Le rectorat vient d’annoncer la couleur pour l’année prochaine : au moins 40 fermetures de classe dans les écoles de la ville, des moyens qui continuent de baisser dans les collèges et les lycées déjà notoirement sous-dotés.
Pourtant, la situation est déjà grave
Mardi 8 février au soir, plus de 80 personnes s’étaient réunies à la Bourse du travail à l’appel d’une intersyndicale enseignante (CGT, FO, SUD, FSU) et de l’association des parents d’élèves FCPE pour dresser un tableau général : plus de 20 classes ont déjà fermé dans la ville en début d’année, les enfants en situation de handicap sont abandonné.e.s (manque d’AESH), les assistant.e.s d’éducation, les assistantes sociales, les infirmier.e.s, les RASED qui aident les élèves en difficulté, sont très largement en sous-effectif. Les lycées n’ont plus les moyens de fonctionner normalement : Paul Eluard n’a pas d’assistant.e social.e en pleine crise sanitaire dans un établissement de plus de 2000 élèves…
« Territoires perdus de la République » ou « territoires sciemment abandonnés par l’Etat » ?
Contrairement aux clichés éculés sur la Seine-Saint-Denis régulièrement instrumentalisée dans le débat politico-médiatique, ce n’est pas la population qui fait sécession de la République mais bien l’Etat qui a décidé d’exclure nos territoires et notre jeunesse de la promesse d’égalité républicaine.
La situation est connue et clairement documentée au moins depuis le rapport parlementaire de mai 2018 coordonné par les députés F. Cornut-Gentille (LR) et R. Kokouendo (LREMR qui présentaient une « République en échec », « Inégalitaire ». Ils rappelaient déjà qu’un enfant du 93 perdait en moyenne une année sur l’ensemble de sa scolarité en raison du manque de remplacement des enseignant.e.s. (voir p.15 du rapport)
En outre, contrairement à d’autres clichés tenaces, la Seine-Saint-Denis n’est pas « arrosée d’argent public » depuis des décennies. Bien au contraire, l’éducation prioritaire n’est qu’un leurre qui permet de cacher en réalité le fait que nos établissements ont moins de moyens qu’ailleurs ce que notait le même rapport parlementaire : « le moins bien doté des établissements scolaires parisiens reste mieux doté que le plus doté des établissements de la Seine-Saint-Denis ». (voir p.40)
Et la municipalité ?
Comme si cela n’était pas suffisant, la municipalité de Saint-Denis a décidé de s’attaquer aux missions d’entretien des écoles et aux missions des bibliothécaires. Le nettoyage des écoles est en partie privatisé, réduisant d’autant au quotidien la présence d’adultes connus auprès des enfants. Les missions des bibliothécaires dans les quartiers périphériques de la ville sont réduites pour assurer l’ouverture de la bibliothèque du centre-ville le dimanche.
En outre, le soutien de la municipalité à cette mobilisation majeure pour l’avenir des enfants dionysien.ne.s se fait encore attendre. Si les députés locaux et quelques élu.e.s de la municipalité avaient fait le déplacement samedi, Monsieur le Maire brillait par son absence. Par ailleurs, bien que la manifestation se terminait devant l’hôtel de ville, et malgré une demande faite en amont, la municipalité avait refusé l’accès à une salle de réunion en mairie à ses administré.e.s. Les manifestant.e.s ont alors joyeusement occupé le hall de l’hôtel de ville en chantant, insistant pour pouvoir se réunir afin d’envisager les suites du mouvement… En vain.
La police municipale a alors été envoyée en nombre dont un agent de la brigade canine malgré la présence d’enfants dans le hall. D’un commun accord, les manifestant.e.s ont alors décidé de sortir pour éviter tout débordement et ont tenu leur réunion sur le parvis.
Les Dionysien.ne.s savent comment défendre l’égalité républicaine
En 1998, la mobilisation des parents et des personnels d’éducation avait permis de gagner 3000 postes d’enseignant.e.s pour la Seine-Saint-Denis. En 2005, elle avait permis d’en gagner 1000.
Il y a quelques jours encore, des enseignant.e.s et des parents de la ville organisaient très rapidement la riposte (notamment à travers une pétition et des appels à la Direction académique) pour demander à l’inspection de revenir sur sa décision d’annuler les classes vertes auxquelles doivent participer nombre d’élèves de la ville en mars. La mobilisation aurait encore une fois fonctionné (si l’on en croit du moins un post Facebook de Leyla Temel, maire-adjointe chargée de l’éducation, bien que les écoles concernées n’aient encore à ce jour reçu aucune confirmation officielle…).
Si la République ne vient plus jusqu’à Saint-Denis, les Dionysien.ne.s sauront aller la chercher pour l’avenir de leurs enfants.
Une réunion publique est prévue le 15 mars à la Bourse du travail.