A la demande d’un collectif de pétitionnaires, une réunion s’est aussi tenue le 23 mars en mairie à laquelle assistaient de nombreux élus dont la première adjointe Katy Bontinck, en charge, entre autres délégations, de la rénovation urbaine.
Celle-ci a réaffirmé face aux Collectifs, à leurs arguments et aux témoignages recueillis auprès des usagers, la volonté de la municipalité de maintenir son projet.
Un projet qui n’a pourtant fait l’objet d’aucune discussion, d’aucune concertation ni directement avec la population ni par l’entremise d’un tiers dont le rôle est d’organiser des débats publics lors de projet d’aménagement : la Commission Nationale du Débat Public.
Ce projet n’a pas non plus été validé, en toute connaissance de cause, par le vote des dionysien.nes lors des élections municipales de 2020 puisqu’à aucun moment, pas plus que le déplacement du marché, la suppression de ces six arrêts de bus au cœur du centre ville n’a été évoquée lors de la campagne municipale.
Pour ces simples raisons, ce projet est frappé d’une tare congénitale. Dissimulé lors des élections ou ayant germé plus tard dans l’esprit du maire et de sa majorité aux ordres il est et reste profondément antidémocratique.
Antidémocratique et profondément injuste puisqu’il va pénaliser, outre ceux qui ont besoin de ce service public, ceux qui ont des difficultés à se déplacer ne leur offrant qu’une seule option : marcher. Rajouter de la souffrance à ceux qui ont déjà des difficultés, comment nommer cela ?
Personnes âgées, personnes handicapées, mères ou pères de familles avec de jeunes enfants, assistantes maternelles se déplaçant avec de jeunes enfants, accompagnants de personnes fragiles, pour se rendre en centre-ville ou pour en revenir chargés de leurs achats, au marché ou dans les nombreux commerces du cœur de ville, combien devront renoncer, s’isoler à contre cœur, recourir à d’autres destinations ou redoubler d’effort.
Ce projet est une atteinte directe, une restriction, une entrave à la possibilité d’aller et venir aisément pour ceux là mêmes qui ont le plus besoin de transport de qualité en toute proximité.
Ce projet va même à l’encontre de ce qui est préconisé pour faire face aux évolutions démographiques – qu’une ville jeune comme Saint-Denis connait aussi – et ignore les conclusions du Rapport interministériel sur l’adaptation des logements, des villes, des mobilités et des territoires à la transition démographique rédigé par Luc Broussy, remis en mai 2021, rapport qui souligne l’importance pour les personnes âgées des liens avec les commerces, et où la question de la mobilité conjugue la nécessité de transports publics, de sécurisation des cheminements piétons, la présence de bancs publics et de toilettes publiques. (Extraits du rapport en téléchargement dans le portfolio).
Antidémocratique, injuste et brutale. Brutale parce qu’elle va brutaliser le quotidien de nombreux dionysien.nes. Brutale car rien dès juillet 2023, dans le projet du maire, de sa première adjointe et d’une majorité aux ordres ne viendra remplacer ce qui sera supprimé. Les navettes électriques évoquées au détour d’une litanie de vagues promesses se révèlent pour ce qu’elles sont et ont toujours été dans l’esprit du maire : un mirage, un leurre.
Comment dans ces conditions porter aussi crédit aux délégations que le maire a confié à des adjoints, au titre des transports (Antoine Mokrane), des seniors (Sandrine Martinie-Jamar) du handicap (Daniel Dalin), des discriminations (Oriane Filhol) ?
Et à partir de quelles explications crédibles l’élu au commerce (Rabia Berraï) va-t-il pouvoir rassurer les acteurs commerciaux, petits et grands, les commerçants du marché, ceux déjà déplacés, fragilisés place du 8 mai 1945, et tous ceux qui sont légitimement inquiets pour leur activité au vu du très important recours à des déplacements en bus pour procéder à des achats ?
L’étude dite « Apaisement du centre ville » commandée par le maire-président de Plaine Commune (à télécharger dans le portfolio), datant de janvier 2022, n’a été évoquée que lors de la réunion publique du 11 février par le maire et n’a été communiquée aux dionysien.nes via les conseils citoyens que tout récemment, ce mois de mars 2023. Pourquoi avoir tant attendu ?
Nous avons extrait de cette étude les éléments les plus instructifs au fil de notre propos
Mathieu Hanotin prétend donc fonder son projet sur cette étude dite « apaisement » qui révélerait que la suppression des six arrêts de bus n’impacterait – parlons clair – entrainerait des modifications substantielles pour leur déplacement les contraignant à la marche – que pour 16% des utilisateurs des lignes de bus 153, 253 et 239.
