ne produit pas que des remous au sein de la majorité municipale
Mathieu Hanotin, Maire-président de Plaine Commune se targuait de vouloir “rendre le pouvoir aux maires au sein de Plaine Commune”.
Au vu de la lettre que viennent de lui adresser 5 maires de Plaine Commune, il a de la peine à convaincre de la sincérité du propos. Encore une fois la communication tient lieu de politique, et plus précisément de poudre aux yeux.
Qu’on en juge par les constats et les demandes qui lui sont adressés :
“Les villes d’Epinay-sur-Seine, L’Île-Saint-Denis, Stains, Aubervilliers et La Courneuve, vous demandent le report :
– du vote du nouvel organigramme impliquant la réorganisation des unités territoriales […]
– du Plan d’Investissement de Mandat 2022 – 2026 inscrit à l‘ordre du jour du conseil territorial du 13 juillet 2021.
Au regard des délais très courts imposés et de la quasi-absence de temps de travail, nous n’avons pu travailler collectivement ni l’un ni l’autre. […]
Par ailleurs, outre deux tableaux, aucune note d’intention ne nous a été transmise. Quelle vision pour notre territoire ? Quelles priorités ? Nous n’en avons aucune idée.
[…] Le Plan d’Investissement de Mandat doit refléter notre projet de territoire et garantir nos projets communaux dans le cadre des compétences de Plaine Commune. Il nécessite des temps de travail entre les services, les élus territoriaux, les Maires, les services et l’exécutif de Plaine Commune.
Cinq maires de sensibilités différentes font le même constat. C’est plus qu’un signe.
Il ne fait pas de doute que ces événements marquent un tournant pour la municipalité, qu’ils auront des conséquences au sein de Plaine Commune… et que l’annonce du nouvel exécutif lors du conseil municipal du 12 juillet sera regardée à la loupe.
Les échanges s’annoncent houleux…