Nous avions déjà eu l’occasion, à trois reprises sur ce Blog, de revenir sur les nombreux problèmes posés sur le fond par cette réforme.
Il apparaît globalement que la politique menée conjointement par le président du département, Stéphane Troussel, et le président de Plaine Commune, Mathieu Hanotin, conduit à confier au privé les missions jusqu’à présent dévolues au service public et ainsi à détruire des emplois publics. Elle prive en outre les allocataires des compétences d’un service créé au sein de Plaine Commune en 2004 et les laisse à l’abandon depuis plusieurs mois.
Sur la manière dont cette réforme est menée, le constat n’est pas moins sombre. Les conseillers PIE, dont l’avenir professionnel est toujours aussi incertain, ont proposé à l’occasion d’une lettre ouverte à Stéphane Troussel de pouvoir accompagner une partie du public ne relevant décemment d’aucun accompagnement. Ils n’ont manifestement pas été entendus.
La situation sur le département est telle que le conseil départemental vient de lancer un nouvel appel à manifestation d’intérêt (AMI) afin de répondre aux besoins de nombreuses villes ou regroupement de communes (Bobigny, Bondy, Drancy, Dugny - Le Blanc Mesnil-Le Bourget, Gagny- Neuilly Plaisance-Neuilly sur Marne, Gournay-Noisy le Grand, L’Ile-Saint Denis-Saint Ouen, Montreuil, Pantin) qui, à ce jour, n’ont aucune structure identifiée dédiée à l’accompagnement des allocataires du RSA destinés aux ALI (les réponses attendues en deux phases (fin mars et fin juin) donnent une idée du calendrier où le suivi des allocataires serait effectif… juin ? Septembre ? Janvier 2024 ?). Le département table par ailleurs sur une école de formation de nouveaux conseillers en insertion professionnelle, (personnes en reconversion professionnelle avec des parcours ou profils n’ayant pas de rapport avec les missions qu’ils seront censées remplir) – et prétend… pouvoir… les former… rapidement…
Laissés à l’abandon depuis plusieurs mois, une partie des allocataires n’ont reçu qu’à la mi-décembre qu’en début d’année un courrier les informant de leur futur suivi, pour certains par Pôle emploi, les autres par les services sociaux (ceux relevant des agences locales de l’insertion sont priés d’attendre que ces dernières sortent de terre…au printemps ?). Quand on connaît la situation du service public de l’emploi (le nombre de personnes suivi par un conseiller) et les difficultés rencontrées par les services sociaux (en sous-effectif chronique) on peut douter de la qualité du suivi proposé aux allocataires. Quand leur accompagnement va-t-il donc reprendre ?
Les allocataires qui ont vocation à être suivis par les futures Agences Locales de L’Insertion n’ont toujours pas d’information… Afin de gagner du temps sur ce grand cafouillage tout en masquant cette situation préjudiciable aux allocataires, des instructions ont été données aux conseillers PIE comme “élaborer des contrats d’engagement réciproque longs (12 mois)” (voir document ci-dessous) Au risque de voir passer ces allocataires dans la catégorie “perdus de vue” ? Catégorie pour laquelle le Département n’a manifestement, à date, aucune stratégie claire de “repêchage”.
Et gare aux agents PIE qui, par respect de leur mission de service public et des allocataires qu’ils suivent, les informent, à regret, de la situation réelle : les portes des services PIE qui les accompagnaient jusqu’à maintenant resteront closes.
La transition PIE-ALI revêt tous les aspects d’une chronique d’un échec annoncé, d’abord pour les allocataires, pour les agents du service public et le service public en général encore une fois malmené par ceux qui prétendent en être des défenseurs.
Pour ce qui est de leur propre situation, les conseillers PIE de Plaine Commune, face au refus de leur proposition de maintenir le service jusqu’à fin 2023, exigent d’être associés à leur reclassement, et ceci dès la mise en place de la procédure légale, après la suppression des postes. C’est le sens de la demande de réunion que le Collectif PIE a formulé en direction de la DRH pour ce 12 janvier.
Seront-ils entendus ?
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