Réunion de bilan de mandat à la Plaine. Le Maire met fin à la réunion publique alors qu’un réel débat entre tous s’engageait. Des parents d’élèves ont du faire le forcing pour être reçus ce matin en mairie.

, par Michel Ribay

La réunion sur le bilan de mandat organisée par la municipalité à la Plaine jeudi soir a tourné court. Prévue de 18h30 à 20h30, le Maire a décidé d’y mettre fin à 19h30 alors qu’un débat venait de s’engager entre lui, les grévistes et les habitants présents. Un vrai débat plus difficile à mener que la traditionnelle séquence questions-réponses prévue entre autres… pour éviter tout débat.

Une réunion de bilan, on le redit, nécessite un débat. La soirée à la Plaine l’a amplement démontré. Après une présentation par le maire du bilan qu’il tire de quatre ans de mandat et des informations concernant proprement dit le quartier de la Plaine, la représentante des agents grévistes, Djamila Bassi, secrétaire du syndicat FO a pris la parole. Les conditions de leur prise de parole ont été bien meilleures que lors de la réunion à Floréal. Un exposé clair de la situation que connaissent les personnels auquel le Maire a pu répondre mais qui visiblement ne parvenait pas à convaincre la salle.

Des habitants d’autant moins convaincus des réponses apportées par le Maire que des parents d’élèves présents dans la salle ont fait part des grandes difficultés qu’ils rencontrent à l’occasion de cette grève dans leur organisation quotidienne, pour les absences au travail que cela induit, avec les impacts que cela entrainent y compris, ce que soulignait une parente d’élèves dans son intervention, la perte d’emploi pour les plus précaires.

Cette parent d’élèves a témoigné de la situation que connaissent ses enfants : « Mes enfants ne vont pas aux toilettes, ils se retiennent, les toilettes sont sales, monsieur le Maire, le ménage ça ne va pas ».

Qui est responsable d’un « climat malheureusement tendu » ?

Dans un post écrit hier soir par la première adjointe Katy Bontinck, celle-ci parle « d’un climat malheureusement tendu où il était difficile pour notre municipalité d’apporter des réponses. »

Ce que Katy Bontinck qualifie de "climat tendu" n’est autre que le soutien apporté par les présents aux grévistes qui ont été applaudis lors de leur intervention, applaudissements qui ont ponctué aussi l’intervention de la parente d’élèves.

Le Maire a répondu. Et si les participants peuvent comprendre que la titularisation d’agents contractuels ne peut se faire d’un coup de baguette magique, entendre le maire nier une détérioration de la situation alors qu’il est responsable de celle des ratios d’encadrement ne peut que faire bondir les parents (passage de 1 pour 10 à 1 pour 14 en âge maternel et de 1 pour 14 à 1 par 18 en âge primaire).

Entendre le maire nier une détérioration de la situation du ménage dans les écoles n’a pas non plus convaincu, celui-ci concédant que « peut-être ici, dans votre école il y a un problème mais que globalement, c’est mieux »

Ce qui est « tendu », très tendu même c’est la situation des personnels, les difficultés que rencontrent les parents, les conditions d’accueil des enfants dont la municipalité est comptable. Le Maire ne peut échapper à cette réalité qui est un des aspects, au bout de quatre ans, de son bilan.

Des revendications précises sans réponse de la part du Maire

Que répond-t-il à la demande en matière d’effectifs, en accueil de loisirs, dans les offices ?

Encore une fois, les revendications des agents grévistes ne se résument pas, comme le maire semble vouloir le faire croire, à la question de la titularisation ainsi :

– Que répond-il à la demande de reconnaissance de la pénibilité et à une prime en rapport ?

– Que répond-il à la demande au titre de la pénibilité de ces métiers à des jours supplémentaires de repos ?

– Que répond-il à la demande de bonification réclamée pour les animateurs aujourd’hui payé 50 euros pour assurer le temps « Aide aux leçons » auparavant payé 300 euros aux directions d’école ?

A ce stade et depuis 2 semaines ? Rien.

Et si la situation se tend, c’est aussi parce que le Maire refuse de recevoir en personne les personnels en grève.

Imposer sa présence pour être reçu !

Une situation tendue aussi parce qu’à l’heure où nous écrivons, la demande d’audience faite par la FCPE à l’élue Leyla Temel n’a toujours pas reçu de réponse.

Ce vendredi matin, c’est à 9h40 qu’une délégation de parents des écoles La Roseraie, Langevin, Gisèle Halimi, et Vallès dont un représentant de la FCPE, – après avoir patienté une heure dans le hall de la mairie en étant invités à faire une demande de rendez-vous en bonne et due forme (sic !) – ont été reçus par Leyla Temel, Katy Bontinck en présence des directions des services concernés.

Il faut ainsi que les parents fassent le forcing au bout de deux semaines de grève pour être reçus ! (Nous reviendrons sur cette "audience").

Cette manière de traiter les agents, les parents conduit à une « situation tendue ». Vécue comme du mépris, le mot a fusé à plusieurs reprises dans la réunion à la Plaine, à l’encontre du Maire.

A 19h30 à la Plaine, jeudi soir, c’est en définitive avec Katy Bontinck encore dans la salle, entourée d’une petite dizaine de jeunes du quartier bien décidés à se faire entendre ; et dehors avec Mathieu Hanotin, entouré lui d’une vingtaine de parents que se sont poursuivis les échanges.
Les deux élus ont été assaillis de questions portant sur le logement, la gentrification, le peu d’écoute des élus, les jeunes indiquant « qu’ils ne connaissent même pas l’élu du quartier », les parents soulignant de leur côté leur sentiment de dégradation de la situation pour leurs enfants.

Un vrai débat en somme pour un bilan de mandat. A n’en pas douter le débat va se poursuivre.

Pour ce qui concerne la grève, la balle est dans le camp du maire. A lui de prendre ses responsabilités d’employeur. C’est ce que les agents lui demandent.

Prochaine réunion de bilan, au Franc Moisin, le samedi le 30 novembre à 10 h à l’école René Descartes.