L’annonce du débrayage de 11h à midi le jeudi 12 octobre au sein de la structure Objectif Emploi a conduit Shems El Khalfaoui, l’adjoint au maire en charge de l’insertion et de l’emploi qui préside la mission locale, à vouloir rencontrer les représentants de la CGT à l’initiative de l’appel. Suite à un appel téléphonique de sa part mercredi matin, la rencontre s’est tenue dans l’après-midi.
Soucieux que la voix des personnels soit entendue, à la demande de Mohamed Ben Yakhlef, délégué syndical CGT et conseiller en insertion professionnelle d’Objectif Emploi, une salariée non syndiquée était présente ainsi qu’un salarié de l’Agence Locale pour l’Insertion (ALI).
De son côté, Shems El Khalfaoui était accompagné de la directrice de la mission locale et d’une consultante en Ressources Humaines (RH) du cabinet chargé de piloter la fusion de la mission locale (AMIJ) couvrant les communes d’Épinay, Saint-Ouen, Villetaneuse et l’Île-Saint-Denis et de celle de Pierrefitte et Saint-Denis regroupée au sein d’Objectif Emploi. Cette même consultante devrait rencontrer chaque salarié.e d’ici d’ici la fin de l’année.
Dès l’annonce public du débrayage des échanges aigre-doux sur les réseaux sociaux ont précédé et suivi cette réunion autour de la question des rémunérations et des primes qui auraient été accordé soit par les uns (l’actuelle municipalité) soit par les autres (la précédente municipalité) sans que l’on parvienne à cerner la véracité des propos des interlocuteurs, les échanges tournant assez vite à l’invective.
Rémunérations et primes, qu’en est-il ?
Recrutés au niveau Bac +2, les Conseillers Insertion Emploi démarrent leur carrière autour de 1600 euros net, ce qui au regard du coût de la vie en région parisienne est loin d’être mirobolant pas plus que les 1850 euros net atteint au bout de plusieurs années d’exercice.
Au regard de l’ampleur des tâches, des responsabilités, des compétences requises pour accompagner des jeunes souvent confrontés à des difficultés multiples (emploi, logement, santé voir handicap) et du nombre de personnes que chaque conseiller est amené à suivre cela est peu cher payé. La reconnaissance du travail effectué via la rémunération n’est pas au rendez-vous. Encore moins pour faire face à l’inflation qui persiste depuis de nombreux mois.
Concernant l’augmentation des salaires, le président Shems El Khalfaoui annonce « qu’il n’a pas de marge de manœuvre ». Dans les échanges sur Facebook il attribuait à la majorité municipale, à laquelle il appartient, des augmentations de salaires qui ne sont pas de son fait.
Soyons précis sur ce point. A l’issue des négociations de branches ouvertes en septembre 2022, des augmentations ont eu lieu en janvier et juillet 2023. Elles ont bénéficié à toutes les structures nationales.
En avril 2023, une autre augmentation de salaire est intervenue visant à unifier les rémunérations de l’ensemble des Conseillers Insertion Professionnel des missions locales appelées à fusionner, cette augmentation s’imposant de facto avec le processus engagé entre l’AMIJ et Objectif Emploi. Elle ne relevait pas d’une décision du président Shems El Khalfaoui. Celui-ci a néanmoins décidé de l’acter avant le terme de la fusion à fin 2023. Le personnel a pris acte de ce geste avec satisfaction.
Précédemment, après des primes en 2018, 2019 et 2020, les personnels ont bénéficié de la prime dite Macron en 2021 et 2022 ; à l’issue de la réunion de mercredi le président s’est montré plus ouvert ou moins fermé à reconduire cette possibilité qui reste à la discrétion de l’employeur. Le délégué syndical souligne à ce propos : « Nous attendons maintenant des actes ».
On s’interroge en revanche sur ce qui a pu conduire à s’adjoindre les services d’un cabinet de consultant pour la fusion de structures qui répondent à des besoins très bien identifiés, et ce depuis bien longtemps, sur un territoire connu, le territoire de Plaine Commune ?
L’économie d’une rémunération d’un cabinet de consultants n’aurait-elle pu être mis à profit pour abonder les primes ?
Les effectifs ? Un nombre de jeunes à suivre sans limite.
