Cela fait 22 ans que les locaux situés rue de la Boulangerie accueille l’Office des sports et permettent à celui-ci, d’accueillir et répondre aux attentes de la soixantaine d’associations sportives adhérentes à l’Office des sports. 60 associations ce qui veut dire des milliers d’adhérents de divers disciplines qui ont recours aux services et activités de l’Office depuis 50 ans. C’est en effet le mois prochain que l’Office célébrera son anniversaire. Un demi-siècle d’existence, ce n’est pas rien.
Triste anniversaire au regard du courrier que l’association a reçu qui signe la fin de ses activités, l’élu en charge des sports, Shems El Khalfaoui, ayant fait comprendre au président bénévole de l’Office, Saïd Merzouk, que non seulement l’Office était privé de locaux mais qu’il n’était plus question de le subventionner, que la municipalité avait émis par ailleurs un avis négatif aux subventions d’habitude accordées par le département, en d’autres termes tout cela signifiait la liquidation pure et simple de l’Office.
Organisatrice depuis des années du Forum des sports, mettant ses compétences, ses connaissances, ses ressources au service du mouvement sportif, jouant le rôle d’organisateur, d’interface entre les différents clubs et les moyens et locaux de la ville, l’Office des sports est condamné à disparaitre.
Faire du passé table rase
Chacun imaginera le choc que cette décision produit. Il est toujours agréable après 50 ans d’activité de s’entendre dire par l’élu en charge des sports que « l’Office n’apporte rien », « qu’il n’organise pas d’événement suffisant à ses yeux ».
On ne peut que penser à ce qu’on du vivre nombre de salariés, quand lors d’une reprise d’entreprise, nombre de consultants et autres « cost killers » leur ont expliqué, effaçant d’un trait, d’une réflexion, des décennies de labeur, qu’ils ne voyaient pas très bien « la nécessité de maintenir le poste », qu’ils « n’identifiaient pas clairement leur rôle » ou « ne trouvait pas leur place dans l’organigramme prévu ».
Utilisant au sein de la collectivité les méthodes, coutumes et violences néolibérales s’exerçant dans le privé, voilà donc la manière dont la municipalité fait table rase d’une association.
On avait sur ce blog souligné la violence avec laquelle le mouvement sportif était traité.
On se rappelle du courrier de l’ancien président du SDUS, Hervé Borie, adressé au maire, dénonçant la manière dont le SDUS était traité, on se souvient aussi de la manière dont l’Office des sports avait été malmené l’été dernier lors de l’organisation du Forum des sports. La violence pouvant prendre aussi la forme de l’absence de réponse, laissant planer la plus grande incertitude, à l’image des subventions pour le SDUS, accordées in extremis, celui-ci étant au bord du dépôt de bilan. On soulignait à cette occasion la volonté de la municipalité de s’attaquer à l’indépendance du mouvement sportif.
Se parant de la vertu de l’utilisation de fonds publics, le message qu’elle délivre n’a en fait qu’une seule visée, indiquer qui décide, indiquer à tous qui est le maître du jeu. Faire comprendre à qui entendrait élever la voix que subventions et créneaux d’utilisation des équipements municipaux ne sont que des libéralités précaires accordées selon le bon vouloir du prince.
Voilà où nous en sommes. Cumulée, l’ensemble des subventions ville et département à l’Office des sports n’atteignaient pas 30 000 euros annuels. Le président est bénévole. Un salarié depuis 8 ans en CDI, rémunéré 1800 euros net à plein temps, va être licencié.
Des méthodes inadmissibles et détestables
Les « cost killers » ont fait le job. Quant aux services rendus au mouvement sportif par l’Office des sports dont les mêmes « cost killers » ne saisissaient pas bien la nature, ceux-ci devraient à l’avenir être maintenus dans le cadre d’une « Maison des sports » sans doute suite à un appel à projet ou le recours à une délégation de service public.
Un dernier mot. Le président, l’équipe de l’Office des sports, les bénévoles informés des intentions de l’élu au sport et de la municipalité auront su ces derniers mois préserver Henri Marcos de toute cette brutalité à l’encontre de l’Office des sports qu’il a présidé durant des décennies.
Aux interrogations d’Henri Marcos sur la vie de l’Office des sports il fut toujours répondu ces derniers temps que tout allait très bien. Un post sur Facebook n’effacera ni le mépris dispensé, ni la méthode. La mémoire collective du mouvement sportif blessé demeurera.
Cette nouvelle liquidation s’inscrit dans la séquence ouverte il y a trois ans émaillée depuis de fermetures en tous genres (Journal de Saint-Denis, Conseil de développement de Plaine Commune, médiateurs de nuit, ludothèques, antennes Jeunesse, Maison des parents, Cyberbase…).
Cela démontre encore une fois que certains ne reculent devant rien et qu’ils peuvent s’affranchir du minimum d’élégance et de respect que l’on est en droit d’attendre à l’égard de ceux qui ont construit et fait vivre de nombreux outils municipaux au service des habitants.
On ne s’habituera ni à la méthode ni à sa brutalité.