No go zone ! De Fox News à Jordan Bardella en passant par Marine Le Pen. Le lexique de l’ultra-droite trumpiste et de l’extrême-droite française à l’encontre des quartiers populaires et du département de la Seine-Saint-Denis repris par Mathieu Hanotin.

, par Sylvestre Lachenal

Un article du New York Times paru le 20 février cite les propos tenus par le maire à l’occasion d’un reportage du quotidien new-yorkais consacré au JO. Mathieu Hanotin y fait part de l’effet souhaité que pourrait avoir les Jeux Olympiques pour le territoire et en particulier pour Saint-Denis. Cet effet se résume à deux enjeux. Le premier consisterait à passer d’une « No go zone », – d’une « zone interdite » – à une « zone d’accueil ». Le second consisterait à « to change our image, and also to deliver housing to help improve the social balance of the city.” Autrement dit, dans la langue de Molière, à « changer notre image et de fournir des logements pour aider à améliorer l’équilibre social de la ville. ». Un vocabulaire honteux pour un projet politique.

Les propos tenus par le maire, la reprise d’une formule aussi connotée que celle de « No go zone », reprise à foison par l’ultradroite américaine ne peut que choquer les Dionysien.nes. Cette formule avait été abondamment utilisée par Fox News tout dévoué à la cause de Donald Trump en désignant des quartiers parisiens sous le vocable de « No go zone ». Ce que n’a pas manqué de révéler, à la lecture du New York Times, la conseillère municipale Sofia Boutrih, sur son profil Facebook.

Des « No go Zone », des zones interdites parce que peuplées de « musulmans » et qui seraient interdites à ceux qui ne le sont pas.

Des Dionysien.nes choqué.e.s comme ils/elles l’ont été lorsqu’ils/elles ont découvert que leur Maire arborait en pleine journée – ce qu’aucun élu de France n’a jamais fait même dans les pires situations sécuritaires – un gilet pare-balle siglé de sa fonction « Maire Saint-Denis » dans un quartier du centre-ville.

Doublement choqués tous les Dionysien.nes fermement attaché.e.s aux valeurs de gauche de découvrir la reprise de ce lexique qui, par glissements progressifs de sens, est le synonyme des supposés « zones de non droit » sorties de la bouche de Marine Le Pen et Jordan Bardella. « Zone interdites » de la République… territoires perdus. Du Le Pen, du Bardella, du Zemmour. De ceux qui crachent sur notre ville, notre département. Qui crachent à la face de ses habitants.

Profondément choqués aussi par l’idée que les Jeux Olympiques serait l’occasion de transformer cette « No go zone « en terre d’accueil !

Le Maire ne sait-il pas que Saint-Denis est une terre d’accueil depuis au moins le 19 même siècle si ce n’est plus.

Le Maire ne sait-il pas que c’est bien une immigration intérieure de nos provinces, puis de dizaines et de dizaines d’autres pays qui sont venues peupler cette « No go zone », y vivent, travaillent, fondent des familles, apportent et y exercent leurs talents, y élèvent leurs enfants, y font ce que le président du département nomme, avec fierté, du « Made in Seine-Saint-Denis » ?

Le Maire pense-t-il avec ce lexique apporter sa contribution à l’Agence d’attractivité du territoire qu’il a substituée à l’Office de tourisme ?

Ce Maire a vraiment un problème avec le vocabulaire.. Entre poubelle et No go zone…

Venez-donc découvrir notre « No Go Zone » ! Nouveau slogan ? Nouvelle campagne ?

Alors que faut-il penser de ces propos consternants ? Ce « changer notre image » doublé d’un projet revendiqué : « fournir des logements pour aider à améliorer l’équilibre social de la ville ».

Fournir des logements, oui, mais pour qui ? Des logements pour lesquels sur le village olympique le Maire a lui-même souhaité, exigé la très forte augmentation que les prix ont subi entre 2020 et aujourd’hui. De 4000 euros à 7500 euros le m2… pour « aider à l’équilibre social ».

Vocabulaire d’extrême-droite, rééquilibrage social comme projet politique.

La « No go zone » que souhaite Mathieu Hanotin se veut à l’avenir d’une autre nature.

Une vraie « Zone interdite » assumée. Reste la question essentielle : à qui ?

La photographie qui illustre l’article du New York Times, une vue des Franc Moisin – désignée comme No go Zone ? – est plus qu’un indice pour ceux qui n’auraient pas compris.

Il y a plusieurs manières de parler de ces « No go Zones », celle de Mathieu Hanotin et celle qu’a choisi la revue du même nom et que nous vous recommandons. Trois numéros sont déjà parus fruits d’un travail d’équipe animée par une rédactrice du Blog de Saint-Denis, Alix Rampazzo. Sur Pleyel, Les Tartres et le dernier en date sur le canal de Saint-Denis. A commander ici.