Certains conseillers peuvent être amenés à suivre un nombre de jeunes qui rend la tâche impossible, des jeunes, liés par un Contrat d’Engagement Jeune (contrat réciproque entre le jeune et son référent) qui vise un accompagnement intensif vers l’emploi ou un contrat d’apprentissage, avec des démarches actives de recherche d’emplois de 15 à 20 heures par semaine associée à une aide financière (528 euros mensuel).
Très attachés au territoire, le sentiment, le constat répété de ne pouvoir répondre pleinement aux attentes des jeunes met les personnels en souffrance. Pour certains les risques de burn-out menacent. La question des effectifs pour répondre aux missions qui leur sont confiées est donc une revendication essentielle qui doit se traduire par l’embauche immédiate d’a minima 3 voire 4 conseillers Insertion Emploi.
La réponse du président indiquant que « cela est en cours » et évoquant un mercato entre structures ne peut constituer une réponse aux attentes des personnels d’Objectif Emploi. Il en va de la qualité d’accompagnement des jeunes bénéficiaires.
La vacance de postes d’encadrants affecte aussi les structures d’insertion, la directrice de la mission locale suppléant à l’absence de coordinateur tant à la mission locale qu’à l’Agence Locale de l’Insertion (ALI).
D’autres sujets de revendications concernent le télétravail, l’organisation du travail pour résorber un retard de tâches administratives, éléments qui devraient faire l’objet de discussions au sein d’un groupe de travail pout parvenir à un accord entre la direction et le personnel.
Près de 25% des personnels ont suivi l’appel au débrayage entre 11h et midi jeudi. Des représentants syndicaux départementaux et locaux sont venus apporter leurs soutiens ainsi que l’ancien président d’Objectif Emploi, Bally Bagayoko et l’élu d’opposition Bakary Soukouna.
Shems El Khalfaoui, a fait défection malgré l’engagement pris la veille d’être présent. Cela n’a pas manqué d’inquiéter les personnels qui semblaient avoir retrouvé quelques motifs de confiance après les « maladresses répétées de management ».
Le président d’Objectif Emploi s’en est excusé et renvoie à une autre rencontre qui permettra de coucher par écrit les termes de la réunion du mercredi 11.
Après les épreuves de l’oral et de l’écrit, restera pour le président à passer aux actes.
Il en va de la qualité d’une mission – locale– de service public en qui 7824 jeunes ont placé leur confiance.
(Article actualisé le 13/10 à 12H40).
Le refus manifesté de la part de la municipalité de répondre, à plusieurs reprises au Blog de Saint-Denis, – ce dont nous avons déjà fait part après qu’il nous a été signifié, de vive voix, par la première adjointe Katy Bontinck –, ne permet pas sur les sujets qui concernent la municipalité de croiser les informations recueillies, de recouper les sources, d’exercer simplement le principe du contradictoire. Nous avons donc ni contacté l’élu et président Shems El Khalfaoui, ni la personne qui nous a été présentée comme « directrice » et qui est en fait directrice générale.
C’est ainsi que des éléments erronés et des approximations sont présents dans l’article consacré au mouvement du 12 octobre.
– Ce sont 4487 jeunes qui sont accompagnés et non 7824. Il y a 27 conseillers et non 23.
– La dite "directrice de la mission locale" est directrice générale d’Objectif Emploi et pilote à la fois la mission locale et l’ALI.
– La consultante n’est pas chargée "de piloter la fusion » mais « d’accompagner le changement ».
– Il y a une vacance de « postes de direction et non d’encadrants ». La directrice générale assurant l’intérim du poste de direction de la mission locale et de l’ALI.
Cette rectification sur le chiffre et ces précisions (mineures) ont été apportées par la directrice générale qui conteste par ailleurs que l’augmentation du mois d’avril 2023 évoquée dans l’article ne s’imposait pas « de facto ».
Nous ne manquerons pas dorénavant de nous rapprocher d’elle concernant les suites données à ce conflit et nous retenterons, à nouveau, à l’avenir, d’obtenir des réponses à nos sollicitations des élus.e.s dionysiens et des services sous leurs responsabilités.
Pour le reste l’esprit de notre article reste d’actualité ainsi que les revendications du personnel d’Objectif Emploi.