
La retransmission du conseil municipal amputée de l’intervention d’élu.e.s de l’opposition. Le maire, Mathieu Hanotin, empêche l’opposition de s’exprimer et de revenir sur la liquidation du festival scientifique « Savantes Banlieues ». Article actualisé (le 5/10/à 19H15) : les interventions des conseillers municipaux Sophie Rigard et David Proult rétablies sur le site de la ville.
Des dossiers d’importance ont été débattus lors du conseil municipal du jeudi 28 septembre. Si le débat sur le Plan Régional de Santé a fait consensus, celui concernant la police municipale s’est conclu par le refus du maire de pouvoir identifier les agents de la police municipale et de créer, à l’image de Paris, un comité d’éthique de la police municipale chargé de veiller au respect des règles de déontologie.
Le refus du maire de mettre en place un comité d’éthique et système d’identification des agents de la police municipale à l’image de celui en vigueur pour la police nationale (le RIO, Référentiel des Identités et de l’Organisation sous la forme d’un numéro apposé sur l’uniforme de l’agent, un mode d’identification anonyme – rendant impossible, pour un particulier, de remonter jusqu’à l’identité du policier) apparait d’autant plus choquant qu’il intervient 48 heures après la suspension d’un agent pour avoir frappé une personne interpellée et menottée.
Les faits filmés et diffusés sur les réseaux ont conduit la municipalité à réagir immédiatement. Si l’identification d’un agent ne présente aucune difficulté en cas de captation d’image cela est particulièrement délicat voire impossible en l’absence d’élément permettant pour tout administré de savoir à qui il a eu à faire.
C’est tout le sens de ce RIO, sur lequel est amené à se prononcer prochainement le Conseil d’Etat saisi par plusieurs associations, dont La Ligue des droits de l’homme et Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, le port du RIO pourtant obligatoire n’étant pas respecté au sein de la police nationale.
Si les conditions d’exercice de la police municipale à Saint-Denis sont loin d’être simples compte-tenu du contexte et des missions qui leur sont assignées, on comprend d’autant moins, la police municipale étant par ailleurs dotée du même armement que la police nationale, le refus du maire.
On le sait, et cela a été souligné au conseil municipal, de multiples "incidents" opposant agents de la police municipale et Dionysiens ont eu lieu. Et à l’instar des caméras piétons (toujours pas généralisées) qui sont censées, selon les propos du maire, protéger les agents et faire baisser une potentielle tension, la possibilité d’identifier les agents constituent aussi une protection et offre un recours plus facile à entreprendre en cas d’abus, d’insultes, menaces voire de violences commises par un ou plusieurs agents. Pourquoi refuser cet élément de transparence ? De quoi le maire a-t-il donc peur pour refuser ce garde-fou ?
Débat sur l’aménagement. La retransmission du conseil interrompue. La parole coupée à l’opposition. Le festival Savantes Banlieues liquidé.
Le débat sur le Plan d’aménagement Durable et de Développement, a lui mis en lumière un modèle de développement pour lequel l’opposition s’est attachée à en démontrer la nocivité environnementale, les risques et les impasses. Nous reviendrons sur le sujet pour lequel nous avons déjà publié une série d’articles à lire ici, ici et ici.
Les échanges ont été nourris jusqu’à ce que la retransmission de ceux-ci soient interrompus. L’intervention de la conseillère municipale d’opposition du groupe Saint-Denis à gauche ! Sophie Rigard n’étant pas retransmise, et celle de son collègue du même groupe, David Proult, n’étant constituée que d’images sans le son. Puis la transmission reprend son cours avec les interventions successives d’Adrien Delacroix puis du Maire.
Que s’est-il donc dit du coté de l’opposition ? Que s’est-il passé ? L’opposition municipale reviendra sans doute sur cette séquence ?
Ce que nous savons en tout cas c’est qu’à nouveau le maire a interrompu une intervention de l’opposition. A un moment particulier. Celui où l’intervenante s’apprêtait à revenir, parce qu’il a un rapport avec le dossier débattu, sur un fait ignoré des Dionysiens et plus largement des habitants de Plaine Commune, à savoir la disparition d’une manifestation culturelle, lancée en 2001, qui chaque année depuis rassemblait habitants, étudiants, collégiens, chercheurs, enseignants et médiateurs scientifiques à savoir Savantes Banlieues.
En effet, c’est le 31 août dernier que la revue Sciences Critiques dans un article paru sous le titre « Savante Banlieue : un festival emblématique sabordé au nom de l’attractivité de la Seine- Saint-Denis » détaillait cette affaire.
Aménagement, développement, attractivité du territoire. On était bien là au cœur du débat en cours.
On vous livre ci-dessous l’entame de l’article de Sciences Critiques :
« L’une des principales « fêtes » de la science, qui se tenait chaque année sur deux jours au mois d’octobre en Seine-Saint-Denis à destination des élèves du secondaire, s’est vu brusquement interrompue au printemps 2022, et ce dû au désengagement de Plaine Commune.
« Nous ne pouvons disperser nos forces dans ce projet et nous souhaitons donc nous désengager. »
C’est par un simple courrier, que Sciences Critiques a pu consulter, adressé aux présidents d’universités partenaires que Mathieu Hanotin, à la tête de l’intercommunalité et maire (Parti socialiste) de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a annoncé le retrait de l’intercommunalité,
Samuel Guibal, délégué régional académique à la recherche et à l’innovation d’Île-de-France, tempête contre une décision qu’il juge « catastrophique » : « Des manifestations de la science, en vérité, il y a en a beaucoup, mais celle-ci est singulière par son ampleur et sa proximité, le tout pour un budget modeste. Nous sommes très attachés à Savante Banlieue et à sa démarche d’éducation populaire » précise-t-il.
« C’est tellement stupide. Comment peut-on être un élu de gauche et arrêter cette manifestation culturelle extrêmement bien identifiée en Seine-Saint-Denis ? », fulmine Christian Chardonnet, directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et co-fondateur de la manifestation. [Christian Chardonnet, co-fondateur de la manifestation Savantes Banlieues est un ancien dionysien. NDLR]
Le retrait de Plaine Commune à la tête du comité de pilotage du festival signifie l’arrêt immédiat du festival. En effet, l’intercommunalité apportait un soutien financier pour l’acheminement des élèves en cars jusqu’aux sites universitaires et finançait une partie de son organisation, le tout pour un budget compris entre 50 000 et 60 000 euros par an : la moitié du budget total du festival. »
On vous laisse lire l’intégralité de l’article téléchargeable dans le portfolio ou sur le site de Sciences critiques (https://sciences-critiques.fr) à cette adresse.
La liste des sujets sur lesquels, Mathieu Hanotin le maire-président s’est réinterrogé est copieuse. Elle semble sans fin. Au terme de ses « réflexions » cela se termine toujours de la même manière, par une liquidation.