Après 30 mois d’activités, la menace d’expulsion de MaMaMa pèse toujours après le renvoi d’une audience au tribunal de Bobigny le 13 janvier. Une nouvelle pétition est lancée.

, par Michel Ribay

L’audience en référé qui devait se tenir le 3 novembre au tribunal judiciaire de Bobigny à la demande de la SEM Plaine Commune développement avait pour but d’obtenir « l’expulsion de l’association MaMaMa et de tous occupants de son chef, avec au besoin le concours de la force publique » d’ordonner « une astreinte de 150 euros par jour de retard à compter de l’expiration d’un délai de sept jours courant à compter de la signification de l’ordonnance à intervenir » et de condamner l’association MaMaMa « à payer à la SEM Plaine Commune Développement la somme de 3000 euros au titre de l’article 700 du Code de procédure civile. »
Aucune de ces demandes n’a été satisfaite puisque l’affaire a été renvoyée au 13 janvier. Le soutien à l’association MaMaMa reste d’actualité. Une nouvelle pétition a été lancée.

Ce renvoi ne constitue donc pas un délai accordé à MaMaMa mais un répit qui permettra à ce que la mission d’intérêt public qu’assume cette association depuis mai 2020 perdure encore et à la solidarité de s’amplifier.

Cela fait plus de 30 mois que cette association vient en aide à des milliers de femmes et d’enfants, palliant par là même la carence de l’Etat et des pouvoirs publics qui n’ignorent rien de la précarité, économique, sociale, infantile, exacerbée par la crise sanitaire et l’inflation galopante qui touche les produits de première nécessité dont les produits infantiles.

Ainsi pour des prix relevés en août 2022, les couches d’une marque leader ont explosé +91.3%. En janvier 2020, le prix d’une couche était de 0,23 €, en juillet 2022 il est passé à 0,44 €. Pour neufs laits infantiles les augmentations s’étalent de 10,9% à 33,1%.

C’est donc, dans ce contexte aggravé de précarité, que la SEM que préside Stéphane Troussel, président du département – dont une des compétences majeures est l’action sociale –, souhaite, mettre fin à l’activité de l’association MaMaMa dans les plus brefs délais avec une assignation en référé.

L’association MaMaMa n’a pu, à regret, que prendre acte de la fin de non recevoir que Stéphane Troussel oppose depuis des mois aux demandes de l’association de le rencontrer.

Il y a encore quelques jours, l’association a réitéré cette demande de rencontre. En vain.

Depuis le début de cette affaire on assiste à un étrange jeu de cache cache.

La convention initiale de mise à disposition des locaux impliquant la ville de Saint-Denis, Mathieu Hanotin jure ses grands dieux qu’il n’est pas question de faire payer un loyer à MaMaMa puis, faisant volte face, un loyer prohibitif impossible à assumer pour l’association est avancé et assorti de conditions ne permettant pas d’assurer la continuité de l’action de solidarité.

Le conflit prend une dimension publique.

Stéphane Troussel, président de la SEM et du département reste coi.

Les élues dionysiennes Katy Bontinck et Oriane Filhol montent au créneau et dénoncent dans un communiqué une « campagne de dénigrement à l’encontre de la municipalité ».
Mathieu Hanotin, maire-président reste lui en retrait.

Quoi de plus malin que ce soit deux femmes, la première adjointe élue à la santé et sa collègue en charge des solidarités, de la prévention et des droits des femmes qui sonnent la charge contre une association venant en aide aux femmes…

Voilà en somme où nous en sommes aujourd’hui, après 30 mois d’activités de MaMaMa.

Un propriétaire public, la SEM, entend récupérer son bien, la parcelle acquise en 2019 et les locaux qu’occupe MaMaMa pour en faire quoi ? Les détruire ? Les céder à une autre structure dans le cadre de la poursuite de l’aménagement de la ZAC Nozal Front Populaire dont on peut mettre au défi n’importe quel dionysien ou habitant de la Plaine de nous dire ce qu’il en est de la suite du programme.

Des locaux où, avant l’installation de MaMaMa en toute légalité en leur sein, stationnaient tout ou partie du matériel roulant servant à la collecte des ordures ménagères sur Plaine Commune et servaient de vestiaires pour les équipes y prenant leurs services. Des locaux à ce moment là chauffés – quoi de plus normal pour y exercer une activité – mais qui ne le furent plus pour l’association MaMaMa, ses salariés, ses bénévoles exerçant pourtant eux aussi une activité d’utilité publique …

L’avenir promis à ces locaux par la SEM reste donc inconnu. Cédés, loués à des structures déjà présentes sur l’ex site AB Production, loués à d’autres, temporairement, mis à disposition, voués à une démolition prochaine… Qui peut le dire ?

Il est vrai que depuis juin 2020, aucun compte-rendu d’activités des opérations d’aménagement ou de leurs perspectives n’a été présenté au conseil municipal et que le site de la SEM n’est pas plus éclairant sur le sujet. Mais cela est une autre histoire… Quoique.

Quelle est donc l’urgence ? Si urgence il y avait, n’était ce pas celle d’une mobilisation ces derniers 30 mois des réseaux d’un président de la SEM et du département et d’un maire-président à trouver une alternative de locaux pour l’association MaMaMa ?

Et honorer ainsi les propos tenus par Mathieu Hanotin le 16 février 2021 venu à la rencontre de l’équipe de MaMaMa : « On est dans une temporalité rapide pour trouver une solution, on veut s’y mettre, on veut vous accompagner. […] L’essence de l’association, il faut la pérenniser, quand il y a 100 personnes, plus de 150 personnes qui donnent de leur temps pour une cause d’intérêt général, honnêtement, c’est quelque chose qu’il faut valoriser […] On s’est beaucoup… dans notre programme autour de la dimension de la réappropriation, du pouvoir citoyen, du pouvoir d’action citoyen, c’est quelque chose qu’on veut extrêmement valoriser, favoriser et caetera, quand ça se passe c’est pas pour faire le contraire, voilà ».

Le droit de la propriété l’a emporté dans leurs esprits.

Ainsi, depuis l’été 2022, les pressions, les actes posés à l’encontre de l’association se succèdent : mise en demeure de quitter les lieux par mail en juillet, courrier signifié par voie d’huissier en août, demande de remise des clés au 12 septembre et d’évacuation du local au 30 septembre,saisie du tribunal en octobre, référé en novembre…

L’association vient de lancer une nouvelle pétition.

La solidarité, le soutien à MaMaMa reste d’une brulante actualité. D’ici l’audience du 13 janvier le soutien doit s’amplifier.