Des nouvelles du côté du marché : un recours déposé en référé (le 13 juin) par le syndicat des commerçants non sédentaires et le coup de gueule de Tata Sabine.
Le syndicat des commerçants non sédentaires du marché (regroupant 280 adhérents), opposé au déplacement des étals de la place Jean Jaurès à la place du 8 mai 1945, a déposé un recours devant le tribunal administratif de Montreuil contestant les travaux d’aménagement de la place du 8 mai 1945. Ce recours s’appuyant sur divers motifs réglementaires sera examiné le lundi 13 juin. Par ailleurs, le même syndicat s’oppose au nouveau règlement imposé sans concertation par la municipalité et réclame toujours un débat public associant tous les acteurs dionysiens sur l’avenir du marché. La pétition qu’il a lancé a réuni à ce jour près de 3500 signataires. Le syndicat s’apprête aussi a déposer un autre recours sur le déplacement proprement dit du marché.
Nous publions une nouvelle réaction, celle d’une habitante en colère car attachée à son marché, à sa foire, à son "joyeux bordel ".
« Bonsoir à tertoustes,
Bon, voilà, le marché de Saint-Denis, il existe depuis le Moyen-Âge, il a toujours été situé en centre-ville, et il était si important dans ces temps reculés qu’on l’appelait "foire". Et, tiens donc, "foire" c’est également synonyme de quoi ? De joyeux bordel, de mélange, de dynamique, de désordre apparent mais dans lequel tous les usagers se retrouvent parce que ce "désordre", ce sont eux qui l’ont construit, au fil du temps. Après, si on a le pouvoir, on peut arriver avec ses gros sabots, prendre des décisions unilatérales, genre scinder le truc en deux, en déplacer une partie, etc. Mais là, en général, le truc crève à petit feu, parce qu’on ne respecte plus des équilibres pas écrits, pas directement visibles, mais néanmoins vitaux (un peu comme quand un "paysagiste" déracine un très vieil olivier andalou pour le replanter dans un magnifique - et très cher - jardin d’Ile de France : on peut prendre toute la motte de terre qu’on veut avec, il crève en quelques années).
Pour ma part, avant Saint-Denis, j’ai longtemps vécu dans une petite ville de banlieue Sud appelée Palaiseau - pas la pire du coin, puisqu’il y avait un minimum de services publics, un ciné d’art et d’essai, une belle bibliothèque/médiathèque et surtout un vrai centre-ville, où se tenait 2 fois par semaine un marché, certes pas de l’ampleur du nôtre, mais quand même. Il occupait toute la place "du marché" mais aussi la place du Tribunal derrière, et les rues adjacentes. On y trouvait à peu près tout ce qu’on voulait (alimentation, bazar, fringues, tissus) et on était à peu près sûr d’y croiser des gens de connaissance, des parents d’élève au autres assoc’ qui distribuaient des tracts, des vieux, parfois très vieux militants du PC, qui vendaient l’Huma Dimanche, avec qui j’adorais discuter même si on n’était pas d’accord.
Un beau jour, on s’est retrouvé avec un maire PS (ah ben tiens…) qui a décidé de remettre un peu d’ordre dans tout ça. Lui n’a rien déplacé, enfin pas directement, mais il a trouvé le truc pour réduire la surface du marché : il a confié la gestion à une entreprise privée, le prix des places a terriblement augmenté, les marchands de bazar sont partis en premier, puis la plupart des marchands de fringues, puis les marchands d’alimentaire pas forcément "haut de gamme". Comme il y avait de moins en moins de chalands, les distributeurs de tracts et autres vendeurs de l’Huma Dimanche n’ont plus vu l’intérêt de foutre en l’air leur dimanche matin... Il y avait 3 poissonniers sur ce marché, dont un qui faisait de la vente directe depuis Granville ; aujourd’hui s’il en reste un, c’est le bout du monde ! Mais pas de souci : Leclerc, Carrefour et Auchan continuent de prospérer aux alentours…
Voilà, tout ça pour dire : un marché, c’est un organisme vivant, et c’est aussi un organe vital d’une ville ! On ne l’ampute pas comme ça ! Comment envisager le marché de Saint-Denis coupé en deux ? Pour mémoire, il y a quand même 2 lignes de Tram qui séparent le centre-ville de la place du 8 Mai, et tout un morceau de la rue Gabriel Péri depuis la Halle jusqu’aux Tram.
Et franchement, vous croyez qu’on vient de toute l’Ile-de-France - voire au-delà - dans notre « sweet banlieue pourrie » pour son marché ou pour l’hypothétique flèche de sa cathédrale ?
Après, OK, ça dépend des gens qu’on a envie de faire venir. Mais pour moi, c’est clairement les utilisateurs du marché. Et je suis persuadée qu’au-delà, ce.lle.ux qui viennent voir la cathédrale - et sa flèche - seront forcément aussi séduits par notre marché !
Eun’bonn’ nouit pis des bises.
Vous pouvez retrouver ici un autre point de vue sur le marché, celui d’Alain Paker.
A partir de ce lien vous aurez accès à tous les articles concernant d’une manière ou d’une autre le marché de Saint-Denis.