Ainsi les personnes âgées, les personnes handicapées, les mères ou pères de familles avec de jeunes enfants, les assistantes maternelles se déplaçant en journée avec de jeunes enfants, les accompagnants de personnes fragiles ne sont qu’un détail, une donnée chiffrée, une quantité négligeable de ces 16%, eux mêmes quantité négligeable. 16% ce n’est rien surtout quand on n’a consulté personne.
16% de rien c’est moins que rien. Voilà comment à l’image de notre Jupiter national, notre maire traite ses administrés. Et sans égard pour les plus fragiles de ses administrés. Fragilité de toutes sortes que des données (rappelons que plus de 47 % des dionysiens ne possèdent pas de voitures) et des éléments économiques évoqués dans l’étude confirment.
Ainsi le maire souhaite, en toute connaissance de cause supprimer un service de bus de proximité très majoritairement utilisé par de nombreux dionysien.nes comme l’indique les tableaux suivants !
L’accès aux services urbains du cœur de ville serait fortement affectée par ce projet.
Une étude menée en chambre, en compulsant des données, sur la base d’éléments fournis par l’opérateur de transport Ile de France Mobilités et la RATP, validerait une décision absurde qui traduit le renoncement à réduire la circulation de transit, les infractions au stationnement et autres mésusages sur l’espace public ? Alors que ladite étude souligne sur de nombreux points l’importance de ces arrêts en cœur de ville et que le dévoiement des lignes mériterait …une étude plus approfondie !
Les voitures font le petit train derrière les bus. Qu’à cela ne tienne supprimons les bus ! Plus de bus, plus de petit train, moins de voitures.
L’étude relève que ce projet serait positif… pour les voyageurs hors centre ville en sanctionnant les voyageurs du centre-ville !
Réguler l’accès au plateau piétons à l’aide d’outils comme les caméras comme le font déjà de nombreuses villes ? Non. Supprimer un transport public semble plus simple.
Au nom de la création d’un espace public qui se veut d’un seuil tenant entre la place Victor Hugo et la place Jean Jaurès entrainant le dévoiement de la rue Jean-Jaurès à l’ouest de la place Jean Jaurès, l’accès aisé au cœur du centre ville pour les voyageurs des lignes 153, 253 et 239 serait abandonné.
Au nom de « l’apaisement » du centre ville, nom donnée à l’étude, répété comme un mantra on pénalise avec ce projet les possibilités d’accès aux services du centre ville.
Un projet qui affecte aussi les communes avoisinantes. Qu’en pense le conseiller délégué aux transport à Plaine Commune, Mathieu Defrel, maire adjoint de Stains chargé d’une délégation dont l’un des intitulés est "Droit aux transports publics et aux mobilités douces » ?
Apaiser quoi et comment et pour qui ? Au nom de quoi ? Pour quelle finalité ? La végétalisation promise place Jean Jaurès n’est en rien incompatible avec une desserte en transports en commun du centre ville. Un espace public piéton sans rupture entre la place Victor Hugo et la place Jean Jaurès ne peut justifier qu’on complique l’accès au centre ville, qu’on assigne à résidence nombre de dionysien.nes.
S’attaquer au flux de véhicules en transit sur le plateau piéton mérite plus de travail qu’une décision qui va pourrir la vie des dionysien.nes. Les temps de marche pour rejoindre le cœur de ville à partir des boulevards qui seraient desservis par les bus dans ce projet sont tous minorés dans l’étude par rapport à la réalité.
Pour toutes les raisons invoquées, il va falloir contraindre le maire et sa majorité à revenir à la raison.
Ultime tentative dérisoire pour désamorcer la colère, convoquer chacune et chacun en visioconférence (!) le 18 avril pour répondre aux questions des dionysien.nes !
A l’heure ou des millions de citoyens se mobilisent dans tous le pays depuis des mois contre une réforme des retraites jugée à juste raison antidémocratique, injuste et brutale, le maire utilise ici les mêmes méthodes que notre Jupiter national.
Passer en force sans discussion puis faire la sourde oreille aux protestations n’est pas acceptable. A conduire ainsi la politique municipale, le maire nourrit la colère, à s’entêter dans cette voie il n’y gagnera qu’un sobriquet : Jupiter le petit.
Il n’y a qu’une issue. Comme pour une mauvaise réforme : le retrait pur et simple de ce mauvais projet.