Rumeurs ou jeu de chaises musicales pour les adjoint.e.s au Maire et mercato en cours ? Corentin Duprey, co-président du groupe « Notre Saint-Denis » va-t-il renier ses propos ?

, par Olivier Fort

La ville bruissait depuis longtemps de rumeurs. Le conseil municipal du 2 février approchant à grands pas, elles s’amplifient, se précisent et semblent se confirmer. Certaines rumeurs, déjà anciennes, n’ont en tout cas jamais été démenties par les intéressés.
Il n’aura échappé par ailleurs à personne combien la majorité municipale se tient sage en conseil, discrète sur le terrain, aux abonnés absents pour répondre aux appels téléphoniques ou mails qui lui sont adressés mais toujours souriante sur les photos officielles et autres selfies qui pullulent sur les réseaux. Mais quelquefois ça grince…

Une majorité Playmobil. Tous ? Toujours souriants ? Quoique, pas tous si l’on veut bien y regarder de plus près car certaines, certains ne cachent plus leur agacement, leur énervement, voire leurs désaccords, font la gueule ou ruent dans les brancards. Mais cela ne s’exprime pas directement en conseil mais par la bande et de diverses façons. On démissionne, mais en catimini, comme Idandine Wanzekela.

Il se dit aussi depuis un certain temps que Nathalie Voralek boude. Elle sèche donc à plusieurs reprises les conseils municipaux et pas des moindres puisqu’elle était absente à celui consacré au premier bilan concernant sa délégation, celui de la police municipale. C’est donc un peu la guerre (des étoiles).

Le conseiller municipal Hervé Borie, ex-président de la majorité municipale, vice-président à Plaine Commune, fait part, par courrier interposé, en tant que président de Saint-Denis Union Sport (SDUS) – la plus grosse association sportive de la ville - de son agacement, pour ne pas dire plus, contestant les manières de faire du Maire, brutales, en direction du milieu sportif. De même, les conflits récurrents entre Hervé Borie et Shems El Khalfaoui, en charge des sports relèvent en ville du secret de Polichinelle.

Un autre conseiller municipal, Christophe Durieux, n’a lui pas mâché ses mots en bureau municipal à l’égard de ses collègues et à en croire les informations qui circulent, il aurait été invité par le Maire à revoir son vote sur le budget, Christophe Durieux n’ayant pas voté pour. Son refus de le modifier va le conduire, là encore à la demande du Maire, à siéger hors de la majorité au conseil municipal. Confirmera-t-il, dans les mois à venir, une opposition assumée à la majorité « Notre Saint-Denis » ?

Bref, ça tangue, ça patine, tout ça fait un peu désordre. Le Maire ayant fait le choix de verrouiller sérieusement toute expression dissonante au sein du conseil, ça déborde ailleurs.
Il faut donc reprendre la main, procéder à quelques changements pour montrer qu’on maitrise la situation, redonner un petit coup de fouet au soufflet qui retombe. Et quoi de mieux qu’un bon vieux « remaniement » pour faire croire à un nouveau et frais départ…

Ainsi, les rumeurs allant bon train, Nathalie Voralek se verrait déchargée de ses sorties nocturnes avec la police municipale. Elle a déjà, et depuis un certain temps, renoncé à tenir sur Facebook le journal de bord de sa délégation. Délaissant donc l’austère uniforme bleu nuit de la Police municipale, elle devrait se montrer tout aussi présente aux côtés des couleurs fluos des agents de la propreté. La compétence relève de Plaine Commune et Nathalie Voralek n’y siège pas. En quoi sur ce sujet mineur, la succession en moins de trois ans de deux personnes, après Corentin Duprey, poserait-elle problème ? Nathalie Voralek arriverait-elle en voiture-balai ou s’oriente-t-on vers un jeu de chaises musicales par année de mandat ?

