Hier avait lieu le comité technique pour entériner la décision de l’ouverture des médiathèques de Plaine Commune le dimanche.
Neuf élu-e-s de Plaine Commune ont décidé d’ouvrir les médiathèques le dimanche envers et contre tous, envers et contre toutes.
Le président de Plaine Commune, également maire de Saint Denis, Mathieu Hanotin, avait inscrit cette ouverture le dimanche des médiathèques dans son programme municipal et a décidé de faire passer cette mesure de force sur plaine commune, ceci en écrasant ses salarié-e-s déjà la tête sous l’eau, et en détruisant leurs vies privées.
Avant les congés, de nombreuses et nombreux collègues bibliothécaires se sont exprimés via une centaine de mails internes auprès de la direction. Différents courriers sont partis aux élu-e-s dans le cadre de syndicats ou non, exprimant de l’angoisse, de la déprime, demandant des réponses.
Jamais une seule réponse aux agents !
Nous sommes partis en vacances sans savoir ce qui allait advenir de nous à la rentrée.
Pire, on nous change nos horaires de début d’année comme si le projet du dimanche était passé dans les différentes commissions légales.
On nous oblige à travailler deux samedis de suite dès la rentrée (au lieu d’un sur deux avant), alors que le projet n’était pas encore passé au comité technique (un des lieux qui légalise des décisions)
Et pour finir, hier, les élu-e-s ont acceptés en comité technique, que nous bibliothécaires, n’aurions plus qu’un seul week-end par mois en famille, avec les ami-e-s, pour nous reposer et autres réjouissances.
Nous étions près de deux cents agents à manifester notre désaccord hier à ce CT, à demander à exprimer notre point de vue.
Malgré notre mobilisation et nos interventions pour exprimer notre désaccord, les élu-e-s ont poursuivi la réunion avec d’un côté les élu-e-s et la direction enfermé-e-s dans un bureau et de l’autre les syndicats, à qui la direction a envoyé un pauvre lien zoom !!
Les portes-paroles des agents, les syndicats, ont été reçus sur un pauvre lien zoom pour discuter d’une décision qui va briser les vies personnelles de plus de 300 agents.
Voilà comment nous sommes traités à Plaine Commune.
Honte aux élu-e-s qui vont nous mettre la tête sous l’eau aux bibliothécaires, majoritairement des femmes, qui, on le sait par des statistiques célèbres, souffrent déjà de doubles journées de travail épuisantes. Fallait-il ajouter à une profession majoritairement féminine une journée supplémentaire de travail (Après leur avoir supprimé entre 6 et 10 jours de congés l’an dernier) ?
Honte aux élu-e-s qui brisent l’enthousiasme des bibliothécaires passionné-e-s, pleinement engagé-e-s sur le territoire dans leurs missions de service au public.
Savent-ils, ces élu-e-s, que c’est déjà pour nous un sacrifice que de travailler du mardi au vendredi de 9h à 18h parfois jusqu’à 19h.
Savent-ils que nous travaillons déjà un samedi sur deux de 9h à 18h ?
A cela ils nous ajoutent le dimanche
Et le résultat : il ne nous reste plus qu’un seul week-end par mois.
Hier le directeur des services nous dit : "Mais vous ne travaillez qu’un dimanche par mois !"
Oui mais on travaillera :
Semaine 1 un samedi,
Semaine 2 un samedi,
Semaine 3 un dimanche
et semaine 4 on aura un week-end l’unique du mois complet avec ses proches.
Donc non, on ne travaille pas "qu’un seul dimanche par mois", ce n’est pas ça la véritable info !!!
La véritable info, c’est qu’il ne nous reste qu’un seul week-end par mois et que nous travaillons 3 week-end par mois !!!
L’élue a la lecture publique de Plaine Commune a osé hier nous comparer aux hospitalier-e-s ou aux éducateurs-trices qui travaillent beaucoup plus.
Un comparaison honteuse quand on sait que les hospitalier-e-s sont en constante mobilisation pour des conditions de travail dignes !!!
Et nous, nous ne sauvons pas des vies ou pas de la même manière.
Il n’y pas de danger vital immédiat.
Si c’est vrai que la culture peut nourrir des âmes en peine, le vrai travail de fond d’accès à la culture ne se fait pas le dimanche avec la vitrine prévue de proposer des spectacles ce jour là.
Le travail de fond se fait à l’abri des regards lorsque les portes des mediathèques sont fermées et que les élu-e-s semblent vouloir ignorer. Ça ne fait pas bling bling ce travail de fourmi.
Nous les bibliothécaires nous ne sommes pas à la recherche, comme les élu-e-s, d’événements où se faire photographier !!!
Nous agissons silencieusement, discrètement et nous offrons des mots, des mots qui pansent et des mots pour penser, des mots pour se distraire et des mots pour se former, des mots pour apprendre et des mots pour s’évader, des mots pour grandir, des mots pour retourner en enfance etc...à des classes, des collégiens, des lycéens, des assistantes maternelles, des personnes âgées, des crèches, des personnes en apprentissage de français, des personnes à la recherche d’emploi, des personnes qui ne savent pas utiliser les ordinateurs, des enfants qui font des exposés, des enfants qui adorent les histoires, des adultes qui adorent écouter des histoires etc...
On fait tout ça avec passion.
On jongle avec nos vies personnelles.
On a conscience de faire un peu un sacrifice sur nos familles, sur notre vie sociale avec ce travail aux horaires décalées jusqu’à 18h puis un samedi sur deux, mais lorsqu’on choisis de travailler avec l’humain, c’est un sacrifice utile au service du public et on parviens finalement, à trouver un équilibre.
Mais avec le travail le dimanche, les élu-e-s nous enterrent.
Nous sommes dans l’angoisse pour nos vies futures, nous pensons tous et toutes à partir, nous regardons tous et toutes des annonces.
Hier la direction générale nous a dit que le territoire avait un problème d’attractivité, que les gens ne veulent pas venir ici pour travailler.
Mais, nous les bibliothécaires nous sommes là, nous aurions voulu rester, ce sont les élu-e-s qui veulent et vont nous faire partir.
Nous bibliothécaires sommes angoissé-e-s, abattues par ces décisions, qui s’ajoutent a une année de COVID, qui s’ajoutent a l’obligation de contrôler le passe sanitaire qui est contraire à nos valeurs d’accès à la culture pour toutes et tous.
Personne ne devrait se voir interdire l’entrée à la médiathèque, mais nous risquons des sanctions et dans la suite logique le licenciement si nous refusons.
Tout ce contexte fait que majoritairement, nous allons chercher à partir.
Tout ce contexte fait que majoritairement nous déprimons, nous angoissons.
Ce ne sont pas les 100 euros qui nous sont proposés qui vont remplacer les moments perdus avec nos proches, les moments pour se ressourcer.
C’est ça l’envers du décor de la belle vitrine que proposent les élu-e-s de l’ouverture des médiathèques le dimanche.
Amira, bibliothécaire de Plaine Commune en colère
– La journée de mobilisation du 23 juin des personnels des médiathèques
– La lettre ouverte à Mathieu Hanotin et aux élus de Plaine Commune