La vingt et unenième adjointe Gwenaëlle Badufle-Douchez, sans doute très attristée de ne pouvoir mettre en musique un budget consacré à la jeunesse s’élevant à zéro euro devrait se consoler en disposant d’un très confortable budget de plusieurs millions consacrés non à la jeunesse mais à la police municipale dont elle récupérerait dit-on la délégation…

Et la jeunesse dans tout cela ? Attention, me voici, me voilà, la rumeur prête au Maire lui-même ou à sa première adjointe Katy Bontinck cette délégation. Normal, Mathieu Hanotin, prestidigitateur en chef, nous l’a dit, il sait faire mieux avec moins et des miracles avec… zéro. Le choix reste donc ouvert : le maire en David Copperfield ou la première adjointe en fée clochette ?

Une première adjointe déjà championne du cumul des mandats (1ère adjointe, 6ème vice présidente à Plaine Commune, conseillère métropolitaine) et des délégations (santé, logement, lutte contre l’habitat indigne, rénovation urbaine...) sans parler du temps qu’elle doit consacrer, comme co-présidente du groupe d’élus “Notre Saint-Denis”, à faire régner… la discipline.

Resterait la délégation laissée vacante d’Idandine Wanzekela depuis sa démission du conseil. Il s’agit de l’éducation populaire, la lecture publique, les centres de vacances, et elle était élue de proximité sur le secteur Plaine nord. Qu’en faire ?

Et c’est là qu’intervient un possible coup de tonnerre dans un ciel serein, un imprévu, une véritable déflagration au sein du conseil, le champ politique s’en trouvant profondément modifié, la tectonique des plaques ébranlée : les dépositaires, propriétaires en titre du logo EELV au sein du conseil rejoindraient, dit-on encore et depuis un petit moment, les rangs de la majorité municipale.

Trève de plaisanterie, tout cela ne serait que du réchauffé, la mise en bouche ayant déjà été servie en septembre 2021 avec une délégation à Plaine Commune confiée au fondé de pouvoir d’EELV.

L’entrée pourrait prendrait la forme d’une délégation d’adjoint… tiens… tiens… ne serait-ce pas l’occasion de régler cette affaire de délégation vacante ?…L’art de gouverner en collectivités conseille de toujours garder au chaud une délégation fourre-tout qui s’avère utile pour remercier au moment opportun les bons et loyaux services, atténuer la colère des uns ou pratiquer le retour d’ascenseur.

L’accord, dit-on, conclu, sans notaire mais sous seing privé  [1], prévoirait, selon la rumeur, un transfert - le mercato on vous dit, en leasing, location avec option d’achat ou un prêt sur gage, on n’en sait pas plus à ce stade – d’un membre du groupe Notre Saint-Denis, permettant d’atteindre le seuil réglementaire de trois personnes et ainsi de constituer un nouveau groupe au sein de la majorité municipale autour du fondé de pouvoir, celui-ci devenant, ipso facto, président de groupe.

Voilà pour le plat de résistance.

Cerise sur le gâteau, le fondé de pouvoir accèderait, toujours selon la rumeur, à un poste de vice-président à Plaine Commune.

Tout cela doit faire beaucoup à digérer d’un coup. Des couleuvres et un pudding pour finir :
le co-président de la majorité municipale, Corentin Duprey, dont personne ne niera les qualités de commentateur sportif, excelle aussi, de temps en temps, dans le commentaire politique.

Adepte de la petite reine, il sait aussi bien rouler en peloton que se mettre dans la roue de celui qui ouvre la route ou tenter l’échappée. C’est sans doute là qu’il est le meilleur. S’échapper, oui mais pas trop…

On se souvient pourtant encore d’un commentaire qu’il avait partagé lors de l’affrontement de deux équipes. C’était il y a trois ans, un certain 7 novembre 2019. Il commençait ainsi : « Les dépositaires du logo EELV à Saint-Denis que je ne me hasarderai pas à qualifier d’écologistes… ».

Des rumeurs que tout cela ? Une seule chose est sûre, Saint-Denis, les Dionysien.nes ne sont en rien concernés et ne méritent pas cette infâme tambouille. Elle ne déshonorera que ceux qui s’apprêtent, dit-on, à la consommer.

Verdict final au conseil municipal du 2 février ?

Notes

[1Seing privé : Il s’agit d’un écrit rédigé par des personnes privées afin de constater un acte comme une cession de parts ou une cession de biens meubles (mobilier, fonds de commerce…)

Mots-clés